Voir le verso

Drapeau de la Légion française des combattants de la section de Chatuzange-le-Goubet

Légende :

La légion française des combattants est une des organisations du gouvernement de Vichy pour obtenir le soutien des anciens combattants de la guerre de 1914 à 1918.

Genre : Image

Type : Drapeau

Producteur : Cliché Alain Coustaury

Source : © CHRDD Droits réservés

Détails techniques :

Drapeau en tissus d'environ 90 cm de côté.

Date document : 2006

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Chatuzange-le-Goubet

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Deux faces du drapeau de la Légion française des combattants de Chatuzange-le-Goubet.
Sur la face où est inscrit « LEGION FRANCAISE DES COMBATTANTS », au centre de la croix blanche, l’écusson tricolore : un bouclier orné d'un casque gaulois sur fond tricolore et protégeant une épée.
Sur l’autre face, est inscrit en lettre dorée : « SECTION DE CHATUZANGE-LE-GOUBET ».


Auteur(s) : Robert Serre

Contexte historique

La Légion française des combattants a été instituée, dans la zone non occupée seulement, par une loi du 29 août 1940. Placée sous la présidence du maréchal Pétain, elle est l'organe unique qui regroupe tous les Anciens combattants. Elle vise à une action civique, sociale et morale par la collaboration intime, loyale et confiante de ses membres avec les représentants du pouvoir central. Sa place est fixée dans les cérémonies aussitôt après la hiérarchie militaire. Dans chaque département, un comité départemental est élu par les présidents des sections communales. En novembre 1940, des réunions ont lieu dans chaque village pour constituer les sections communales et de secteurs. Elles seront clôturées par les prestations de serment cantonales en décembre.

Dans la Drôme, où les associations d'anciens combattants, avant la guerre, étaient majoritairement de gauche, on choisit un chef de compromis, « non-engagé » (il présidait l'Union nationale des combattants, classée à droite) : le colonel en retraite Henri Tessier, âgé de 65 ans, le deuxième par l’âge des présidents départementaux. Le colonel Honoré succèdera à Tessier, devenu – cas unique – responsable du SOL (Service d'ordre légionnaire), puis chef de la Milice : la démission d’Honoré conduit à la nomination, par le Maréchal le 25 août 1943, du commandant Paul Eysseric.

La section de la Drôme prend un essor rapide : en janvier-février 1941, soit six mois après sa création, elle comptait environ 13 000 adhérents. Bien qu’elle ne soit pas, en avril 1942, dans les seuls sept départements « parfaitement organisés », la Légion drômoise, en septembre 1942, atteindra 19 936 membres, plus 4 210 volontaires de la Révolution nationale, soit 24 146 personnes, 26,6 % de la population masculine de plus de 20 ans du département. On la classe alors parmi « les places fortes ».

Dans chaque cité, le président de la Légion devient une autorité locale majeure, apportant la bonne parole dans toutes les manifestations, arbres de Noël, salut au drapeau dans les écoles, baptême de places ou de rues maréchal Pétain, séances récréatives, etc. Chaque légionnaire paie une cotisation sous la forme de ticket mensuel. De plus il achète ses insignes de boutonnière et de béret.

L'attitude de l’Église catholique est plutôt favorable à la Légion. Le 14 juillet 1941 devant les délégués de la Légion rassemblés dans la cathédrale de Valence, monseigneur Camille Pic déclare : " Il faut méditer les événements pour enfin comprendre qu'ils nous sont bienfaisants et que ce qui nous est arrivé était sans doute le mieux qui pût nous advenir [...] la France a trouvé un chef et c'est Dieu qui le lui a donné : la voilà la grâce gratuite". Pétain est « le seul chef qui ait autorité pour conduire la France vers ses destinées et auquel tous doivent aussi bien une féale obéissance que leur admiration ». Le chanoine Eynard, de Crest, est président de zone, pour les secteurs de Crest et Die.

L'attitude des protestants est d'emblée plus réservée. L'un des rares à s'engager est le pasteur de Dieulefit, Henri Eberhard, le 16 décembre 1940. Mais en juin 1941, il s'en retire et sera radié de la Légion le 10 novembre 1942.

À partir de 1942, la Légion drômoise, qui jusqu’alors s’est surtout consacrée au recrutement, développe son travail d'action sociale et de propagande.

C'est par exemple la Légion qui doit organiser partout l'audition dans les cafés des discours du maréchal Pétain. Le 25 avril 1942, la Légion drômoise envoie ses instructions : "Nous attachons la plus grande importance à l'organisation de ces auditions, car les discours du Maréchal doivent être diffusés par tous les cafés et les restaurants. Désignez pour chaque café un Légionnaire qui ira se mettre en rapport avec le patron, lui demandera de faire marcher le poste récepteur du café ou ira installer pour l'occasion son poste personnel et coller à la vitrine l'affiche "Venez écouter ici le message du Maréchal Pétain, audition organisée par la Légion […] Signalez-nous les mauvais français qui refuseraient de vous laisser remplir ce devoir national". On peut même tranquilliser les patrons de cafés : un poste fonctionnant uniquement à l'occasion d'un discours du Maréchal n'est pas passible de la taxe pour audition publique.

Malgré la discipline interne et les attributions moralisatrices et purificatrices de la Légion, celle-ci et ses membres ne donnent pas toujours le bon exemple : le 18 octobre 1942, un membre du Comité directeur de la Légion est arrêté à Montélimar pour marché noir et hausse illicite sur les pneus et le bois de chauffage. En novembre 1942 la Légion drômoise fait distribuer de faux tracts communistes : « Cette ruse qui n'a trompé personne, a été jugée inconvenante, et indigne d'une organisation officielle ; elle a été stigmatisée par la population, et à certains endroits, par les Légionnaires eux-mêmes ». À partir de l’été 1943, la Légion drômoise, comme les autres sections, subit un net dépérissement, avec une désaffection générale.

Les activités des légionnaires consistent en envoi de colis aux prisonniers de guerre, en aide à leur famille, en distribution de biscuits aux écoliers, en secours aux enfants de légionnaires réfugiés. Pour financer ces activités charitables, on organise des quêtes nombreuses, des ventes d'almanachs, d'insignes, des spectacles, on appelle aux dons.


Auteur(s) : Robert Serre
Sources : AN, F/1CIII/1152, rapports du préfet. AN, 72 AJ 120. AN, F7/15545. SHGN, Rapports R4 Cie Drôme. ADR, 182 W 81, 182 W 108. ADD, AP 130, bulletins de la Légion Drômoise. ADD, 9 J 5. 9 J 8/8, 11 J 38, 39, 40, 97 J 91, SS 437, dossier 1071. Jean-Paul Cointet, La Légion Française des Combattants, Albin Michel, 1995. Laborie et Boulet, colloque Les Protestants français pendant la 2e Guerre mondiale. Burles, La Résistance et les maquis en Drôme-Sud. Chalendon, Les Chrétiens dans la Résistance drômoise. La Semaine Religieuse du Diocèse de Valence du 15 juillet 1941. Le Crestois, collection. Le Légionnaire-Drôme. Recueil des Actes administratifs de la Drôme n° 24 du 3 août 1941.