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Monument du Pont de la Pyle (Jura)

Légende :

Monument érigé à la mémoire du massacre de maquisards survenu le 13 mars 1944 dans une ferme située près de l’ancien pont de la Pyle (sur la rivière d’Ain) où s’était réfugié un groupe maquis.

Sur la route départementale Lons-le-Saunier /Saint-Claude, après Orgelet, à la sortie du pont de la Pyle, à l’embranchement de la route en direction de Maisod.

Genre : Image

Type : Monument commémoratif

Producteur : A. Robert

Source : © Coll. André Robert Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : 2019

Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Franche-Comté) - Jura

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Contexte historique

Sous le couvert forestier de la profonde vallée de la rivière d’Ain, s’était installé un groupe maquis qui avait réussi à échapper à l’anéantissement du camp forestier de Montrond le 27 février précédent. Il fut dénoncé par la Milice qui, avec les Allemands, en fit l’assaut le 13 mars 1944, aucun d’entre eux n’échappera à la mort.

Laissons parler le chef du district voisin de l’Armée Secrète de Moirans, André Cretin, « Endrey », discours prononcé lors des obsèques des victimes :
« 13 mars 1944. À quelques pas de la rivière, l’Ain, en aval du pont de la Pyle, au pied d’un massif abrupt et boisé, une ferme vétuste est là, abandonnée, silencieuse, la ferme de Garde-Chemin. Toute vie dans ce lieu caché et sombre semble avoir disparu. Et pourtant onze jeunes gars du Maquis dans une pièce sordide, blottis les uns contre les autres car la nuit est humide et froide, y reposent en toute quiétude. Regagnant leur cantonnement après quelques dures journées, Sorgues Paul de Saint Claude, le Chef du groupe et ses camarades ne peuvent trouver sur leur chemin refuge plus sûr que cette maison invisible et solitaire. Sans souci du danger, on mange, on boit, on s’endort imprudemment d’un sommeil profond et réparateur car il faut être frais et dispos pour la dernière étape. Hélas ! L’ennemi veille ... Le Milicien, le délateur à la solde de Vichy et de l’Allemand a trouvé sa proie. Avec une haine farouche et une joie sadique, il alerte les tortionnaires nazis. Dans la nuit complice, soixante Allemands et leurs véhicules foncent vers le pont de la Pyle. Mettant pied à terre sur la route d’Orgelet à Meussia à quelque deux kilomètres de la ferme, les tueurs s’engagent dans le vieux chemin y donnant accès. Conduits par le traître monstrueux, tels des ombres malfaisantes et tragiques, ils s’infiltrent silencieusement et encerclent la ferme. Surpris, endormis, les malheureux maquisards ne sont pour ces fauves qu’une proie facile. La fusillade crépite et fait rage. L’assassinat et l’incendie s’opèrent suivant les règles de la culture germanique. Et dans le jour brumeux du jour qui se lève, près d’une masure en partie détruite, sous quelques sapins, témoins muets du drame, onze gars de chez nous et de la Résistance horriblement mutilés sont étendus côte à côte sur le gazon sanglant. (suivent les noms inscrits sur le monument). Onze Français patriotes morts pour la France et la Liberté.
15 mars 1944 - Du village de Coyron jusqu’à l’église de Meussia, une foule émue et recueillie accompagne à leur dernière demeure les onze martyrs de la ferme de Garde-Chemin. Malgré l’insécurité et les risques, plus de mille personnes venues de tous les horizons en un immense cortège leur rendent un dernier et solennel hommage. Et sur leur tombe commune des mains anonymes y déposent gerbes et couronnes aux inscriptions « audacieuses » : A nos amis, A nos camarades, Souvenir. »

Personnage :
Paul Sorgues est né le 12 février 1922 à Lons le Saunier. Résidant à Saint-Claude, il est membre du groupe résistant de la Jeunesse Ouvrière Catholique de la ville. Réfractaire au STO, il rejoint le maquis de Lamoura (maquis AS Margaine). Après l’attaque allemande du 18 décembre 1943 qui anéantit ce maquis, il gagne le camp forestier de Montrond employant des réfractaires au STO et devenu un maquis. Il est chef de groupe. Après l’attaque de ce camp par les Allemands, le 27 février 1944, il parvient à s’enfuir avec plusieurs de ses hommes. Ils trouveront refuge à quelques kilomètres d’Orgelet, dans une ferme abandonnée (ferme de Garde-Chemin). 


Auteur : André Robert

Sources :
André Cretin, Résistance et Maquis du Jura. Éditions du Bastion. Réédition 2001.
André Robert, Jura 1940-1944. Territoires de Résistance, Éditions du Belvédère. 2014