Serge Ravanel, un chef national dans l’action immédiate



L’action des Groupes Francs (GF) n’a pas toujours fait l’unanimité. Certains doutent de leur réelle capacité d’intervention militaire tandis que d’autres craignent des représailles contre la population. Leur essor, lié à la personnalité et la conviction de chaque responsable régional, demeure inégal. Toutefois, au fil des mois, leur développement s’intensifie et les résultats obtenus convainquent les populations et les Alliés de leur utilité et de leur réelle efficacité. Chef national des GF, Ravanel est un homme d’action et, avec ses équipes, sa préoccupation est de toujours accroître l’intensité de l’action militaire de la Résistance. Désireux de « comprendre comment les choses se passaient », il prend « l’habitude de participer à des coups de main organisés par des GF locaux […] pour apprendre le métier ».


                  
                         Serge Ravanel, National Head of the Groupes Francs

The Groupes Francs (GF) had not always been unanimously backed. There were many who doubted their military abilities, while others feared they would turn against the civilian population. Their development and success depended on the leader in each region, and not all were equal. But, after several months, the GF grew stronger and convinced both the French and the Allies of their merit. Ravanel, as head of the GF, wanted to continue to increase the GF's strength, making them more and more able to fight. Wanting to «understand how their missions were going», he would «participate in the operations with the local GF...to understand their work.»

Traduction : Catherine Lazernitz

Auteur(s): Emmanuelle Benassi

Plan de l'expo

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Bibliographie

Quelques exemples d’actions menées par les Groupes Francs haut ▲



La réussite de leur action était parfois compromise par « la qualité fantaisiste de certains matériels envoyés par les Anglais ». Serge Ravanel en fit les frais lors d’un sabotage d’un pylône électrique : « l’explosion se produisit prématurément, je n’étais pas encore suffisamment éloigné et me retrouvais projeté à terre, assourdi, vêtements déchirés ».
L’équipe centrale lyonnaise acquiert une grande réputation. Un compte-rendu de leur activité en septembre 1943 mentionne « le sabotage de 300 wagons et 15 locomotives, la destruction d’une centaine de transformateurs d’usine et d’une quinzaine de pylônes électriques de haute tension, de nombreuses coupures sur les voies ferrées de Lyon à Paris et de Lyon à Grenoble. Des sabotages effectués à l’arsenal d’Irigny qui produisaient des obus de DCA ». Serge Ravanel précise dans L’Esprit de Résistance : « Établir une liste des actions des groupes francs est difficile. Notre propre direction nationale ne tenait aucune archive. Pour des raisons de sécurité ».
Février 1944 : l’équipe centrale lyonnaise est en grande partie détruite.

Sources : Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995.


                     What the Groupes Francs Were Up To

The GF's success was sometimes compromised by the «unreliable materials the British sent.» Serge Ravanel discovered this for himself during a mission: «the bomb exploded prematurely. I wasn't far enough away and was blown off of my feet, ears ringing and clothes completely torn.»
Lyon's central team earned themselves a great reputation after a series of their sabotage missions, in September of 1943, «blew up 300 train cars and 15 locomotives, a factory's power source, fifteen high-voltage electric pylons, and several circuits on the train line from Lyon to Paris, and Lyon to Grenoble. They also successfully attacked the Irigny arsenal, responsible for making the DCA shrapnel.» As Serge Ravanel explained in L'Esprit de Résistance: «Making a list of the GF's accomplishments would be difficult. We didn't record their missions for security reasons.» February 1944: most of Lyon's central team had been killed.

Traduction : Catherine Lazernitz

Auteur(s) : Emmanuelle Benassi

Troisième évasion haut ▲



Le 19 octobre 1943 à Villieu, près de Meximieux dans l’Ain, Ravanel et ses camarades sont arrêtés par la Feldgendarmerie, la gendarmerie allemande, lors d’une réunion organisée, dans une auberge, par Ducasse et destinée à « mettre sur pied une vaste opération de sabotage des lignes électrifiées ».
« Au lieu de nous emmener, ils nous gardent sur place. Ils ont sûrement téléphoné à la Gestapo de Lyon pour qu’elle vienne nous prendre en charge. Lyon étant à 40 km, nous disposons probablement d’une heure de répit. Si quelque chose est à faire c’est maintenant. » Profitant de la rêvasserie du gendarme qui tourne le dos à la fenêtre, Ravanel, « en nage » et saisi de « peur » sort son révolver, qui a échappé à la fouille des Allemands, frappe le gardien avec la crosse de son arme, saute par la fenêtre, atterrit sur le poulailler en se foulant la cheville. Dans sa course folle, le gendarme lui tire dessus : « je suis touché ! Mais je continue à courir. Un peu plus loin, je me précipite dans un vaste massif de hautes broussailles et de ronces. Je m’égratigne le visage et les mains. Je saigne. Immobile, j’attends. »
Les Allemands arrivent et lancent des grenades qui « explosent tout près. Mais aucun éclat ne me touche. » Sans succès ils essaient de mettre le feu au buisson puis, « tirent quelques rafales de mitraillette. » Profitant de l’arrivée de voitures, sans doute celles de la Gestapo, « je réussis à sortir de mon buisson et à ficher le camp. » (1)
Ravanel poursuit sa course mais, rattrapé par les Allemands qui lui tirent dessus, il n’a pas d’autre solution que de « plonger dans l’Ain » et se laisse emporter par le courant rapide. Profitant de l’obscurité de la nuit, il continue sa cavalcade dans cette région que par chance il connaît bien pour y avoir séjourné, à l’occasion de vacances de Pâques. A Charnoz, près de Meximieux, il retrouve la maison de famille de son ami Noguès. Il frappe à la porte des gardiens. Guère hospitalier, il ne l’héberge que peu de temps. Une heure avant le lever du couvre-feu, il repart dans la nuit et le froid. Au terme de 50 km d’une marche difficile et longue de 10 heures, Serge Ravanel arrive chez Lucie Aubrac. C’est le 20 octobre, la veille de l’opération d’évasion de son mari.Il part se réfugier chez les Bernard où il se repose quelques jours. « A partir de cette date ma tête fut mise à prix pour 3 millions de francs » (2).

Sources : Récit dans L’Esprit de Résistance, Serge Ravanel, Editions du Seuil, 1995. (1) Serge Ravanel, interview d’Alain Vincent (18 novembre 2003). (2) Op cit.


                    Third Escape

October 19th, 1943 in Villieu, close to Meximieux in Ain, Ravanel and his comrades were at a meeting organized by Ducasse, planning a «vast operation to sabotage the eclectic lines.»

They were discovered by the Germany police, Feldgendarmerie, and were immediately arrested. «Instead of hauling us off, they kept us where we were. They must have called the Gestapo in Lyon so that they could come and arrest us. Lyon was 40 kilometers away; we had about an hour before they arrived. If we were going to do anything, it had to be soon.» When one of the policemen turned his back, Ravanel «dripping with sweat» and «scared to death», pulled out the rifle he had managed to keep hidden, hit the German with the butt of his gun, and leapt out the window. He landed on a henhouse, breaking his ankle. The German managed to grab Ravanel, yelling «I've got you! But I just kept running. I found myself in a massive field with all kinds of weeds and brambles. I scratched my hands and face and was bleeding, but I couldn't move. All I could do was waiting. »

The Germans came and began throwing grenades that «exploded all around me. But none hit me.» When that didn't work, the soldiers started firing into the bushes, then «firing round after round with a machine gun.» Taking advantage of the Gestapo arriving by car, «Ravanel managed to escape». (1)

Ravanel kept running, but with the Germans right behind him, he had no other choice but to «dive into the river» and to let the current take him. Under the cover of night, Ravanel kept on, hoping that a vacation spent in the area would help him find his way. In Charnoz, close to Meximieux, he found his friend Noguès' parent's home. He knocked on the door, but no one was home. One hour before the curfew would be lifted, he went back out into the cold night. After walking 50 kilometers for a difficult 10 hours, Serge Ravanel arrived at Lucie Aubrac's home. It was October 20th, the day before her husband would escape. He left to stay at the Bernard's home where he rested for a couple of days. «After that day, I was wanted for 3 million francs » (2).


Traduction : Catherine Lazernitz

Auteur(s) : Emmanuelle Benassi

21 octobre 1943 : libération de Raymond Aubrac haut ▲



Les opérations d’évasion font également partie des actions des Groupes Francs (GF). Parmi elle, celle de Raymond Aubrac à laquelle Ravanel participe…
Le 21 juin 1943, Raymond Aubrac, inspecteur de l’Armée secrète (AS), est arrêté à Caluire, alors qu’il se rend, aux côtés de Jean Moulin, à une réunion ayant pour but de réorganiser l’AS. Lucie Aubrac organise l’opération mais ne peut la mettre en œuvre sans « l’aide des Groupes Francs » (1). Après s’être assuré de l’accord et du soutien de ses hommes, Ravanel confie l’affaire à son équipe la plus aguerrie : le groupe central lyonnais.

Première tentative : faire dérailler la locomotive du convoi qui transportait des déportés à Paris. Ravanel fait appel à des GF de l’Ain et de Saône-et-Loire. Mais il n’y eut jamais de convoi, Aubrac est demeuré à Lyon.

Deuxième tentative : la signature du faux contrat de mariage organisé par Lucie fixée le 21 octobre 1943. Le plan consiste à attaquer le véhicule qui transporte Aubrac à l’occasion d’un des déplacements entre l’avenue Berthelot et la prison Montluc. Le premier passage du convoi, vers 7h00, est manqué : l’une des trois tractions prévues pour cette opération ne démarre pas… Il faut renouveler l’opération sur le convoi du soir.

Troisième tentative : « Le 21 octobre 1943 nous avons enfin réussi une opération préparée depuis quatre mois. Dans la rue, à six heures du soir, il faisait noir, les voitures du GF qu’avait organisées Ravanel se sont mises en place » (2).
Malgré un contretemps, le plan se déroule comme prévu et la camionnette allemande est neutralisée alors qu’elle vient de s’engager dans le boulevard des Hirondelles (actuellement boulevard des Tchécoslovaques).

Sources : (1) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995. (2) Lucie Aubrac, émission Le refus (14/05/95) France 2.



                         October 21st, 1943: Raymond Aubrac is Freed

Escape operations were another part of what the Groupes Francs did. It was the GF who orchestrated Raymond Aubrac's escape, and in which Ravanel would participate...

June 21st, 1943, Raymond Aubrac, head of the Secret Army (AS), was arrested in Caluire at a meeting with Jean Moulin called to reorganize the AS. Lucie Aubrac had organized the mission, but could not do it without «the help of the Groupes Francs » (1). After making sure that he could trust each of the men, Ravanel explained the mission to his toughest team: Lyon's central group.

First attempt: Derail the train that was delivering prisoners to Paris. Ravanel called on the GF of Ain, Saône and Loire for help, but there was never such a convoy and Aubrac was transported to Lyon.

Second attempt: On the morning of October 21st, 1943, Lucie Aubrac had organized a fake marriage contract and signed it. The plan was to attack the car carrying Raymond Aubrac on his way to Montluc prison at Avenue Berthelot. They missed the first passage at 7h00 because one of the GF's cars would not start...they would have to wait for that evening.

Third and final attempt: «October 21st 1943, we had finally come up with a plan that would work after four months of preparation. At six o'clock in the evening, once it had gotten dark, the GF's cars were in place» (2). In spite of setbacks, everything went according to plan and the GF successfully neutralized the German vehicle as it drove down the Boulevard des Hirondelles (now the Boulevard des Tchécoslovaques).


Traduction : Catherine Lazernitz

Auteur(s) : Emmanuelle Benassi

Tentative d’évasion de Jean-Pierre Lévy haut ▲



Ravanel participe à la première tentative d’évasion de Jean-Pierre Lévy, principal dirigeant de Franc-tireur, arrêté le 16 octobre 1943 à Paris et détenu à la prison de la Santé. L’opération dirigée par le Groupe Franc (GF) de Pierre Musseta se déroule le 21 janvier 1944 à Paris au palais de justice alors que Lévy doit passer devant un juge d’instruction. L’assaut est donné dans la salle d’attente où les détenus attendent leur tour. Jean-Pierre Lévy tente de rejoindre Ravanel et son équipe « lorsqu’une relève inopinée de la garde l’arrête dans son mouvement. Jean-Pierre est trop loin de nous. Tirer à la mitraillette aurait provoqué un carnage. L’alerte est donnée, nous devons battre en retraite ». Une deuxième tentative d’évasion est organisée le 12 juin 1944 par l’un des GF que dirige Charles Gonard « devenu entre-temps le responsable de la région parisienne ». L’opération est un succès grâce à la coopération active du directeur de la prison.

C’est également Charles Gonard qui dirige la mission d’exécution de Philippe Henriot.

Sources : Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995.



                                Jean-Pierre Lévy's Escape Attempt

Ravanel helped to plan the first attempt to free Jean-Pierre Lévy, the head of Franc-Tireur who had been arrested on October 16th, 1943, and was being held at the Prison de la Santé. The operation, lead by Pierre Musseta's GF team, was launched January 21st, 1944 at the Palais de Justice in Paris where Lévy was going before a judge. The attack would occur in the antechamber where the prisoners wait. Lévy was about to meet up with Ravanel and his team when «a guard was unexpectedly relieved and forced Lévy to stop in his tracks. He was too far away from us. A single shot would have led to complete carnage. The signal was given, and we were forced to retreat». A second attempt was set for June 12th, 1944 by Charles Gonard, «who was in charge of the Paris region » and his team. The operation was successful largely because of help from the prison's director.

Charles Gonard would also lead the mission to execute P. Henriot.


Traduction : Catherine Lazernitz

Auteur(s) : Emmanuelle Benassi