Stèle de Maurice Fourrier sur le site mémoriel de la Maltière à Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine)

Genre : Image

Type : Stèle

Source : © Cliché Joris Brouard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : Janvier 2022

Lieu : France - Bretagne - Ille-et-Vilaine - Saint-Jacques-de-la-Lande

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Contexte historique

FOURRIER Maurice, Jean, Joseph est né le 22 mai 1923 à Combrée (Maine-et-Loire) de Jean-Marie Fourrier, facteur mixte et garde-barrière à la SNCF et d’Augustine Boedier, ménagère.

À l’âge de 12 ans, Maurice Fourrier entre à l’école d’industrie de Rennes puis poursuit son cursus à l’école d’apprentissage des chemins de fer. Durant sa scolarité, il fait la connaissance de Louis Coquillet, également dans les chemins de fer et l’un des responsables des Jeunesses Communistes à Rennes. Le 3 octobre 1938, Fourrier entre comme apprenti aux ateliers de la SNCF de Rennes. Le 1er octobre 1941, il devient ouvrier ajusteur puis est promu agent technique le 1er février 1942 tout en occupant un emploi aux écritures dans les bureaux du dépôt des machines. Dans son travail, Fourrier est bien noté par ses supérieurs qui le gratifient de notes élogieuses dans son dossier professionnel.

À côté de son activité officielle, Fourrier mène une vie militante et clandestine et se rapproche des organisations communistes comme bon nombre de ses collègues des ateliers de la SNCF. En 1941, Fourrier commence par s’occuper de la propagande avant de monter en grade dans les organisations clandestines communistes et d’être incorporé au sein du Front national, la branche « politique » du Parti communiste clandestin. À la tête d’un groupe de trois (un triangle), Maurice Fourrier encadre Pierre Langlais et Maurice Léost, camarades des ateliers avec lesquels il accentue les actions de propagande sur leur lieu de travail.

L’année 1942 marque le basculement des organisations clandestines rennaises vers la lutte armée pour laquelle Maurice Fourrier se révèle être un ardent activiste. Entre mars et juillet, en tant que responsable local de l’Organisation spéciale (OS) du PCF clandestin, il dirige et prend directement part à 8 attentats dirigés contre l’Occupant et les organes issus de la Collaboration :
- le 22 mars 1942 : attentat à l’explosif contre les locaux du RNP à Rennes, réalisé en compagnie de Pierre Langlais.
- le 28 mars 1942 : attentat à l’explosif contre les bureaux du Francisme à Rennes, réalisé en compagnie de Maurice Léost.
- le 19 avril 1942 : attentat manqué à l’explosif qui visait Jacques Doriot, chef collaborationniste du PPF, qui tenait un meeting organisé au Théâtre municipal (actuel Opéra) de Rennes, réalisé en compagnie de Joseph Boussin et sa femme Alphonsine, de Jean Dubois et de Pierre Langlais.
- le 4 mai 1942 : attentat à l’explosif contre le bureau d’embauche allemand pour l’Allemagne, réalisé en compagnie d’Édouard Hervé et d’Yves Le Bitous.
- le 20 mai 1942 : attentat contre un câble téléphonique de l’Armée allemande situé boulevard Mermoz à Rennes, réalisé en compagnie de Joseph Boussin et de Pierre Langlais.
- le 21 mai 1942 : attentat contre un pylône d’une ligne à haute tension sur la route Sainte-Foix près de Rennes, réalisé en compagnie d’Albert Deshommes et de Pierre Langlais.
- le 4 juin 1942 : attentat à l’explosif contre les bureaux de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) à Rennes, réalisé en compagnie d’Édouard Hervé.
- le 22 juin 1942 : attentat à l’explosif contre une maison occupée par des soldats allemands située boulevard de Solférino à Rennes, réalisé en compagnie de Maurice Léost.

Pour effectuer ces attentats, Maurice Fourrier et Yves Le Bitous ont dû procéder le 24 avril 1942, au vol d’explosifs dans une carrière située dans le nord de l’Ille-et-Vilaine, sur la commune de Louvigné-du-Désert.

En plus des activités de sabotage, Fourrier avait été désigné pour commanditer l’exécution de Fernand Morellon, le Commissaire divisionnaire, chef du service régional des Renseignements généraux à Rennes, particulièrement zélé dans la chasse aux militants communistes. Cependant, l’exécution ne put être mise en œuvre par de manque de temps.

En effet, la vague de sabotage et d’attentats qui frappe Rennes au cours du printemps 1942, déclencha compte tenu de son ampleur, une enquête combinée des services de répression français et allemands. Confiée du côté allemand à l’adjudant Adolf Breuer, parfaitement francophone, transfuge de la Geheime Feldpolizei (GFP), fraichement promu à la Sipo-SD de Rennes, l’enquête s’oriente rapidement en direction des ateliers de la SNCF, suspectés d’abriter les principaux auteurs d’attentats.

Le 11 juillet 1942, Maurice Fourrier est arrêté à 9h45 par la Feldgendarmerie sur son lieu de travail. Dans son casier, les feldgendarmes retrouvent du matériel compromettant destiné à la fabrication et à la mise à feu d’engins explosifs. Il est immédiatement conduit à la Sipo-SD de Rennes pour interrogatoire puis incarcéré à la prison Jacques Cartier. Au cours de l’été et de l’automne 1942, ce sont 29 résistants de l’OS qui sont arrêtés sur l’ensemble du département d’Ille-et-Vilaine dans le cadre de l’enquête sur les attentats et les sabotages du printemps 1942.

En décembre 1942, Maurice Fourrier comparaît devant le tribunal militaire allemand de la Feldkommandantur 742 de Rennes. Inculpé de plusieurs attentats et d’actes de francs-tireurs, présenté comme un meneur au sein des organisations « terroristes » de Rennes, il est condamné à mort avec 24 autres résistants. Tenant tête jusqu’au bout aux juges militaires allemands, il demande à être fusillé en dernier pour aider ses compagnons à rester digne.

Dans une dernière lettre adressée à sa famille, Maurice Fourrier annonce : « Je mourrai le sourire aux lèvres, pour montrer mon dédain envers ces barbares ». Il est effectivement le dernier fusillé à 10h18, le 30 décembre 1942 au stand de tir de la Maltière en Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine).


Auteur : Joris Brouard

Sources :
Archivistiques :

- Archives départementales d’Ille-et-Vilaine :

  • 134W19
  • 516W121
  • 1310W24
  • 1439W17

Bibliographiques :

- Notice « FOURRIER Maurice » par Stéphane Robine ; Les cheminots victimes de la répression, 1940-1945 ; ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éditions Perrin/SNCF, 2017, 1444 p.

Sites Internet :

- Dictionnaire biographique le Maitron : https://maitron.fr/spip.php?article49818

- Mémoire de guerre – la Résistance en Bretagne : http://memoiredeguerre.free.fr/fusilles/fusilles35-alpha.htm#deb