Mordka (Maurice) Feferman alias Louis

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives de la Préfecture de Police de Paris - GB 178 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

Mordka Feferman est né le 19 décembre 1921 à Varsovie en Pologne. Fils de Joseph et de Paulette née Fukerman, qui émigrent à Paris en 1923, Mordka habite chez ses parents au 12 rue Poulet à Paris (XVIIIe arrondissement) jusqu’en 1940. Ouvrier monteur, il travaille dans l’aéronautique chez Hispano-Suiza rue Guynemer à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine) et s’engage dans les Jeunesses communistes. Il demande à être naturalisé français le 5 janvier 1937.

Le 26 septembre 1940, il est interpellé par la police française pour propagande communiste et incarcéré à la prison de la Santé. Livré aux occupants allemands, il est condamné le 4 novembre 1940 à trois mois de prison et interné à la prison du Cherche-Midi (7 novembre 1940), au fort de Villeneuve-saint-Georges (30 novembre 1940) puis au camp de Pithiviers (14 mai 1941) d’où il s’évade le 29 juillet 1941. De retour à Paris, il s’engage dans la lutte armée au sein des FTP puis rejoint le Deuxième détachement des FTP-MOI lors de sa création en 1942. Il y fait la connaissance de Maurice Feld, né lui-aussi à Varsovie. Les deux hommes ne se quitteront plus.

Le 23 juillet 1941, Mordka Feferman et Maurice Feld commettent un attentat contre un officier allemand dans le XVIIIe arrondissement. Le 2 décembre 1941, toujours avec Maurice Feld, il attaque un médecin auxiliaire allemand, boulevard Magenta à Paris. Le même mois, à Saint-Maximin dans l’Oise, il dérobe des explosifs dans une carrière. Il organise encore avec Maurice Feld l’attentat du 14 décembre 1941 à l’hôtel Imperator, 70 rue Beaubourg à Paris (IIIe arr.), qui échoue. Selon David Diamant, ils prennent pour cible en janvier 1942 le cinéma Delta où est projeté́ le film antisémite Le Juif Süss. Il prend part également, avec Maurice Feld, Louis Coquillet et Marcel Bourdarias, à un attentat contre une permanence du parti de Marcel Déat, le Rassemblement national populaire (RNP), 11 bis rue de la Procession (XVe), le 3 janvier 1942.

Le 25 avril 1942, les policiers de la BS2 reçoivent une note émanant de la Geheime Feldpolizei selon laquelle une nommée Sylvia Brodfeld, juive roumaine déjà suspectée de propagande communiste et demeurant au 2 rue Oberkampf à Paris offrirait le moyen de procéder à l’arrestation de Mordka Feferman et Maurice Feld. Sylvia Brodfeld est, en réalité, l’amie de Maurice Feld et elle est prise en filature par les policiers de la BS2 qui identifient, dans la foulée, l’ensemble de ses contacts. Le 9 mai 1942, les policiers français reçoivent l’ordre d’interpeller Mordka Feferman et Maurice Feld qui répliquent en ouvrant le feu. Ils réussissent à blesser l’un des inspecteurs à la jambe. Mordka Feferman parvient à s’enfuir tandis que Maurice Feld est ceinturé après avoir été blessé dans le bas du dos. Interrogé, possiblement torturé, Maurice Feld avoue faire partie de l’Organisation spéciale (OS) et reconnaît sa participation à plusieurs attentats. Il révèle également l’emplacement et l’heure de son rendez-vous avec un autre résistant, Isidore Gynberg, immédiatement appréhendé qui révèle, lui-aussi sûrement sous la torture, la totalité de ses secrets.

De son côté, Mordka Feferman, blessé au cours de la fusillade, est rattrapé par les inspecteurs de la BS2. Il tente de se suicider en avalant du poison et en se tirant une balle dans la tête. Il meurt peu après à l’Hôtel-Dieu. Les enquêteurs découvrent sur lui une fausse carte d’identité́ au nom de Jacques Causteré, né le 15 mai 1919 à Pau (Basses-Pyrénées, actuelles Pyrénées-Atlantiques) et d’une carte d’adhérent du parti collaborationniste de Marcel Déat, le RNP, qu’il a infiltré pour le compte du Deuxième détachement. Maurice Feld est arrêté et jugé par le tribunal militaire allemand du Gross Paris. Il est condamné à mort le 7 août 1942 et fusillé le 22 août 1942 au stand de tir du ministère de l’Air à Paris (XVe arrondissement).

Mordka Feferman est homologué au sein des Forces françaises de l’intérieur (FFI) avec le grade d’assimilation d’aspirant. Le titre d’interné résistant lui est décerné le 21 août 1958. Il reçoit à titre posthume la médaille militaire, la croix de guerre et la médaille de la Résistance française (décret du 27 décembre 1960).


Auteur : Guillaume Pollack

Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, DAVCC, Caen : AC 21P 644 392.
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16P 219 776
Archives de la Préfecture de Police, Paris : GB 178, GB 103 - Feld Grunberg, GB 101 - Brodfeld Feferman
Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne, fonds David Diamant.
David Diamant, Combattants, héros et martyrs de la Résistance, Paris, éditions renouveau, 1984.
Notice "FEFERMAN Mordka (Maurice) alias Louis" parJean-Pierre Besse, Daniel Grason, version mise en ligne le 21 septembre 2020, dernière modification le 19 octobre 2020.