Aquarelles de Christian Disandro

Légende :

Montage associant un dessin préparatoire et une aquarelle de Christian Disandro

Genre : Image

Source : © Famille Disandro Droits réservés

Détails techniques :

Dessin au crayon à papier et aquarelle en couleurs

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche

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Analyse média

Tout est pensé en amont de la réalisation. L'artiste dessine avant de peindre afin de s'approprier son sujet : composition, direction de la lumière, valeurs. La peinture a besoin de contrastes entre les valeurs claires, moyennes et foncées qui fournissent la profondeur. Disandro délimite les éléments constitutifs de ses aquarelles par des traits de crayon papier ou des coups de pinceau de couleur noire, couleur qu'il utilise peu car elle n'apporte pas la vie. 
L'aquarelle est une technique rapide, spontanée, laissant peu de place à l'erreur. Toit de l'aquarelle, le ciel est la source de lumière ; il crée l'atmosphère. Le clair obscur entre le ciel et les éléments constitutifs de l'oeuvre - personnes, bâtiments, forêt- fait ressortir ces derniers. Un premier plan détaillé va de pair avec un ciel simple : la ferme abandonnée, repli sur le Tracol…. Un glacis est produit en mélangeant un peu de peinture avec beaucoup d'eau pour obtenir un lavis de couleur pâle. Avec des lavis fluides, la couleur fuse- coule- donnant parfois des bords durs, effets impromptus dus à l'eau. 

Les aquarelles de Disandro sont sa signature de peintre autodidacte. Il exprime artistiquement son ressenti de jeune maquisard. Il capture l'instant, retient certains détails, en exclut d'autres. En restreignant sa palette, il conserve l'harmonie du tableau : le luxe du camp, casserole sur le feu... Sachant qu'il a réalisé plusieurs œuvres sur un même sujet dans les années 60 puis les années 80, celles ci sont différentes notamment par les couleurs employées mais elles gardent une unité de tons. Chaque fois que le thème s'y prête,« Christian » est attiré par les couleurs chaudes, la recherche de la luminosité. Suivant le sujet, une partie seulement de la feuille est peinte. 

Deux dessins différents ont parfois donné une seule aquarelle avec intégration ou non des deux sujets dans un même ensemble : Lino- Roby, petits bergers, paysannes. 
Parmi ses réalisations de l'époque, certaines retiennent davantage l'attention par le sujet, l'esthétique. Parachutage au Gerbier- de- jonc : avion, camion, parachutes, containers, deux résistants armés qui veillent pendant que d'autres s'activent, traduisent avec réalisme l'opération. Différents tons de vert : arbres, prairie indiquent le passage de l'hiver au printemps, espérance de jours meilleurs avec ce largage d'armes. La vieille paysanne : une palette restreinte, quelques coups de pinceau, une impression d'oeuvre inachevée et pourtant le sentiment que tout est dit : le poids des ans et des traditions avec la silhouette de la fermière,son fichu, ses sabots les couleurs sombres, le noir – le dénuement avec le peu d'ustensiles de cuisine, le travail avec le fagot de genets, le chaudron et l'hospitalité, le partage avec cette paysanne qui avance vers nous. La ferme de Désaignes : ce qui frappe est le contraste entre le ciel de nuit de couleur foncée et la ferme dont les valeurs claires, douces symbolisent l'accueil. La ferme abandonnée : de cette aquarelle se dégagent une impression de repos avec les lignes horizontales dominantes, des tons pastels, mais aussi un sentiment d'abandon avec les portes fermées, l'absence d'âme qui vive.Des activités agricoles, désormais du passé, sont suggérées : hache plantée dans un billot, brouette. Repli sur le Tracol- halte dans une ferme : si tout différencie l'agriculteur des maquisards : chaussures, vêtements, armes, barda, la position du fermier au centre des personnes dessinées, la bouteille de vin traduisent son sens de l'hospitalité, du partage. Le Sampaix : une aquarelle comme une photographie où les gens posent. Seules les armes font mémoire de la réalité de la guerre dans cette région au relief accidenté.


Alain Martinot