Stèle commémorant le mitraillage d'une batteuse

Légende :

Sur le coteau de Sainte-Euphémie, à Saint-Uze, le dernier jour des combats pour la libération de la Drôme (30 août 1944).

Genre : Image

Type : Monument

Producteur : cliché Jean Sauvageon

Source : © Archives Jean Sauvageon Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en couleur.

Date document : 2011

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Saint-Uze

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Analyse média

C’est une stèle en ciment posée sur un socle établie à mi-hauteur de la colline, au-dessus du chemin où la batteuse a été mitraillée.
On y lit les noms des 4 ouvriers tués, le 30 août 1944.


Auteurs : Jean Sauvageon

Contexte historique

Ces quatre ouvriers tués le 30 août 1944 sont certainement les quatre dernières victimes civiles sur le sol drômois des combats de la Libération.

"C'est le 30 août 1944, en tout début d'après-midi. Il fait une chaleur écrasante, je lis, allongé, à l'ombre dans ma chambre. J'ai 14 ans. 


Tout à coup un vrombissement de tonnerre me jette à bas du lit. Je me précipite à la fenêtre. Une escadrille de chasse (deux ou trois avions états-uniens, vraisemblablement), à quelques centaines de mètres de haut, fonce vers l'ouest et décrit un grand cercle. Nous apercevons rapidement, à mi-colline de Sainte-Euphémie, la batteuse de l'entreprise Blain, au-dessous de la maison Rouby.

Quelques minutes après, c'est un deuxième passage, mais là, les mitrailleuses crachent sur la colline d'en face, à cinq cents mètres à peine de notre maison, puis un troisième pour parachever le travail. Un quatrième passage permet aux pilotes de vérifier leur œuvre achevée. La batteuse a reçu les rafales à deux reprises.

Immédiatement, les gens du village se précipitent et découvrent le désastre. Morts ou mortellement blessés : Vincent Blain, 49 ans, Eugène Reynaud, 48 ans, André Ferrier, 27 ans, Clément Alléon, 24 ans. Les corps sont descendus au village.

La colline de Sainte-Euphémie, entre Saint-Vallier et Saint-Uze est, « à vol d’oiseau », à deux ou trois km de la vallée du Rhône où se déroulent les derniers combats en cette journée du 30 août (à Saint-Vallier, le matin, on dénombre de 2 000 à 3 000 soldats allemands). La consigne largement répandue est de ne pas circuler dans la journée, en cette période de combats. Le propriétaire de la batteuse ne peut l'ignorer. Les mauvaises langues l'ont accusé de vouloir gagner du temps, par appât du gain. On se demande aussi si des pilotes exercés peuvent confondre cet attelage (tracteur tirant la batteuse) avec un tank, un camion. Ont-ils pensé que c'était le camouflage d'un engin de guerre ?

C'est la consternation au village, tout le monde connaît ces hommes mitraillés bêtement. Leurs obsèques ont été suivies par une foule imposante. Dans les jours qui suivent, nous sommes retournés sur le lieu du mitraillage et avons pu constater la précision de celui-ci. La largeur des innombrables impacts avant et après l'objectif est exactement celle de la batteuse. Aucun homme ne pouvait en réchapper."


La Drôme va être totalement libérée le lendemain soir.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Témoignage écrit de Jean Sauvageon, mai 2009.