Mémorial de la Royal Air Force, Mailly-le-camp (Aube)

Légende :

Mémorial commémorant le raid aérien de la Royal Air Force sur le camp de Mailly, les 3-4 mai 1944

Genre : Image

Type : Monuments et plaques

Producteur : Raphaël Protois

Source : © Cliché Raphaël Protois Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Lieu : France - Grand Est (Champagne-Ardenne) - Aube - Mailly-le-camp

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Contexte historique

Alors que le débarquement des troupes alliées en France semble imminent, le camp de Mailly subit un violent bombardement de l'aviation anglaise dans la nuit du 3 au 4 mai 1944 . Pourquoi une telle opération ?
Depuis 1941, Mailly sert de champ de manoeuvre pour les forces blindées allemandes qui s'aguerrissent avant de partir combattre essentiellement sur le front soviétique. Fin avril 1944, des renseignements concordants recueillis par la résistance locale mettent en évidence l'importance stratégique que revêt le site champenois par la présence d'unités de Panzers. Neutraliser ce potentiel militaire permettrait d'accroître les chances de réussite du débarquement anglo-américain tant attendu par une population française de plus en plus impatiente. C'est ainsi que le 3 mai 1944, vers 22 heures, 348 bombardiers Lancasters décollent de différentes bases du nord-est de l'Angleterre, chargés chacun de trois à cinq tonnes d'engins explosifs. Après avoir survolé la Manche, la formation aérienne se dirige vers l'objectif, Mailly, tout en veillant à contourner la région parisienne où existe une dangereuse défense anti-aérienne. Le secteur étant parfaitement balisé par les Mosquitos de la Royal Air Force, le bombardement commence. Il est un peu plus de minuit. De multiples explosions déchirent la nuit. Les 1 500 tonnes de bombes déversées sur le camp de Mailly provoquent des dégâts considérables. Néanmoins, en raison de confusions dans les transmissions radio, les appareils alliés éprouvent des difficultés à coordonner leur action et doivent faire face à la chasse de nuit ennemie qui les harcèle jusqu'à leur retour en Angleterre.

Les pertes avouées par les Allemands s'avèrent faibles au final, les unités de Panzers ayant pris la précaution de se disperser aux alentours du camp. Le chiffre officiel des victimes militaires s'élèvent à environ 380 tués et blessés. Quarante et un prisonniers de guerre français d'origine nord-africaine ainsi qu'une quarantaine de requis dans le cadre du service du travail obligatoire trouvent également la mort. En dépit des précautions prises par les aviateurs pour ne pas toucher les villages jouxtant Mailly, les civils ne sont pas épargnés : une vingtaine d'habitants perdent la vie. La Royal Air Force a payé chèrement son audace. Quarante-quatre appareils ne rentrent pas en Grande-Bretagne. Plus de 250 aviateurs sont tués. Une cinquantaine seulement survit. Si une partie d'entre eux tombe aux mains des Allemands, les autres parviennent à échapper à la capture grâce à l'action conjuguée de la Résistance et de la population qui les protègent au péril de leur vie. Le bombardement du 3 au 4 mai présente un bilan pour le moins contrasté. La combativité des divisions blindées de l'armée d'occupation n'est guère entamée alors que des équipages alliés expérimentés ont disparu définitivement dans la tourmente. Mais de tels sacrifices s'avéraient nécessaires dans la perspective de la libération du territoire français. Déjà, le 6 juin s'annonçait...


Sébastien Touffu, "La guerre aérienne dans l'Aube : le bombardement du camp de Mailly" in CD-ROM La Résistance dans l'Aube, AERI, 2010