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A Paris haut ▲

Le 11 novembre au petit matin, entre 5 et 6 h, se déroulent dans le silence les premiers rassemblements. Plusieurs dizaines de personnes se retrouvent au monument de Clemenceau, en bas des Champs-Elysées, pour y déposer des gerbes. L’un de ces dépôts relève de l’initiative des avocats André Weil-Curiel et Léon Maurice Nordmann. Il est assorti d’une carte de visite au nom de De Gaulle et d’un ruban de la France libre. Lorsqu’elle arrive sur les lieux, la police française procède à quelques dizaines d’arrestations, dont celle du professeur de lycée René Baudoin, porteur d’un insigne à croix de Lorraine. Ces rassemblements matinaux s’inscrivent donc plutôt comme une réponse aux appels lancés par de Gaulle et sont le fait de ses partisans, qui arborent des signes de soutien au général exilé à Londres.

Du côté des lycées et de l’université, la matinée se passe dans le calme et les autorités universitaires ne relèvent aucune agitation particulière. Les choses changent brusquement en milieu d’après-midi, lorsque les cours se terminent. A partir de 16 h, des petits groupes quittent leurs établissements respectifs pour se diriger vers les Champs-Elysées et les abords de l’Arc de triomphe. Les rapports policiers comme les témoignages des acteurs illustrent tous le caractère spontané de la manifestation. Il n’y a ni cortège ordonné, ni banderoles, ni leaders désignés.
La manifestation bat son plein vers 17 heures, lorsque les différents groupes de lycéens et d’étudiants se rejoignent le long des Champs-Elysées. Ils sont quelques milliers au plus fort de la manifestation, entonnant des chants patriotiques (la Marseillaise) ou déclamant des slogans comme « Vive la France » ou « La France aux Français ». La préfecture de police recense quelques 750 bouquets de fleurs et gerbes déposés au pied de la statue de Clémenceau, environ 1500 sous l’Arc de triomphe.
La police française tente d’intervenir tandis que des bagarres éclatent avec quelques membres d’organisations pronazies dont les sièges sont installés aux Champs-Elysées. Les événements se précipitent avec l’intervention de la Geheime Feldpolizei, la police militaire allemande, dont les tirs font plusieurs blessés, parmi lesquels Pierre Lefranc, futur figure du gaullisme. On ne relèvera toutefois aucun mort, contrairement à ce qui sera prétendu ensuite dans de nombreux articles rendant compte de l’évènement. Dispersée par les charges policières et les arrestations, la manifestation prend fin vers 18 h 30. Le bilan officiel fait état de 123 arrestations. Une trentaine sont le fait de la police française, le reste émanant directement des forces allemandes. Les lycéens sont très majoritaires parmi les personnes arrêtées. Ils venaient principalement des lycées Buffon, Janson-de-Sailly, Voltaire, Chaptal, Louis-le-Grand et Henri-IV.

 

Fabrice Grenard

En province haut ▲

Le 11 novembre 1940, des milliers de Français décidaient de témoigner leur opposition à l’occupant et à la politique de collaboration que voulait mener le gouvernement du maréchal Pétain. Ils le firent en rendant hommage à leurs aînés de 1914-1918. Si la manifestation parisienne du 11 novembre 1940 est devenue le symbole des prémices de la Résistance, elle ne doit pas occulter les événements survenus dans certaines villes de province où des Français célébrèrent individuellement ou collectivement la signature de l’armistice de 1918.
A Compiègne, des collégiens déposent une gerbe de fleurs tricolores devant la plaque commémorative de leur établissement. Les Allemands procèdent à l'arrestation d'une douzaine d'élèves dont quatre sont incarcérés. Suite au rapport dressé le 24 novembre par M. Laurent, principal du collège, le recteur de Paris prononce l'exclusion temporaire des quatre élèves le 3 décembre suivant. Le principal sera muté peu après.
A Nantes, un tract émanant des élèves du lycée Clemenceau incite à ne pas se rendre en cours et à célébrer l’Armistice. Le 11 novembre 1940, le centre-ville et les établissements scolaires sont placés sous étroite surveillance. Malgré les interdits, plusieurs rassemblements ont lieu en divers endroits de la ville. Deux jeunes, Michel Dabat et Christian de Mondragon, réussissent à hisser le drapeau tricolore au sommet de la tour sud de la cathédrale.
A Caen, en fin d’après-midi, quelques centaines de jeunes gens viennent afficher leurs sentiments patriotiques devant le monument de la place Foch, situé à quelques pas du siège de la Feldkommandantur. L’intervention rapide des Allemands entraîne la dispersion des jeunes.
Le dépôt de gerbe au monument aux morts de Brest le 11 novembre 1940 n’est connu que par ses conséquences. En effet, suite à cette manifestation, le commandant militaire allemand ordonne la surveillance du monument par "des gardes composées de Brestois" durant 8 jours.

Fabrice Bourrée

 

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