Plaque en hommage au chanoine Gilg, Chambord (Loir-et-Cher)

Légende :

Plaque apposée dans l'église royale de Chambord

Genre : Image

Type : Monuments et plaques

Producteur : Christophe Durand

Source : © Cliché Christophe Durand Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : 2020

Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre) - Loir-et-Cher - Chambord

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Joseph Gilg est né à Guebwiller, mais il a été ordonné prêtre à Blois en 1900. En 1944, il a déjà 76 ans. Le château de Chambord abrite à ce moment-là encore plus de trésors que d’ordinaire : des œuvres d’art venues des musées du Louvre et de Compiègne y ont été mises en sécurité (la Joconde elle-même y a séjourné). Mais son parc cache aussi ceux que l’on appelle résistants et que les nazis appelaient terroristes. Les Allemands, alors sous la pression des armées alliées, sont prévenus : « Furieux, le lundi 21 août 1944, de trois côtés à la fois, ils se dirigent vers Chambord, avec chars d’assaut et canons » , a raconté le curé Gilg après-guerre. Des combats ont lieu « sur la pelouse même du château historique ». Des armes sont découvertes, un soldat allemand est tué. Des représailles sont décidées. Les nazis, poursuit l’abbé, « bondissent en criant : “Le château sera rasé, les demeures détruites, la population doit payer !”»

Si l’on en croit les documents amassés par Mme Remy et qui racontent la scène avec une grandiloquence qui lui donne des airs de légende, la population est parquée dans le château, les hommes dans une cour, les femmes et les enfants dans une salle. Une quarantaine d’otages est saisie ; ils doivent être traduits devant un conseil de guerre. Des incendies sont allumés. Le massacre et la destruction semblent en route quand le curé alsacien entre en scène. Il demande, en allemand, à parler « au chef » , qui est le major Ley. L’Alsacien promet qu’il n’y a pas de terroristes à l’intérieur du château et que ceux-ci n’ont rien à voir avec la population. Comme le major ne le croit pas, le curé s’offusque : « Prendriez-vous le prêtre pour un menteur ? » Le major : « D’où vient que vous parlez si bien l’allemand ? » Gilg répond qu’il fut aumônier pour des prisonniers allemands en 14-18. Avec la discussion, la fureur s’estompe. Le major finit par ordonner : « On peut épargner ! » Le château et les personnes sont fouillés : ne sont trouvés ni armes, ni suspects. Les départs d’incendie sont arrêtés.

Mais tout danger n’est pas encore écarté : les otages doivent comparaître devant le conseil de guerre. L’abbé sert à présent d’interprète lors de la quarantaine d’interrogatoires. « Comme par miracle » , dit-il, il trouve les réponses qui éteignent tous les soupçons. Il propose en outre de célébrer des obsèques religieuses pour le soldat allemand tué. Les alertes et les interventions du curé se poursuivent cependant les jours suivants. L’abbé Gilg n’apprend qu’a posteriori l’exécution de cinq maquisards. Des maisons et bâtiments annexes du château, dont la ferme, partent en fumée. La « semaine martyre de Chambord » , selon l’expression du curé, ne cesse que le vendredi 25 août, avec le départ des troupes allemandes vers l’Est. « Le bilan certes est désastreux : il y a des morts et des ruines. Mais en définitive, l’ensemble de la population, ainsi que le château et ses trésors, ont échappé à l’extermination » , conclut l’abbé dans la brochure Comment Chambord fut sauvé par son curé , éditée en 1950. Il termine son récit par un vibrant : « Vive la France et vive l’Alsace ! Et revive Chambord, qui fut en si grand danger ! »

Pour cette action, l’abbé Gilg fut décoré de la Légion d’honneur, de la Croix de guerre et de la médaille d’argent de la Reconnaissance française. Il fut par ailleurs nommé chanoine honoraire de la cathédrale de Blois.