"Le COMAC"

Le COMAC, ou Comité militaire d'action, a d'abord été créé en février 1944, sous le nom de COMIDAC, par le Comité central des mouvements de résistance. Le CCMR réunissait, en dehors du CNR, les huit mouvements qui y étaient représentés. La création du COMIDAC répondait à la volonté d'organiser et de diriger l'action de toute la Résistance, l'action immédiate comme l'action au jour J. Cet organe de commandement comprenait trois membres, un délégué des mouvements de chaque zone et un délégué du Front national. Mais, coupé du CNR, cet organe de commandement manquait de la légitimité politique que le Conseil avait acquise en raison même des caractéristiques qui avaient suscité la critique initiale des mouvements : sa liaison avec le CFLN et sa composition ouverte aux partis politiques. En mai 1944, le COMIDAC décida de se rattacher au CNR. Par une décision du Conseil du 13 mai, il devint le COMAC (pour éviter la confusion avec le COMIDAC d'Alger, comité interministériel du CFLN).

Ses trois membres étaient Villon, rapporteur du COMAC auprès du CNR, Vogüé, l'un des dirigeants de CDLR, représentant la zone Nord, et Kriegel-Valrimont pour le MLN, essentiellement constitué en zone sud. Commission militaire du CNR, le COMAC reçut en même temps le titre "d'organe suprême de commandement des FFI". Dès sa formation, le COMAC fut l'objet de deux sortes de critiques. La première tint à sa composition. Deux membres sur trois étaient en effet communistes (Villon) ou proche du PC (Kriegel-Valrimont), proportion qui n'était pas représentative de la répartition des forces armées de la Résistance. En outre, le troisième membre, Jean de Vogüé, quoique industriel et homme de droite, se trouvait en parfait accord avec les précédents. Comme eux, il était partisan "d'éviter la main-mise exclusive du commandement allié sur les FFI", de "faire triompher l'insurrection nationale", de "prouver ainsi que la Résistance française a été capable de concevoir et de réaliser avec l'appui de tout le peuple français entraîné par les appels du CNR, la libération intégrale de la plus grande partie du territoire". Aristocrate d'origine, il ne craignait pas de se référer à 1793. Cette convergence des cultures insurrectionnelles assurait la cohésion du COMAC, mais suscitait aussi les critiques des membres du CNR, du Parti socialiste comme des autres mouvements de zone nord, qui craignaient les représailles sur la population civile et souhaitaient que l'insurrection ne soit pas déclenchée sans coordination préalable avec les Alliés.

En outre, la création du COMAC instituait, sur le papier du moins, une dualité du commandement. Le 4 avril précédent, par décret du CFLN, le général Koenig avait été nommé commandant en chef des FFI, en même temps que commandant des forces françaises stationnées en Grande-Bretagne. Acceptée par les délégués civil et militaire du CFLN tant que le débarquement n'avait pas eu lieu, la dualité formelle suscita une crise à partir du 6 juin. Menée entre le DMN et le COMAC, la négociation déboucha sur un compromis entériné au CNR le 17 août 1944. Le COMAC accepta d'agir "par délégation du général Koenig" et de faire exécuter ses ordres "par priorité". En contrepartie, les DMR devenaient de simples officiers de liaison au service des FFI. En cas de désaccord grave entre le COMAC et le DMN, l'arbitrage reviendrait au CNR. C'est ce qui allait se produire trois jours après la conclusion de l'accord, au moment de la trêve.

Le rôle du COMAC dans la libération de la France est difficile à mesurer. Ne disposant pas de moyens de communication, il a certainement plus influé sur le moral des FFI et sur leur ardeur au combat que sur le déroulement concret des opérations. A l'échelle de Paris, cependant, son rôle pratique est certain. Sa résistance à la trêve a reposé sur une expérience de terrain : Villon s'était placé auprès de Malleret-Joinville, le chef de l'EM-FFI, Kriegel-Valrimont auprès de Rol-Tanguy, commandant FFI pour la Région parisienne, et Vogüé auprès du colonel Lizé qui commandait les FFI de la Seine. La participation directe du COMAC aux combats parisiens a également permis à Kriegel-Valrimont d'obtenir du général Leclerc que Rol-Tanguy co-signe l'acte de reddition du général Von Choltitz, le 25 août 1944. Là, le symbole rejoignit la réalité. Convaincu de "représenter la nation dans le cadre de la légalité nouvelle, née de la Résistance et de l'insurrection nationale", le COMAC tenta de poursuivre son action au-delà de la libération de Paris. Il s'opposa à la décision du général de Gaulle, prise dès le 28 août, de dissoudre les états-majors FFI et d'en verser les forces dans l'armée régulière. Par l'accord conclu le 12 septembre avec le GPRF, il obtint la création d'une direction FFI au sein du ministère de la Guerre, et d'être constitué en un Comité auprès du ministre "chargé avec lui" des décisions relatives aux FFI et à l'armée en général. Croisant le fer à plusieurs reprises avec le ministre, le COMAC finit par disparaître en janvier 1945 lorsque le Comité central du PCF appela au "retour à l'ordre républicain" et que le GPRF supprima la direction FFI du ministère de la Guerre. 

Source(s) :

Claire Andrieu in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

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