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Hommage aux combattants des 19 et 20 juin 1940, Pont de Gennes, Gennes (Maine-et-Loire)

Légende :

Recto : Plaque apposée sur le pont de Gennes.
Verso : Le chef d’escadrons Henri Bouvais de la Fleuriaye dévoile la plaque à l’entrée du pont (coll. privée)

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Producteur : JC Duchêne

Source : © Photo JC Duchêne Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Lieu : France - Pays de la Loire - Maine-et-Loire - Gennes

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Analyse média

Le dimanche 2 octobre 1949 d’importantes cérémonies se déroulent à Gennes. En présence du préfet de Maine-et-Loire, Jean Morin et de nombreuses personnalités, le pont reconstruit est inauguré ainsi que le nouvel hôtel de ville récemment acquis par la commune de Gennes.
À l’occasion de la remise en circulation du pont, le Conseil municipal avait envisagé le 24 août 1949 de lui donner le nom de pont des Cadets, afin de rendre hommage aux combattants qui avaient mission de le défendre en juin 1940. Finalement, l’idée est abandonnée et il fut décidé de garder l'appellation courante de pont de Gennes, mais on projeta la pose sur celui-ci d'une plaque commémorative en hommage aux combattants.

Un article du Courrier de l'ouest signé d'A. Jaud, intitulé "Gennes en fête assiste à l'inauguration du pont reconstruit et de la nouvelle mairie" et daté du 3 octobre 1949 donne avec précisions le déroulement de la cérémonie : « Après la réception des autorités par M. Cocard, maire de Gennes, entouré de son conseil municipal un défilé conduit par la fanfare des élèves trompettes majors de l'EAABC sous la direction du maréchal-des-logis chef Pingenot, conduisit les personnalités jusqu'à l'entrée du nouveau pont où une plaque apposée à la mémoire des officiers et élèves officiers tombés pour la défense de Gennes lors des combats des 19 et 20 juin 1940, œuvre de M. Angibault de Saumur était recouverte d'un drapeau tricolore. » (Courrier de l'ouest du 3 octobre 1949). Le chef d’escadrons Henri Bouvais de la Fleuriaye, adjoint au général Girot de Langlade et représentant l’EAABC découvre la plaque posée à l’entrée du pont. Le maire de Gennes, Joseph Cocard rend hommage aux combattants tombés à Gennes et conclut alors: « la municipalité a décidé d’apposer une plaque à leur mémoire et de les associer ainsi au renouveau qu’ils avaient déjà préparé en se sacrifiant pour nous. Cette plaque sera pour nous tous, Gennois un moyen de prouver au monde que pour nous la reconnaissance n’est pas un vain mot… » (La Nouvelle République du 3 octobre 1949).


Jean-Claude Duchêne 

Contexte historique

La plaque comporte les quinze noms des officiers, sous-officiers et soldats tués ou blessés à Gennes lors des journées des 19 et 20 juin 1940.

Marcel Dizier, né le 14 janvier 1911 à Ruffec-le-château (Indre), soldat isolé du 1er régiment de tirailleurs sénégalais, qui vient de se joindre aux EAR, est grièvement blessé à la jambe lors de la destruction du pont nord dans l’après-midi du 19 juin 1940. Il décède à l’hôpital d’Angers dans la soirée. C’est le premier tué de la bataille de Gennes.

La 11e brigade de cavalerie du lieutenant Desplats (27 hommes), assistée d’une section de tirailleurs algériens (30 hommes), et chargée de la défense des ponts, installe ses positions dans l’île de Gennes. Les combattants entrent en contact avec les premiers éléments du 22e régiment d’infanterie allemand arrivés aux Rosiers dans l’après-midi du mercredi 19 juin. Cette brigade compte 6 combattants tués dans l’île ou ses environs au cours des combats.
Le lieutenant Jacques Desplats succombe à l’aube du jeudi 20 juin 1940 (voir à Gennes-Monument Desplats).
Jean-Paul Braillard, né le 12 avril 1903 à Paris 8e, maréchal-des-logis et adjoint au lieutenant Desplats est tué le 20 juin au sud de l’île au cours d’un échange avec l’ennemi qui commençait à prendre pied sur l’île.
Jean-Louis Dunand, né le 26 janvier 1918 à Paris 14e, EAR de la brigade Desplats, est le fils du célèbre laquiste parisien Jean Dunand. Il est tué par un éclat d’obus, le 20 juin 1940 à son poste de combat situé à la pointe est de l’île. Un square de l’aspirant-Dunand existe à Paris dans le 14e arrondissement.
Guy Roland-Gosselin, EAR de la brigade Desplats, est tué à l’aube du 20 juin, alors qu’il tente, à la nage, d’échapper aux Allemands (voir à Le Thoureil- tombe Roland-Gosselin).
Le caporal Maurice André Brasseur, né le 2 mai 1913 à Abbeville (Somme), encadre la section du 1er régiment de tirailleurs algériens qui soutient la brigade du lieutenant Desplats. Il succombe dans la matinée du jeudi 20 juin, alors qu’il s’opposait, grenades dégoupillées à la main, à la progression des Allemands dans l’île.
Mohamed Dachir, né le 8 septembre 1907 à Rouïba (Algérie), tirailleur algérien, est tué le matin du 20 juin au cours des combats qui tentent de repousser une tentative de débarquement des troupes allemandes.

Félix Constant Pineau né le 17 octobre 1917 à Arcachon (Gironde), est domicilié à Angers en 1940 et entre comme EAR à l’école de Cavalerie de Saumur où il fait partie de la 11e brigade sous les ordres du lieutenant Desplats. Lors des combats, il était chargé avec son camarade Didier Flandin de servir un canon de 25 placé au pied de la colline de Saint-Eusèbe. Il est tué le 20 juin 1940. Son corps est retrouvé sans plaque d’identité dans le parc de la propriété Noël (aujourd’hui mairie) le 23 juin 1940 et est identifié ultérieurement. Il est inhumé au cimetière de l’est à Angers le 21 juillet 1941. Une rue de l’aspirant Félix Pineau existe dans le quartier Monplaisir à Angers depuis le 16 janvier 1956.
Didier Dominique Raymond Flandin, né le 10 avril 1919 à Paris 16e, EAR de la 11e brigade, est mortellement touché par un obus, au pied de la colline Saint-Eusèbe. Il décède après une interminable agonie, au côté de son camarade Félix Pineau dans le parc de la propriété Noël, face à l’hôtel de la Loire le 20 juin 1940. Il était le neveu de l’homme politique Pierre-Étienne Flandin.

La défense du coteau situé entre Gennes et le Thoureil est assurée par la 5e compagnie du train commandée par le lieutenant Roimarmier qui dispose de 120 hommes pour effectuer sa mission. Il installe son PC à la villa Montebello en contrebas de la route de Coutures. Une fois l’île conquise par les Allemands à l’aube du 20 juin, ce sont ces soldats qui supportent l’assaut de l’ennemi.

Le lieutenant Jean-Pierre Roimarmier est tué au matin du 20 juin, près de son PC, lors de l’assaut par un éclat d’obus qui lui emporte le bras gauche et la tête alors qu’il tentait de se replier, submergé par le nombre (voir à Gennes – Stèle Roimarmier).
Le maréchal des logis-chef Albert Émile Marie Gaillouste, né le 8 juin 1914 à Montauban (Tarn-et-Garonne), agent de liaison de Roimarmier, atteint par le même éclat d’obus, meurt au côté de son chef.

Une fois les Allemands maîtres de l’île, les défenseurs de Gennes se replient sur la rive gauche de la Loire, pour en interdire l’accès à l’ennemi. L’escadron du capitaine Foltz, jusque-là en soutien à Milly, intervient dès le matin du 20 juin pour appuyer les éléments de cavalerie et du train.

Pierre Désiré Iréné Bugain, né le 20 mai 1919 à Chaussoy-Épagny (Somme), posté avec son FM au pied de la colline de Saint-Eusèbe est atteint par un éclat d’obus le 20 juin 1940. D’abord soigné sur place, il est transporté à Doué-la-Fontaine et hospitalisé aux Récollets où il décède le 22 juin.

Jacques Raymond de Frenne de Tiège, né le 26 juillet 1917 à Paris 14e, EAR de la 27e brigade sous les ordres du lieutenant de Galbert, était chargé, dès le matin du 20 juin, de patrouiller route du Thoureil, sur la gauche du pont, avec un groupe qu’il commandait. Après avoir été touché par une première rafale de mitrailleuse qui lui arrache son casque, il est atteint par une seconde rafale qui le tue sur le coup.
Georges Passebois, né le 24 septembre 1919 au Mée-sur-Seine (Seine-et-Marne), étudiant à l’institut de Théologie protestante de Montpellier, lui aussi EAR de la 27e brigade, est tué route du Thoureil au côté de son chef.

Le lieutenant Jean-Jacques Henri Alfred Bonnin, né le 12 juillet 1909 à Meudon (Hauts-de-Seine) commandait la 24e brigade de l’escadron Foltz. Son groupe était chargé, dans l’après-midi du 20 juin, d’empêcher un débarquement de l’ennemi sur la droite du pont. Alors qu’il patrouille sur l’ancien chemin de Saumur (aujourd’hui impasse du bord-de-l’eau), il voit surgir devant lui un jeune homme en civil avec à la main un parabellum. Celui-ci fait feu sur le lieutenant qui s’apprêtait à l’interpeller et le blesse gravement à la colonne vertébrale, avant d’être achevé par l’EAR Jean Labuzan. Les témoignages postérieurs confirment que l’agresseur était un allemand infiltré parmi les combattants français. Le lieutenant Bonnin est transporté dans la soirée à l’hospice civil de Doué-la-Fontaine, exigeant que ses élèves soient soignés avant lui. Il décède le matin du 21 juin 1940.


Jean-Claude Duchêne

Sources :
Gmeline( Patrick de) : Les Cadets de Saumur, Presse de la Cité, 1993.
Milliat (Robert), Le dernier carrousel, Arthaud, 1945.
Souillet (abbé Henri), L’épopée de Gennes, Girouard et Richou, Saumur, 1947.
Lormier (Dominique), La bataille des cadets de Saumur, chemins de la mémoire, 2003.

Sites internet :
www.geneanet.org
www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
www.memorialgenweb.org