Moska dit Maurice Fingercwaig

Légende :

Immortalisé par l'Affiche rouge sur laquelle figure son portrait en médaillon, Maurice Fingercwaig rejoint les rangs de la résistance immigrée après la déportation de son père et de son frère. Il intègre le Deuxième détachement des FTP-MOI en avril 1943 puis le Quatrième détachement dit des dérailleurs en août 1943. Arrêté le 17 novembre 1943, condamné à mort le 18 février 1944, il est fusillé trois jours plus tard au Mont-Valérien.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : sans date

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

Moska Fingercwaig naît le 25 décembre 1922 à Varsovie. Sa famille émigre à Paris en 1926. Orphelin de mère à l'âge de dix ans, avec un père ouvrier tailleur qui travaille dur, le jeune Maurice est élevé par son frère aîné, Jacques, membre des Jeunesses communistes. Lorsqu'éclate la guerre, Moska s'engage dans l'armée française. Après sa démobilisation, il revient à Paris et reprend son métier de tapissier. Suivant l'exemple de ses frères, il adhère en 1940 aux Jeunesses communistes clandestines. Mais en 1941, l'aîné, Jacques, est interné à Beaune-la-Rolande (Loiret), ce qui ne fait que stimuler l'ardeur de ses cadets.

En juillet 1942, son père et son frère sont déportés à Auschwitz. Maurice rejoint alors les rangs de la résistance immigrée. Dans un premier temps chargé de la distribution de tracts et de papillons dans les XIe et XIIe arrondissements, il est affecté, à sa demande, en avril 1943 aux FTP-MOI. Au sein du 2e détachement, sous le pseudonyme de Robert, il participe à plusieurs opérations parmi lesquelles l'attaque au pistolet contre un soldat allemand, 34 rue Miollis (XVe), le 8 mai 1943 et le jet d'une grenade sur un détachement de marins allemands, rue du 4 septembre à Issy-les-Moulineaux, le 19 juillet suivant.

Muté en août 1943 à l'équipe des dérailleurs (4e détachement) avec le pseudonyme de Mario, membre de l’équipe commandée par Emeric Glasz, il prend part aux actions suivantes :
- le 14 septembre 1943, déraillement, près de Gretz, sur la ligne Paris-Troyes.
- le 22 octobre, tentative de déraillement aux environs de Troyes (Aube).
- le 26 octobre, déraillement près de Mormant, ligne Paris-Troyes. Cette opération a été menée avec Emeric Glasz, Léon Goldberg et Willy Schapiro
- le 12 novembre, tentative de déboulonnage de voies sur la ligne Paris-Troyes en compagnie de Thomas Elek et Wolf Wajsbrot.

Après de longues filatures par les inspecteurs des Renseignements généraux, Moska Fingercwaig est arrêté le 17 novembre 1943 ; il est alors trouvé en possession de faux-papiers au nom de Bourdier Jean. La perquisition effectuée dans sa planque d’Alfortville permet de découvrir un lot de tracts et du matériel destiné au sabotage ferroviaire. Condamné à mort le 18 février 1944 par le tribunal du Gross Paris siégeant rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), il est fusillé trois jours plus tard au Mont-Valérien avec vingt-deux de ses camarades. Son portrait figure sur l’Affiche rouge avec la mention « Fingerweig, Juif polonais, 3 attentats, 5 déraillements ».

La Médaille de la Résistance française lui est décernée à titre posthume par décret du 31 mars 1947 (Journal officiel du 26 juillet 1947). La mention "Mort pour la France" lui est attribuée par le ministère des Anciens Combattants en date du 10 juin 1971.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Archives de la Préfecture de Police :
- BA 2297 - Exécutions par les autorités allemandes, dossiers individuels des fusillés.
- GB 93 – Dossier Manouchian – Rapport sur les « arrestations de 67 militants appartenant à l’organisation communo-terroriste du MOI », 3 décembre 1943.
- GB 137 – Affaire Davidowicz (dont rapport d’interrogatoire de Moska Fingercwaig du 17 novembre 1943)
Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 224389
United States Holocaust Memorial Museum Collection

Annette Wieviorka, Ils étaient juifs, résistants, communistes, Paris, Perrin, 2018
Pages de gloire des vingt-trois, Comité français pour la défense des immigrés, Paris, 1951.
David Diamant, Combattants héros et martyrs de la Résistance, Paris, éditions Renouveau, 1984.
Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le sang de l'étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance, Paris, Fayard, 1989.
Jacques Ravine, La Résistance organisée des juifs en France 1940-1944, Paris, Julliard, 1973.