Soutiens et ennemis des maquisards nomades

A la veille de la deuxième guerre mondiale, l'Ardèche est un département à 75 % rural. La population vit donc essentiellement dans des villages de moins de 2000 habitants. Sur les 270 000 habitants de l'Ardèche, 50 % sont agriculteurs dont les deux tiers sont de petits propriétaires d'exploitations inférieures à 10 hectares. Clivages politiques, sociaux, culturels, religieux s'entremêlent pour générer des comportements divers allant du rejet au soutien à la Résistance en passant par des attitudes intermédiaires. Ces prises de position sont évolutives.

Auteur(s): Alain Martinot

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Les soutiens aux maquisards résistants haut ▲

Dans le Vivarais, la tradition ancestrale de l'accueil, le refus de la mainmise allemande, de l'asservissement et l'attachement aux libertés, particulièrement chez les protestants, sont des valeurs très présentes. En plus de l'humiliation de la défaite et de l'occupation, des réquisitions et des tracasseries administratives très impopulaires ainsi que la question cruciale du ravitaillement, deux évènements majeurs vont conduire des ruraux, notamment des agriculteurs, à soutenir la Résistance voire à y participer. En novembre 1942, la zone libre à laquelle appartient l'Ardèche est occupée par l'armée allemande. Le 16 février 1943 est instauré le STO : Service du Travail Obligatoire qui concerne les jeunes gens des classes 39 ( 4ème trimestre ), 40, 41, 42. Dès mai 1943 ce STO est étendu aux agriculteurs et en 1944 aux classes 43, 44, 45 ( premier semestre ) et 39 dans sa totalité, d'où l'arrivée dans le détachement Sampaix de Fernand Staffler. Le cheminement vers un soutien de plus en plus massif à la Résistance s'est fait progressivement avec une prise de conscience de la réalité du régime de Vichy, de l'occupation allemande et la perspective d'une victoire alliée. Si très naturellement la jeunesse autochtone, petits bergers, paysannes, petit paysan, prend le parti de ces jeunes combattants, ce soutien est plus ou moins fort suivant les familles, les villages et la présence de résistants locaux légaux. Ainsi à Désaignes les appuis aux maquisards sont conséquents.

Auteur(s) : Alain Martinot

Les différents aspects de cette aide haut ▲

Si les combattants du Sampaix sont majoritairement des réfractaires au STO, certains sont des personnes recherchées : résistants ou des patriotes animés d'un idéal, celui de libérer la France. Souvent spontanément, des agriculteurs hébergent dans des fermes isolées ces maquisards qu'ils ravitaillent à l'occasion, qu'ils nourrissent quelquefois : la famille Coste à proximité de la ferme du Buisson. Parfois ces paysans offrent à boire à ces soldats nomades : vin, café. Des artisans, des commerçants : boulangers, gérant de casino… en font de même De petits bergers, des cultivateurs ( Chapelle ), des cheminots, des employés des postes, des gendarmes exemple à Saint Péray, des policiers aident aux déplacements, renseignent, préviennent de barrages, d'attaques de soldats allemands, de miliciens… En soutenant ces maquisards résistants, ces personnes aidantes prennent le risque de voir leurs biens détruits, pillés, d'être maltraitées ( Chapelle ) et même d'être exécutées. A la ferme de Juventin, commune de Toulaud, deux agriculteurs et un résistant sont tués. Louis, résistant local, en voulant prévenir le Sampaix du danger qui le menace, est abattu par une sentinelle allemande.

Auteur(s) : Alain Martinot

Les ennemis des maquisards et de leurs soutiens haut ▲

Au premier rang se trouvent les Allemands, même s'ils sont relativement peu nombreux à l'intérieur du département. Ils sont cantonnés dans quelques villes dont Tournon pour la zone d'action du Sampaix. Prévenus souvent par des délateurs, la dénonciation est un système de gouvernement du régime de Vichy, les soldats allemands interviennent ponctuellement pour détruire mais aussi piller, tuer. Ainsi en a-t-il été à Juventin. Leur objectif est d'intimider la population locale et faire disparaître les maquis. Ils considèrent ces partisans comme dangereux au point d'apposer des affiches : attention terroristes, dans la région de Tournon, ceci après la destruction le 26 février du viaduc de Saint Jean de Muzols. Dans ces actions répressives, ces militaires du troisième Reich sont soutenus par des miliciens, collaborateurs zélés, qui les accompagnent lors de certaines équipées. Ces miliciens agissent aussi librement pour leur compte personnel, utilisant des méthodes fourbes. Ils sont un danger permanent pour la population locale et les maquisards. Ils viennent parfois du département voisin de la Drôme. Certains membres des forces de l'ordre de Vichy, police, GMR, gendarmes, obéissent aveuglément au gouvernement du maréchal Pétain. Des commentaires de Christian Disandro, montrent deux résultats fort différents de l'action de ces forces de répression : un barrage de GMR ne réussit pas à stopper une voiture de maquisards alors qu'un groupe de gendarmes appelés en renfort à Lamastre arrête deux membres du Sampaix : Lunette et Rapha qui vont être déportés. Seul Rapha reviendra.

Auteur(s) : Alain Martinot