Meyer List

Légende :

Ancien volontaire des Brigades internationales, Meyer List rejoint l'OS-MOI à Paris à la fin de l'année 1941 puis devient membre du triangle de direction du Deuxième détachement FTP-MOI. En juin 1942, il prend la tête du détachement. Arrêté le 2 juillet 1943, condamné à mort, il est fusillé le 1er octobre 1943.

 

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Mémorial de la Shoah / Coll. MJP Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : sans date

Lieu : France

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Contexte historique

Né en Pologne à Malkinia [ou Ostrowa selon les sources] le 10 octobre 1907, Mayer List, dit Markus, milite très jeune dans les organisations ouvrières. Fuyant les persécutions antisémites, la famille émigre en Argentine où Mayer et ses frères s’intègrent rapidement dans le mouvement ouvrier. En septembre 1931, son frère aîné, Jacob, est tué à Buenos Aires lors de heurts avec la police au cours d’une manifestation qu’il dirigeait. Mayer List est lui aussi un militant actif, principalement au sein du jeune parti communiste argentin à la fondation duquel il a participé. Recherché par la police, il s’enfuit en Uruguay. Revenu en Argentine pour poursuivre le combat, il est finalement arrêté. Placé en détention, il organise une grève de la faim qui aboutit à sa libération et à celle de plusieurs autres prisonniers politiques. Expulsé, il est mis sur un bateau en partance pour Dantzig. Mais à l’escale de Vigo en Espagne, il parvient à s’évader.

Engagé dans les Brigades internationales dès leur création, il parvient, en 1939, à passer à travers les mailles du filet policier français et à gagner Toulouse puis Paris où il survit difficilement, miné par la tuberculose. Dès la fin de l’année 1941, il rejoint l’OS-MOI puis, en 1942, le Deuxième détachement FTP-MOI. Membre du triangle de direction avec Samuel Weissberg et Léon Pakin, il succède à ce dernier à la tête du détachement après l’arrestation de celui-ci en juin 1942.
Mayer List est à l’origine d’une ruse de guerre très efficace : des partisans organisent une diversion dans une rue voisine du lieu qui devait être attaqué. Les gardiens de police accourent, quittant leur poste. Pendant ce temps, un autre groupe s’approche rapidement de l’objectif et dépose les bombes à retardement.
Selon un bilan établit par Boris Holban, entre le 8 juillet 1942 et le 31 mai 1943, le 2e détachement FTP-MOI mena cinquante-huit actions contre les troupes d’occupation : incendies de camions, dépôts de bombes à retardement devant des hôtels occupés par des Allemands, grenadage de restaurants fréquentés par l'occupant, de détachements militaires...

Filé depuis la fin avril 1943 par les inspecteurs de la 2e brigade spéciale qui lui ont attribué le surnom « Lunettes », Mayer List est arrêté le 2 juillet 1943. Fouillé, il est trouvé en possession d’une fausse carte d’identité française au nom d’Oscar Maguin, né à Teruel (Espagne), d’un certificat de travail et d’une feuille de démobilisation au même nom. Entre le 30 juin et le 9 juillet, ce ne sont pas moins de 77 arrestations qui sont opérées par la BS2 au sein des FTP-MOI. Lors de son interrogatoire le 2 juillet 1943, il déclare se nommer Mayer List, né le 7 octobre 1907 à Ostrow (Pologne), « de nationalité polonaise et de race juive ». Tailleur de profession mais sans activité, il signale être domicilié 36 rue Chaptal à Joinville-le-Pont. Bien qu’identifié par deux camarades de combat arrêtés peu de temps avant lui, List nie appartenir au Parti communiste clandestin et à une organisation dite terroriste.

Le 20 septembre 1943, Mayer List et quatre de ses camarades sont jugés par le tribunal militaire allemand du Gross-Paris. L’acte d’accusation précise l’origine des inculpés – Israélites - et leur état-civil. Les faits qui leur sont reprochés montrent qu’ils n’ont rien avoué si ce n’est des éléments déjà connus de la police. Mayer List ne cache rien de ses activités au sein des Brigades internationales mais reste muet quant à ses actions résistantes. Mayer List et trois de ses compagnons sont condamnés à mort et exécutés les 1er octobre 1943. Le cinquième FTP, Loberbaum, jugé lors de cette audience est condamné à une peine de déportation d’où il ne reviendra pas.
Avant d’être fusillé, Mayer List adresse une dernière lettre à sa famille en Argentine et aussi à sa femme. Lettre très brève car il ne veut pas courir le risque de compromettre aucun de ceux à qui elle est adressée.

L’une des deux compagnies de Juifs polonais qui se constituèrent à la Libération au sein du bataillon 51/22 dit bataillon Liberté prit le nom de Markus, en souvenir de Mayer List.
La mention "Mort pour la France" lui est attribuée le 12 juillet 2007.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :

Archives de la Préfecture de Police de Paris, GB 130, affaire Lerner et autres
Musée de la Résistance nationale, fonds David Diamant, carton n°6, notes biographiques sur Mayer List
Stéphane Courtois et Denis Peschanski, Le Sang de l'étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance, Fayard, Paris, 1989, 2e édition 1994.
Boris Holban, Testament, Calmann-Lévy, 1989
David Diamant, Héros juifs de la Résistance française, Ed. Renouveau, 1961
David Diamant, Combattants, héros et martyrs de la Résistance : biographies, dernières lettres, témoignages et documents, 1983
Notice "LIST Mayer" par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, version mise en ligne le 28 août 2011, dernière modification le 20 novembre 2020.