Prisonnier de René Chazalmartin

Légende :

1ère de couverture de ce livre publié à compte d’auteur. Mme Chazalmartin a ajouté préface et postface aux écrits originaux de son mari.

Genre : Image

Type : Tapuscrit

Source : © Coll. Alain Martinot Droits réservés

Détails techniques :

Petit fascicule tapé à la machine par Magui Chazalmartin à partir des notes manuscrites de son mari. 

Date document : Juin 2004

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Analyse média

A partir des notes manuscrites de son mari écrites en 1985-1986, après la mort de celui-ci, Magui Chazalmartin a tapé ce texte terminé le 30 juin 2004. Elle a ajouté préface et postface. 64 pages de format A5 composent cet ouvrage réalisé par ses propres moyens et vendu aux personnes qu’elle rencontrait. Ce livre, témoignage du vécu des prisonniers de guerre, reprend le contenu des interventions de René Chazalmartin devant des collégiens et des lycéens. Différentes parties composent ce fascicule : l’ouverture des hostilités avec l’agression allemande contre la Pologne et la réaction franco-anglaise déclarant le 3 septembre 1939 la guerre au IIIe Reich, la drôle de guerre jusqu’au 10 mai 1940, la débâcle « l’armée française va être capturée pratiquement en totalité sans avoir combattue », les durs chemins de l’exil, la captivité proprement dite (« la capture c’est d’abord un choc puissant, une surprise stupéfiante, inimaginable, d’autant plus qu’on nous avait fait croire que nous étions les plus forts, que nous vaincrions l’ennemi avec facilité ») , la vie au camp, le travail, la vie hors du camp avec trois préoccupations (se procurer de quoi manger, saboter le travail, préparer des évasions ), la libération, le choc du retour (l’accueil ne fut pas toujours celui espéré), le rôle social des anciens prisonniers de guerre à travers leurs associations, dans lesquelles René Chazalmartin était très investies, et les trois valeurs qu’elles véhiculent : la liberté, la paix et le partage avec son corollaire l’entraide.

L'auteur : René Chazalmartin (1920-2003)

Né le 14 mars 1920 à Langogne (Lozère), il est instituteur dans l’enseignement libre à Nîmes puis entre en mars 1940 à la SNCF à Issoire. Le 8 juin 1940, il est appelé au 5e Génie des chemins de fer à Versailles au camp de Satory. Il fait partie des derniers appelés au service militaire. C’est avec le dernier train de la ligne Paris-Nîmes qu’il gagne la capitale où le service militaire de la gare le dirige sur la caserne du 5e Génie. Inscription, répartition dans les sections, remise de vêtements durent deux jours sans aucune formation militaire. Fait prisonnier sans avoir combattu, il est envoyé au stalag IX C en Thuringe où il participe à l’entretien de la commune de Zella-Mehlis avant de travailler pour Rohm Fabrik. Libéré par l’armée américaine en avril, il regagne Langogne le 8 mai 1945. Après un congé de captivité, il réintègre la SNCF puis devient gestionnaire d’un quotidien de province, chef comptable d’une entreprise alimentaire, administrateur d’un théâtre casino et termine sa vie professionnelle comme agent d’assurances dans la région d’Aubenas. Il décède en décembre 2003 à Vesseaux (Ardèche).


Auteur : Alain Martinot

Contexte historique

Retraité, René Chazalmartin témoigne auprès d’élèves de collèges et de lycées à partir des années 1985 (40e anniversaire de la libération des prisonniers de guerre) - 1986 proclamée par l’ONU année internationale de la paix. Il montre le non-respect par l’Allemagne nazie de la convention de Genève. Il s’attarde sur le choc du retour pour les prisonniers et les difficultés rencontrées par certains d’entre eux.

Les prisonniers de guerre sont officiellement protégés par une convention internationale que l’Allemagne hitlérienne interprète pour en faire « une marchandise pour laquelle on ne prend aucune précaution étant entendu qu’elle ne coûte rien et qu’elle est disponible à volonté ». [L’article 31 de la convention de Genève de 1929 stipule que les travaux fournis par les prisonniers de guerre n’auront aucun rapport direct avec les opérations de la guerre. En particulier, il est interdit d’employer des prisonniers à la fabrication et au transport d’armes ou de munitions de toute nature, ainsi qu’au transport de matériel destiné à des unités combattantes. Cette convention est remplacée par un accord franco-allemand signé le 16 novembre 1940 après l’entrevue de Montoire du 24 octobre marquant les débuts officiels de la collaboration. Ainsi des prisonniers vont se retrouver travaillant pour l’industrie de guerre nazie].

René Chazalmartin écrit « Le récit de mon aventure personnelle n’est pas essentiel, ni important en soi, même s’il est un témoignage parmi d’autres, mais le fait qu’un nombre aussi grand d’êtres humains soient concernés donne à l’histoire de la captivité de cette époque un caractère particulier non seulement en raison de son effectif mais aussi quant à sa durée et ses conséquences ». Après cinq ans de captivité, c’est le choc du retour, « l’accueil dans certaines familles ne fut pas toujours celui qui avait été imaginé, souhaité », « nous ne reconnaissons plus notre pays ». « D’une façon générale, l’ancien prisonnier qui avait tant attendu son retour en France fut déçu par la médiocrité de ce qu’il trouvait, comparé à ce qu’il avait imaginé ». « A notre étonnement, nous découvrons que le statut de prisonnier n’est pas forcément glorieux. Nous sommes quelquefois considérés comme l’armée de la défaite, une armée qui s’était rendue sans combattre, tout juste respectable !!!Il faut savoir que nous n’avons pas eu le droit d’avoir une carte de combattant- il faudra attendre presque la fin du siècle pour obtenir ce droit ! »

Aussi les prisonniers de guerre « ressentiront beaucoup de déception face à l’incompréhension de la société telle qu’ils la retrouveront et plus encore face aux comportements de ses responsables ». Leur réadaptation à une vie économique et sociale normale fut parfois difficile « on ne peut pas reprendre ses marques là où on les a laissées. Nous ne sommes plus dans le coup et on nous le fait savoir, pas toujours très diplomatiquement. Malgré des paroles de bienvenue, il faut se battre pour faire son trou et quelques- uns n’y parviendront jamais ».

Dans sa postface, Magui Chazalmartin écrit « ce qui me frappe dans cette histoire [celle des prisonniers de guerre] qui demeure à mon sens un évènement historique unique dans l’histoire contemporaine… c’est le grand, l’immense silence qui s’est installé sur cet évènement ».


Auteur : Alain Martinot
Rencontre avec René Chazalmartin le 12 mars 2002