Paul Weil (1916-1980)

Issu d’une famille alsacienne installée à Versailles après la défaite de 1870, Paul Weil est né le 8 mars 1916 à Versailles. Fait prisonnier le 19 mai 1940 dans sa formation sanitaire (hôpital d’orientation et d’évacuation n°2) à Marcoing, il est interné au fronstalag 101 à Cambrai (Nord). Il s’en évade le 30 octobre 1940. Il rejoint alors Clermont-Ferrand où est repliée l’université de Strasbourg. Paul Weil s’engage dans le réseau Mithridate et en décembre 1941 dans les mouvements Combat puis Franc-Tireur.

Chef de groupe au sein du mouvement Franc-Tireur, il est arrêté le 14 décembre 1942 et emprisonné à Clermont-Ferrand, Cusset, Lyon puis Eysses. 

Déporté à Dachau par le convoi du 2 juillet 1944 dit "train de la mort",  il est transféré au camp de Stutthof (Prusse Orientale) le 18 septembre 1944. Evacué en Poméranie en février 1945, il parvient à s'évader le 11 mars 1945 à Putzig. De retour en France le 11 juillet 1945. Paul Weil reprend l'externat à Paris et soutient sa thèse de médecine le 21 juin 1946. De 1961 à 1979, Paul Weil est président de l'Amicale des anciens détenus d'Eysses.

Il décède le 20 décembre 1980 à Versailles.

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Chronologie

1916-1939 : l'avant-guerre haut ▲

Issu d’une famille alsacienne installée à Versailles après la défaite de 1870, Paul Weil est né le 8 mars 1916 à Versailles. Il passe son enfance rue de la Paroisse et suit ses études secondaires au lycée Hoche. Paul Weil est étudiant en médecine lorsqu’éclate la guerre. 

1939-1940 : la campagne de France haut ▲

Engagé le 2 septembre 1939, il est affecté le 27 novembre suivant à la 22e section d'infirmiers militaires (caserne Mortier, Paris). En janvier-février 1940, il suit les cours de l'Ecole des officiers de réserve de Rouen. Fait prisonnier le 19 mai 1940 dans sa formation sanitaire (hôpital d’orientation et d’évacuation n°2) à Marcoing, il est interné au fronstalag 101 à Cambrai (Nord). Il s’en évade le 30 octobre 1940. Il rejoint alors Clermont-Ferrand où est repliée l’université de Strasbourg, vivier de la résistance estudiantine. Il y reprend ses études de médecine et devient l'assistant du Professeur Waitz.

1941-1943 : la Résistance haut ▲

Paul Weil s’engage dans le réseau Mithridate et en décembre 1941 dans les mouvements Combat puis Franc-Tireur. Lors du procès de Riom (février-avril 1942), il est appelé avec deux camarades, par maître Spanien, l'un des avocats de Léon Blum, à résumer tous les soirs les comptes-rendus secrets du procès qui étaient ensuite envoyés à l'étranger et en particulier aux Etats-Unis. En dépit des consignes de censure données à la presse, les propos de l’homme politique rencontrent un large écho dans l’opinion.

Il est arrêté une première fois le 30 avril 1942 par la police française après avoir collé dans Clermont-Ferrand des affichettes appelant la population à manifester le lendemain devant la statue de la Liberté, place Lafayette. Il est relâché faute de preuves après son interrogatoire par un juge d'instruction complaisant. 

Devenu chef de groupe au sein du mouvement Franc-Tireur, il est arrêté le 14 décembre 1942 suite à la destruction du siège du PPF à Vichy. Emprisonné à Clermont-Ferrand, à Cusset dans l'Allier (janvier 1943) puis à la prison Saint-Paul de Lyon (mai 1943), il est condamné le 23 juillet 1943 à cinq ans de travaux forcés par le tribunal d’Etat de Lyon pour activité antinationale et détention d’armes et d’explosifs.

1943-1944 : Eysses haut ▲

Paul Weil est transféré à la maison centrale d'Eysses le 2 août 1943. Pendant tout le temps de son incarcération dans les maisons d’arrêt de Clermont-Ferrand, Cusset, Saint-Paul et Eysses, ce jeune médecin en formation transcrit quotidiennement ses sentiments et ses réflexions dans un journal intime destiné à sa fiancée. Embauché à l’infirmerie d’Eysses en octobre 1943, au moment où les détenus politiques obtiennent de tenir les postes généraux, il utilise le temps restant pour rédiger sa thèse et donner des conférences à ses co-détenus (sur le cancer, la tuberculose, l’alcoolisme).

En tant que responsable du service médical de l’infirmerie, il est soupçonné d’avoir utilisé son poste pour diriger l’organisation clandestine et donc tenu personnellement responsable des armes retrouvées enterrées dans la cour de l’infirmerie après la reddition des détenus qui avaient tenté une évasion collective le 19 février 1944. Le 23 février, il est contraint de « défiler » devant les corps de ses camarades qui viennent d'être fusillés par les GMR dans la cour de la buanderie de la centrale d'Eysses. Il est violemment malmené par les hommes de la brigade spéciale de Limoges et mis au secret comme otage au quartier cellulaire. Le 30 mai 1944, Paul Weil et ses co-détenus sont livrés aux Allemands puis envoyé au camp de Royallieu à Compiègne.

1944-1945 : la déportation haut ▲

Déporté à Dachau par le convoi du 2 juillet 1944 dit "train de la mort",  il est transféré au camp de Stutthof (Prusse Orientale) le 18 septembre 1944. Evacué en Poméranie en février 1945, il parvient à s'évader le 11 mars 1945 à Putzig. Avec deux camarades, ils prennent possession de l'hoîtal local pour soigner la population civile. A la demande d'un colonel russe nommé Voulichmann, Paul Weil sert comme comme chirurgien à l'ambulance soviétique 42/44 (42e armée). Il est rapatrié par Lübeck et accompagné jusqu'à la ligne russo-anglaise par un sous-officier chargé de faciliter son voyage. Paul Weil est de retour en France le 11 juillet 1945.

1945-1980 : l'après-guerre haut ▲

Paul Weil reprend l'externat à Paris et soutient sa thèse de médecine le 21 juin 1946 (Rôle du facteur Rh dans les accidents de la transfusion sanguine, Jouve, 1946, 72 p.). Inscrit à l'ordre des médecins de Seine-et-Oise le 11 juillet 1946, il devient quelques années plus tard chef du centre de transfusion sanguine de Versailles. De 1961 à 1979, Paul Weil est président de l'Amicale des anciens détenus d'Eysses.

En juillet 2004, pour rendre hommage au destin exceptionnel de ce médecin versaillais, le Conseil municipal a décidé de donner son nom au rond-point, carrefour des rues Champ-Lagarde et Vauban et d'apposer une plaque commémorative sur son immeuble au 87, avenue de Saint- Cloud, où il s'est éteint le 20 décembre 1980.