Le passage à la lutte armée

Consécutivement à l’invasion de l’URSS par l’Allemagne nazie, le Parti communiste et ses organisations clandestines passent à la lutte armée conformément aux directives de Moscou. Des détachements FTP-MOI se créent au printemps 1942 – les principaux étant ceux de Paris, Toulouse, Lyon, Grenoble ou encore Marseille. En avril 1943, la direction nationale de la section juive de la MOI décide de créer une nouvelle organisation, l’Union des Juifs pour la résistance et l’entraide (UJRE), avec pour objectif le regroupement de toutes les organisations juives illégales. Quelques mois plus tard, l’UJRE met en place ses propres groupes de combat ainsi qu’une organisation spécifique pour les jeunes : l’Union de la Jeunesse juive (UJJ).
Parallèlement à ces organisations à tendance communiste, le Mouvement de jeunesse sioniste voit le jour à Montpellier en mai 1942 ; il cherche à rassembler les sionistes des différentes obédiences politiques. Cette organisation se met par la suite à la disposition de l’Armée juive et contribue activement au passage de volontaires vers l’Espagne pour leur permettre ensuite de rejoindre les armées alliées ou au recrutement pour les maquis. Née en 1942 à Toulouse, l’Armée juive créée à partir du printemps 1944 des groupes de combat dans certaines villes de France dont les principales sont Toulouse, Lyon, Nice, Limoges et Paris.

Auteur(s): Fabrice Bourrée

Plan de l'expo

Crédits

Partenaires

Bibliographie

De "Solidarité" à l’UJRE - Vers la formation des groupes de combat haut ▲

En avril 1943, la direction nationale de la section juive de la MOI, réunie à Paris, décide de créer une nouvelle organisation, l’Union des Juifs pour la résistance et l’entraide (UJRE), avec pour objectif le regroupement de toutes les organisations juives illégales, comprenant aussi bien des Juifs étrangers que français.

A partir de l’automne 1943, des groupes de combat sont mis en place, notamment à Lyon sous la direction d’Albert Goldman, à Grenoble sous le commandement de Maurice Igla, ou encore à Marseille sous celui de Nat Taich et Albert Lévine. Les unités militaires de zone sud sont placées sous l’autorité de Charles Lederman puis sous celle de Jacob Tancerman.

Au printemps 1944, l’UJRE organise à Paris une milice patriotique juive qui groupe jusqu’à 200 membres. A Lyon, Paris, Marseille, Nice, Toulouse ou encore Limoges, les groupes de combat de l’UJRE, parfois autonomes, parfois intégrés dans des détachements FTP-MOI ou FFI contribuent activement aux combats de la Libération.

Auteur(s) : Fabrice Bourrée

Les "groupes juifs" des FTP-MOI à Paris haut ▲

Après le passage du parti communiste clandestin à la lutte armée en août 1941, consécutif à l’invasion de l’URSS par l’Allemagne nazie deux mois auparavant, les résistants communistes se structurent au sein de l’Organisation spéciale, des Bataillons de la Jeunesse puis des FTPF à partir d’avril 1942. En leur sein s’organisent les FTP-MOI issus en grande partie des militants de la Main d’oeuvre immigrée créées au début des années 1930. 

En région parisienne, les FTP-MOI sont organisés en quatre détachements et une équipe spéciale. Chaque détachement regroupe des résistants de même nationalité ou bien parlant la même langue. Ainsi, le "détachement juif", commandé par Sevek Kirshenbaum, comprend principalement des juifs polonais parlant le yiddish. Le combat n’est pas que militaire, il est aussi politique. La lutte est trop asymétrique entre ces jeunes volontaires immigrés et leurs adversaires. Supérieur en nombre, l’occupant allemand traque ces détachements avec l’aide des policiers français des Brigades spéciales. Les FTP-MOI de la région parisienne sont victimes d'une première série d'arrestations à l’automne 1942 et démantelés en novembre 1943.

Auteur(s) : Guillaume Pollack

Les FTP-MOI juifs de zone Sud haut ▲

Les premiers détachements armés qui se réclament des FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans – Main d’Œuvre Immigrée) se forment à partir de juin 1942 en région parisienne. Dans les semaines qui suivent d’autres unités FTP-MOI commencent à s’organiser, notamment en zone Sud. Si le premier embryon de ce qui sera le détachement Carmagnole apparaît à Lyon au printemps 1942, ses activités commencent réellement à l’automne 1942 après que les Allemands ont envahi la zone Sud. Même constat à Marseille qui voit naître le détachement Marat au printemps 1942 sous la direction de Basil Serban mais dont les actions commencent également à l'automne 1942. A Toulouse, Marcel Langer, communiste polonais issu d’une famille juive, met sur pied la 35e Brigade FTP-MOI. Il la commande d’octobre 1942 jusqu’à son arrestation le 5 février 1943, date à laquelle Jan Gerhard lui succède. Enfin, c’est au printemps 1943 que le bataillon Liberté apparaît à Grenoble. Composée essentiellement de jeunes juifs communistes souvent d’origine étrangère, cette unité FTP-MOI multiplie ses actions après l’occupation des régions alpines par les troupes allemandes en septembre 1943. 

Auteur(s) : Fabrice Bourrée

L’Union de la Jeunesse juive (UJJ) haut ▲

L’Union de la jeunesse juive (UJJ) est une organisation de masse créée à partir du printemps 1943 par des responsables de la section juive de la Main d’œuvre immigrée pour unir les jeunes juifs et les mobiliser dans la lutte contre l’occupant et ses collaborateurs en zone Sud. Les responsables des organisations juives communistes ont jusque-là agi surtout à Paris en zone occupée. L’occupation d’une partie de la zone Sud par l’armée allemande en novembre 1942 après le débarquement allié en Afrique du Nord (toute la zone sud est sous occupation allemande après que les Allemands aient pris le contrôle de la zone d'occupation italienne en septembre 1943) pousse les responsables juifs communistes à développer une organisation de jeunesse. Les quelques centaines de militants que va compter l’UJJ de mai 1943 à la Libération mènent des actions de propagande et se dotent d’un journal clandestin Jeune combat. Certains s’engagent dans la lutte armée aux côtés des adultes de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE) et des FTP-MOI.

Auteur(s) : Hélène Staes

Le Mouvement de la jeunesse sioniste haut ▲

En mai 1942 se tient à Montpellier, dans la clandestinité, un congrès réunissant des délégués des différentes organisations de jeunesse sionistes. C’est lors de ce congrès qu’est décidée la création du Mouvement de jeunesse sioniste, union des jeunes sionistes sans distinction d’appartenance politique ou idéologique. Dika Jefroykin, représentant de l'American Joint Distribution Committee (JOINT) en prend la direction, et le secrétariat général est confié à Simon Levitte. Le MJS oriente sa principale activité vers le sauvetage, notamment vers la Suisse, même si la résistance armée est envisagée. La section de Grenoble dirigée par Otto Giniewsky, dit Toto, et Georges Schnek, est reconnue comme l’une des plus actives, tout comme celle de Nice dirigée par Jacques Waintrob. Alors que certains membres du MJS passent en Espagne pour rejoindre les forces alliées, d’autres s’engagent dans les groupes francs et les maquis.

 

Auteur(s) : Fabrice Bourrée

De l’Armée juive à l’Organisation juive de Combat (OJC) haut ▲

L'Armée juive (AJ) est mise en place à Toulouse au cours du mois de janvier 1942 par la conclusion d’un accord entre Abraham Polonski et le dirigeant sioniste Aron Lublin (dit Lucien). Elle est la suite d’une première organsation créée à Toulouse en 1940 par David Knout. L’AJ devient une organisation structurée avec des objectifs précis : la lutte contre les nazis avec, à terme, l’établissement en Israël. En 1943, par la signature d’un accord avec le Joint, l’AJ obtient des fonds lui permettant d’assurer ses missions de sauvetage et sa volonté de lutter par les armes. Plus encore, le MJS et les EIF concluent avec l’organisation différents accords, qui permettent de sauver un nombre plus conséquents de vie, mais aussi de combattre avec plus de force l’occupant. Suite à ces accords, l’AJ prend la nouvelle appellation d’Organisation juive de combat (OJC), en hommage aux insurgés du ghetto de Varsovie.
En 1944, l’AJ créé des groupes de combat dans certaines villes de France dont les principales sont Toulouse, Lyon, Nice, Limoges et Paris. Elle installe des maquis dans le Tarn et dans le secteur du Chambon-sur-Lignon. Le Peloton Trumpeldor du Corps franc de la Montagne noire issue des maquis de l’AJ du Tarn prend part aux combats de la libération dans le Tarn. Dans le capitale, la section parisienne de l’OJC rattachée aux corps-franc Alerte du MLN prend également une part active aux combats de la Libération.
L’Organisation Juive de Combat est reconnue dans le cadre des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), sous le numéro 884, par la 17e Région militaire dont le siège était à Toulouse.

Auteur(s) : Fabrice Bourrée

La Résistance armée des bundistes haut ▲

Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en septembre 1939, un certain nombre d’hommes bundistes prennent les armes : dans les rangs réguliers de l’armée française pour les citoyens français, dans les régiments étrangers pour ceux qui n’ont pas encore été naturalisés. Plusieurs d’entre eux périssent dans les combats de 1940. Fajwel Schrager, futur pilier de la résistance bundiste, s’engage dans les régiments étrangers et connait pour sa part la détention dans un camp de prisonniers en Allemagne, d’où il s’évade en octobre 1941 pour rejoindre la résistance civile et politique en zone Sud, dans les environs d’Agen puis à Lyon en janvier 1943. S’il a combattu en 1939-1940, Schrager ne reprend pas le combat dans les rangs de la résistance armée, qui commence pourtant à se développer lors de son arrivée à Lyon. Conscients de l’impuissance de leurs rangs - peu nombreux, faiblement armés et dénués d’entraînement militaire – face aux chars des soldats allemands, et craignant les représailles que des attentats individuels pourraient entraîner sur la population civile, les aînés du Bund placent toute leur énergie au service de l’œuvre sociale de résistance, dont le sauvetage de vies. C’est un groupe de jeunes bundistes qui, animés notamment par un désir de vengeance vis-à-vis de leurs proches déportés et menacés de partir pour le STO en raison de leur jeune âge, s’entraînent à la lutte armée à partir du début de l’année 1943.

Auteur(s) : Constance Pâris de Bollardière