Le retour à la République

De Gaulle, à la tête du Gouvernement provisoire de la République (GPRF), anciennement Comité français de la Libération nationale (CFLN), s'installe à Paris le 31 août 1944. Le GPRF s'oppose à une tentative des Alliés d'imposer leur propre gouvernement militaire (l'AMGOT) en France. Il rétablit l'ordre républicain et nomme pour cela des commissaires de la République dans chaque région française. Ils ont au départ beaucoup de pouvoir, mais peu de consignes, ce qui rend cette fonction difficile. Le Gouvernement provisoire doit conduire un pays encore en guerre durant plusieurs mois. Il est également en charge de l’épuration légale de la société. Celle-ci succède à une épuration sauvage où les collaborateurs ont été sommairement jugés et exécutés. Comme l’avait réclamé le Programme du CNR, le Gouvernement provisoire participe à une rénovation des lois sociales du pays. Il accorde le droit de vote aux femmes (ordonnance du 27 mars 1944 confirmée par le premier gouvernement provisoire le 5 octobre 1944), met en place la Sécurité sociale (4 et 19 octobre 1945) et les allocations familiales (22 août 1946). Des nationalisations sont pratiquées dans différents secteurs économiques, comme dans les mines du Nord de la France.

La législation de Vichy est abolie le 10 septembre 1944. Le 23 septembre 1944, les FFI intègrent l'Armée française. Cette mesure, l'amalgame, est très difficile à mettre en place : les unités FFI se sont parfois constituées en opposition avec l'armée régulière et ils doivent désormais travailler main dans la main... Dans les villes des zones sont entièrement dévastées, les dégâts sont immenses, et il faut tout reconstruire, en particulier les infrastructures... Les commissaires de la République agiront également en ce sens. La Libération ne signifie pas la fin des difficultés et des pénuries pour les Français. En effet, les tickets de rationnement ne disparaîtront que dans le courant de l'année 1949! En France, on dénombre 600 000 morts, dont plus de la moitié sont des civils (350 000), en particulier à cause des bombardements et surtout de la déportation de catégories entières de la population. Jamais une guerre n'avait été aussi meutrière dans le monde. C'est seulement à la fin de la guerre et avec la libération des camps de concentration que l'on prend conscience de l'ampleur des crimes qui ont été commis. 

Après avoir formé une Assemblée constituante, la France doit se doter d’une nouvelle Constitution. En désaccord avec le projet constitutionnel proposé, le général de Gaulle décide de démissionner le 20 janvier 1946. La Constitution de la IVe République est adoptée par référendum le 13 octobre 1946.

Plan de l'expo

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La France et les Français à la Libération haut ▲

Dès la Libération, la remise en état du pays est un souci immédiat ; un ministère de la Reconstruction est créé en octobre 1944 par le GPRF. Il faut entreprendre le déminage du territoire national, rétablir les axes de communication et les ports.
Il faut également préparer le retour des réfugiés et venir en aide aux sinistrés : logement, ravitaillement,… Tout cela coûte très cher, et même si l’Allemagne doit payer, il est nécessaire de faire appel à l’emprunt tout comme à de la main d’œuvre étrangère.

Avec la Libération, l'action du Comité des Oeuvres Sociales des Organisations de Résistance (COSOR) sort de l'ombre et connaît une extension croissante. Chargé par le général de Gaulle et le gouvernement français de secourir toutes les victimes de la répression, le COSOR, qui dépend officiellement du Président de la République, du chef du gouvernement et des ministres concernés (Anciens combattants et victimes de guerre, Intérieur, Santé et Travail), doit faire face aux charges énormes que représentent le rapatriement des déportés, la gestion des veuves et des orphelins... Faire que tout adulte puisse retrouver une raison de vivre, un espoir en des jours meilleurs, faire que des milliers de malades revenus d'Allemagne, les milliers d'orphelins ne soient pas abandonnés à la désespérance, telle est la mission du COSOR.

Contrairement aux espoirs qu'elle avait pu susciter, la Libération n'a pas marqué une rupture fondamentale sur le plan de la vie quotidienne pour les Français : les mesures de contraintes et de restrictions économiques allaient subsister pendant plusieurs années encore. Ce n’est que le 30 novembre 1949 que le haut-commissariat au ravitaillement supprime les tickets de rationnement. Le haut-commissariat au ravitaillement disparait à son tour à la fin de l’année 1949.

Assurer la transition démocratique haut ▲

Dans chaque département, des Comités de Libération sont mis en place à partir du printemps 1944. Ils sont chargés de  faciliter "la transition démocratique". Un Commissaire de la République est nommé pour chaque région. Une fois les départements libérés, ils assurent le retour à la légalité républicaine. Des comités locaux de Libération remplacent provisoirement les conseils municipaux dont les membres avaient été nommés par Vichy.

Dès 1943, le Comité français de Libération nationale ébauche les moyens à mettre en œuvre pour sanctionner le choix de la collaboration. A la Libération, exécutions sommaires et tonsures publiques cohabitent. Sous l'égide des Comités locaux de Libération, de nombreuses arrestations sont opérées dans l'ensemble des départements. La police, la gendarmerie, les forces de la Résistance et les membres des Comités locaux de Libération, s'évertuent conjointement à dépister et appréhender les personnes présumées coupables de collaboration. Les cours de justice sont créées par l’ordonnance du 26 juin 1944 afin de pratiquer l'épuration légale. Il s'agit d'une juridiction pénale qui fonctionne sans aucun appel possible. 

A la suite de l'institution du crime d'indignité nationale (ordonnance du 26 août 1944) dont la sanction entraîne uniquement des déchéances, des sections spéciales des Cours de Justice - appelées chambres civiques à partir du 26 décembre 1944 - sont créées pour juger les faits de collaboration " mineurs " (personnes ayant occupé une place dans les services de propagande ou adhéré à un mouvement de collaboration). Elles prononcent l'indignité nationale, accompagnée de dégradation nationale et éventuellement de la confiscation des biens. En parallèle à l'épuration judiciaire s'est mise en place une épuration de nature professionnelle destinée à punir à la fois ceux qui, dans le cadre de leurs fonctions, s'étaient rendus coupables de collaboration, et à purger les administrations, les entreprises, les professions des responsables jugés indésirables dans le cadre de la restauration d'un ordre démocratique. Une ordonnance du Gouvernement provisoire du 27 juin 1944 définit les principes de cette épuration administrative.

La mise en place de la IVe République haut ▲

En 1944-1945, la France se trouve très affaiblie par la guerre et ses destructions. Le manque de ravitaillement entraîne la pénurie et l’inflation. Le rationnement continue. La reconstruction s’annonce difficile. Le Gouvernement provisoire de la République française le GPRF, dirigé par le général de Gaulle, entreprend des réformes :
- D’importantes nationalisations ont lieu dans les secteurs clés de l’économie : transports, production et distribution d’énergie, banques.
- Une planification souple est prévue pour fixer les objectifs économiques.
- La Sécurité sociale est mise en place.
Ainsi l’intervention de l’État dans l’économie devient primordiale.

Les élections d’octobre 1945 voient le premier vote des femmes.