Michel Bernstein

Genre : Image

Type : Photographie / Photograph

Producteur : Inconnu

Source : © Archives nationales, fonds Défense de la France (don Jean-Marie Delabre) Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

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Michel Bernstein est né le 13 janvier 1906 à Lyon. Ses parents sont des émigrés juifs russes, réfugiés et installés en France depuis 1899. Son père, Léon Bernstein a participé à la formation du Bund à Vilnius en Lituanie ; journaliste il a par ailleurs créé un journal syndical en yiddish. La mère de Michel, Tatiana Taubman, est d'origine moscovite. Ils ont tous deux connu la clandestinité avant de partir en France.
Michel Bernstein entame dans un premier temps des études à Paris, au lycée Louis-le-Grand, puis à l'Ecole des Langues Orientales, études qu'il abandonne en 1925 pour devenir Secrétaire de la Représentation commerciale de l'URSS jusqu'en 1932. Il en démissionne, n'acceptant pas l'évolution politique de l'URSS. Il s'installe alors comme libraire dans le VIe arrondissement parisien, se spécialise en particulier dans les livres anciens ainsi que dans l'économie politique et l'histoire sociale. Dans les années Trente il fabrique quelques faux papiers pour des anti-nazis allemands ou pour des volontaires des Brigades internationales. Militant à la SFIO puis au Parti Socialiste Ouvrier et Paysan (PSOP), il en est exclu pour "bellicisme" ; Bernstein est en effet hostile au pacifisme munichois.

Mobilisé en septembre 1939 il est affecté au Centre de recrutement des engagés volontaires de la Légion étrangère, parce qu'il est un des rares interprètes de yougoslave. C'est dans cette affectation, à Royan, qu'il subit la défaite. De retour à Paris, démobilisé, il fait la rencontre de Monique Rollin qui devient sa compagne ; menacé par les persécutions antisémites et dans la crainte d'une arrestation, il s'installe chez elle rue Mazarine (Paris) à partir de 1941 et pour toute la durée de la guerre.
Leur vie est alors, et à ce moment, entièrement liée au mouvement Défense de la France. De fait, contactés par Charlotte Nadel, qui partage les mêmes origines russes, Michel Bernstein et Monique Rollin sont chargés à partir de février 1942 de mettre en place un atelier clandestin de fabrication de faux papiers. Le rendement, faible au départ, augmente alors que l'atelier se perfectionne techniquement : de l'utilisation de la gélatine, au rendement faible, les faux papiers sont fabriqués en utilisant la photogravure (cachets, timbres.. sont photographiés puis reproduits au bon format).
Par ailleurs, avec le développement des mouvements de Résistance et l'afflux de réfractaires au STO, l'atelier de Michel Bernstein, situé dans un simple appartement, diversifie la fabrication des faux documents : cartes d'alimentation, d'étudiants, Ausweis, permis de conduire, certificats de travail, de démobilisation, en plus de la fabrication de quelque 12 500 faux tampons administratifs. Un faux timbre "1,50 fr. Philippe Pétain" sera même imprimé par Défense de la France.
Des ateliers du même type que celui de Michel Bernstein se développent à Paris et en province, ateliers pour lesquels il rédige un Manuel du faussaire. Pendant près de deux ans Michel Bersntein vit reclus dans l'appartement de Monique Rollin, ne sortant qu'une dizaine de fois.
Au début de juin 1944 Michel Bernstein et Monique Rollin quittent Paris, à la demande de Philippe Viannay, qu'ils rejoignent dans le maquis de Seine-et-Oise Nord. Ils s'installent dans le château de Balincourt et y organisent l'Etat-Major du maquis, centralisant en particulier les liaisons. Après une perquisition allemande, le 14 juillet 1944, ils sont obligés de quitter Balincourt pour le village de Brignancourt jusqu'à la fin du mois d'août.

A la Libération, Michel Bernstein prend part à la création du journal France-Soir ; membre avec Robert Salmon et Philippe Viannay de la rédaction ; il quitte le journal, reprend son activité de libraire, et participe au lancement des Editions d'Histoire sociale (EDHIS) en 1966.
Retiré à Auxerre, il y décède le 15 août 2003.

Bibliographie : Olivier Wieviorka, Une certaine idée de la Résistance. Défense de la France. 1940-1949, Paris, Seuil, 1995. Alain Vincenot, La France résistante. Histoires de héros ordinaires, Paris, Éditions des Syrtes, 2004, témoignage de Michel Bernstein. Philippe Viannay, Du bon usage de la France. Résistance, journalisme, Glénans…, Paris, Ramsay, 1988. Michel Bernstein, Fragments et notules sans grande importance (1944-1945), Auxerre, Imprimeries modernes auxerroises, 1995.


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Michel Bernstein was born in Lyon on January 13, 1906. His parents were Jewish immigrants from Russia and, as refugees, took up residence in France starting in 1899. His father, Léon Bernstein, participated in the formation of Bund in Vilnius in Lithuania – As a journalist he also created a union newspaper in Yiddish. Michel's mother, Tatiana Taubman, was of Muscovite origin. The two met in hiding before leaving for France. Michel Bernstein began his studies in Paris at Louis-le-Grand high school, then at the School of Oriental Languages, which he later abandoned in 1925 in order to become Secretary of the Commercial Representation of the USSR. He held this post until 1932, when he decommissioned, being against the political evolution in the USSR. Then, he took up a job as a librarian in the 6th arrondissement in Paris, specializing in ancient books as well as political economy and social history. In the 1930s, he made false documents for anti-Nazi Germans or for volunteers at the International Brigade. An active supporter of the SFIO, then the Socialist Worker's and Farmer's Party (PSOP), he was excluded for his « warmongering » - Bernstein was naturally hostile to the Munich Peace agreement.

Mobilized in September 1939, he was sent to the Recruitment Center for Enlisted Volunteers of the Foreign Legion because he was a rare interpreter of Yugoslav. It was here, in Royan, that he witnessed the defeat. Upon his return to Paris, decommissioned, he met Monique Rollin who became his companion – threatened by anti-Semitic persecutions and a fear of arrest; he moved into Rollin's home on Rue Mazarine in 1941 and would remain there throughout the war.

Their lives were thus entirely linked to the movement of Défense de la France. Contacted in February 1942 by Charlotte Nadel, who shared a Russian heritage, Michel Bernstein and Monique Rollin were charged with the establishment of an underground workshop that would fabricate false documents. The production, though weak at first, augmented as the workshop perfected its technique – from the use of gelatin, to the weak output, the false documents were made using the photo-engraver (stamps and seals were photographed then reproduced in a good format).

In addition, with the development of the Resistance movements and the influx of STO deserters, Michel Bernstein's workshop, situated in a small apartment, diversified its fabrication of false documents: food stamps, student ids, Ausweis, driver's licenses, work permits, demobilization certificates, on top of more than 12,500 false administrative stamps. One fake stamp, « 1,50 fr. Philippe Pétain » would also be printed by Défense de la France. Similar workshops sprung up all over Paris and throughout the country, so Bernstein wrote a manual for these new workshops: The Forger's Manuel. During a nearly two-year span, Michel Bernstein lived as a recluse in Monique Rollin's apartment, leaving only around ten times. At the beginning of June 1944, Michel Bernstein and Monique Rollin left Paris, at the behest of Philippe Viannay, so as to join the maquis of Seine-et-Oise Nord. They set themselves up in the Balincourt castle and organized the headquarters for the maquis, centralizing contacts in particular. After a German search on July 14, 1944, they were forced to leave Balincourt for the village of Brignancourt until the end of August.

At the Liberation, Michel Bernstein took part in the creation of the newspaper, France-Soir, and was a member of the editorial board alongside Robert Salmon and Philippe Viannay. He soon left the newspaper, taking up his former position as a librarian, and participated in the promotion of the Social History Publications in 1966. Following his retirement in Auxerre, Michel Bernstein died on August 15, 2003.


Source: Olivier Wieviorka, Une certaine idée de la Résistance. Défense de la France. 1940-1949, Paris, Seuil, 1995. Alain Vincenot, La France résistante. Histoires de héros ordinaires, Paris, Syrtes Publications, 2004, account by Michel Bernstein. Philippe Viannay, Du bon usage de la France. Résistance, Journalisme, Glénans, Paris, Ramsay, 1988. Michel Bernstein, Passages and Notes of no importance (1944-1945), Auxerre, Modern Printers of Auxerre, 1995.


Traduction : Matthias R. Maier


Auteur : Cécile Vast (fiche rédigée dans le cadre du dvd-rom La Résistance en Ile-de-France, édition AERI, 2004)

Author: Cécile Vast