Enveloppe adressée à Michel Guillerm, détenu à la centrale d’Eysses

Genre : Image

Type : Enveloppe

Source : © Dépôt MRN, fonds Amicale d'Eysses Droits réservés

Détails techniques :

Enveloppe papier. Dimensions : 14,5 x 11 cm.

Date document : 21 avril 1944

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

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Analyse média

Cette enveloppe expédiée de La Rochelle (Charente-Maritime) le 21 avril 1944 est destinée à Michel Guillerm, incarcéré à Eysses. Elle est affranchie avec un timbre à l’effigie du maréchal Pétain d’un montant de 1 franc 50. Elle comprend l’adresse de la centrale d’Eysses à Villeneuve-sur-Lot, le nom du destinataire mais également son matricule (2798) et préau où il a été affecté (préau 2). Cette enveloppe est très certainement passée par la censure comme le laisse supposer la mention manuscrite « parents ».


Auteur : Fabrice Bourrée

Contexte historique

Dans tout établissement pénitentiaire, la correspondance est surveillée et limitée en nombre. Les lettre sont lues et visées au départ comme à l’arrivée, mais on se rend compte, à la maison centrale d’Eysses, face à l’inflation des détenus, que le personnel chargé de la censure est débordé, voire complice des résistants, si l’on en juge le contenu souvent subversif des lettres officielles. La correspondance clandestine constitue une autre catégorie. Différents canaux sont utilisés pour passer les écrits à l’extérieur. La complicité du personnel (surveillants, aumôniers) est essentielle. Les colis grâce aux doublures de linge sale ou les doubles-fonds de gamelles, permettent de tromper la vigilance de la fouille.

Avec l’arrivée massive des détenus politiques à Eysses et devant les pressions quotidiennes exercées par ces 1200 résistants unis et organisés, le directeur, Jean-Baptiste Lassalle, conçoit quelques libéralités, et notamment en ce qui concerne la correspondance des détenus. Arrivé à Eysses en août 1943, Paul Weil constate cet état de fait en écrivant dans son journal intime le 27 octobre 1943 : « la fréquence de la correspondance s’est accrue… ». Ceci est aussi lié à l’affectation de détenus politiques aux services généraux.

L’évasion manquée du 19 février 1944 a un retentissement national. En effet, Vichy, en état de mobilisation, décide le 26 février 1944, de durcir le régime de détention de l’ensemble des politiques des établissements de concentration. La corrélation avec l’action du 19 février est clairement énoncée : « Des évènements d’une gravité exceptionnelle qui se sont produits récemment ayant montré qu’un grand nombre de détenus avaient reçu dans les colis objets et denrées interdits et même des armes ... » (Note d’A. Baillet aux directeurs des services extérieurs de l’administration pénitentiaire). C’est l’ensemble des détenus politiques hommes et femmes, visés par la loi du 5 juin 1943, des prisons de concentration de Eysses, Blois, Châlons-sur-Marne, Rennes, qui est touché par la loi du 26 février 1944. Les détenus sus visés sont privés de colis familiaux (seule la Croix Rouge de chaque département est habilitée à en envoyer), seule une visite et une correspondance par mois avec la famille sont autorisées.


D'après Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.
Corinne Jaladieu, Les centrales sous le gouvernement de Vichy : Eysses, Rennes, 1940-1944, thèse de doctorat, Histoire, Rennes 2, 2004.