Genre : Image
Type : Portrait
Producteur : Inconnu
Source : © AERD, collection Robert Serre Droits réservés
Détails techniques :
Photographie argentique noir et blanc.
Date document : Sans date
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Crest
Photo, prise lors d’un repas, de Tibor Revesz-Long, médecin d’origine hongroise, qui devient le directeur pour la France des radiocommunications de la Résistance. Le front dégarni, les cheveux blancs, affable, il a conservé un fond d’accent hongrois quand il parle.
Tibor Revesz est né à Budapest (Hongrie) le 1er juin 1902. Il fait des études de médecine à Vienne (Autriche), puis vient à Paris en 1923 y présenter les examens d’équivalence à la Faculté de Médecine. Naturalisé français en 1931, il épouse cette année-là une Drômoise, la fille de Maurice Long, qui avait été député, ministre du ravitaillement en 1917 et gouverneur général de l’Indochine, décédé à Colombo en 1923. Il ouvre alors un cabinet de médecine à Paris. Il s’engage comme simple soldat en 1939.
Après les combats de 39-40, il s’installe à Chabrillan, puis à Crest en novembre 1941. Il y ouvre un cabinet le 23 août au 9, rue du maréchal Pétain, qu’il transfère le 1er novembre dans la maison Pons sur le quai Maurice Faure. Il ne tarde pas à commencer à résister et établit des contacts avec le général de Gaulle.
Grâce à des amis polytechniciens spécialistes des télécommunications, il va créer, organiser et diriger un immense réseau de radio clandestine en liaison avec le BCRA (Bureau central de renseignement et d’action) à Londres. Il entre dans une totale clandestinité sous les pseudonymes de "Créole" et de "Latin II". Il crée les centres de transmission du réseau Action sur tout le territoire national. Inspecteur national, il dirige pour la France, particulièrement à Paris et Lyon, l’ensemble des radiocommunications, avec, parmi ses adjoints, l’instituteur de Chabrillan, Gustave André. Il a sous ses ordres 189 opérateurs radio répartis dans 80 centres différents. Grâce à ses services, plus de 50 000 messages atteindront Londres.
Après le débarquement du 6 juin 1944, un petit avion vient le chercher, il rejoint Koenig à Londres pour coordonner tous les moyens de transmission et permettre d’assurer les parachutages et atterrissages sur le sol français, en particulier le Vercors.
Commandeur de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre avec palme, Médaille de la Résistance, Croix royale anglaise du Courage. Fait Compagnon de la Libération par le général de Gaulle (décret du 24 mars 1945). En 1945, il rouvre son cabinet médical dans la montée de la Barbeyère à Crest, puis il exerce les fonctions de chef du service de médecine et de gynécologie à l’hôpital de Crest. Il a été un des pionniers drômois de l’accouchement sans douleur.
Dans l’été 1972, il reçoit à son cabinet la visite surprenante de Paul Touvier, le sanguinaire chef de la Milice lyonnaise traqué et qui se terre pour échapper à l’arrestation. Venu sournoisement tenter de compromettre une figure de la Résistance et solliciter sa participation à un jury d’honneur qui lui permettrait de se justifier, Touvier n’obtient rien et ne reviendra pas.
Tibor Revesz-Long est décédé le 2 novembre 1976 à l’âge de 74 ans. Jacques Chaban-Delmas représentait les Compagnons de la Libération lors de ses obsèques à Chabrillan. Son nom a été donné à un collège de Crest.
Auteurs : Robert Serre
Sources : Jean-Christophe Notin, 1 061 Compagnons, histoire des compagnons de la Libération, Perrin, 2000. Laurent Greilsamer, Daniel Schneidermann, Un certain Monsieur Paul, Fayard, 1989, 260 p. Le Crestois, 23 août et 1er novembre 1941, 10 février et 26 mai 1945, 27 mai 1988, 26 août, 9 septembre 1994, 7 février 2003. Le Dauphiné Libéré, 12, 27 et 29 août 1994, Supplément n° 557 au journal Le Déporté de décembre 1997. Albert Fié, Souvenirs d’un vieil homme. Musée de l'Ordre de la Libération.