Légende :
Le général de Gaulle, en visite à l'Ile-de-Sein, remet la Croix de la Libération à l'Ile. Il rend ainsi hommage au courage des Sénans, les premiers hommes libres l'ayant rejoint à Londres.
Genre : Image
Type : Actualités filmées
Source : © Institut national de l’audiovisuel Droits réservés
Détails techniques :
Durée : 1 min 47 sec
Date de diffusion : 5 septembre 1946
Diffuseur : Actualités françaises
Lieu : France - Bretagne - Finistère - Ile de Sein
Transcription :
(Musique)
Commentateur
Juin 1940. C'est de ce port de l'Ile-de-Sein, sentinelle isolée et sauvage de l'extrême occident, que partirent ces hommes farouches qui conservèrent l'espoir. Souvenons-nous, ils furent les premiers. A bord de ce petit bâtiment : la première unité des forces navales libres. Ces hommes qui vivaient sur la mer s'embarquèrent tous pour un long voyage, un très long voyage dont beaucoup ne sont pas revenus.
(Musique)
Commentateur
Août 1946. Celui qui fut pour les Iliens le symbole de la résistance est enfin revenu parmi eux. Le général de Gaulle a remis à l'Ile-de-Sein la Croix de la Libération. A ces femmes qui pendant cinq ans ont tenu leur voeu de porter le deuil de la France, à ces hommes qui pendant cinq ans d'exil ont combattu, le général de Gaulle, fidèle à sa promesse, est venu rendre hommage.
Foule
Vive de Gaulle ! Vive de Gaulle !
(Musique)
Commentateur
Après avoir parcouru les chemins de l'Ile, le Général, accompagné de Madame de Gaulle, a dû se résoudre à quitter ses premiers compagnons.
(Musique)
Commentateur
Image touchante que celle de ces gens, simples et rudes, qui ne peuvent se résigner à voir disparaître à leurs yeux celui qui reste si près de leur coeur.
(Musique)
L'Ile-de-Sein est la collectivité territoriale la plus décorée de France au titre de la Résistance : Croix de la Libération (1er janvier 1946), Croix de guerre 1939-1945 et Médaille de la Résistance avec rosette (27 août 1946).
Sein est une petite île située au large de l’extrémité sud-ouest de la Bretagne, face à la pointe du Raz, sur laquelle vivent un millier de personnes. En juin 1940, une grande partie des hommes sont mobilisés ou appelés à travailler sur le continent. Par ailleurs, une garnison de 24 hommes y stationne. L’île reçoit les informations des quelques navires qui y accostent ou des rares postes de TSF qui s’y trouvent. Ces communications deviennent de plus en plus difficiles et les nouvelles ne parviennent que par bribes, échos d’une situation qui ne cesse de s’aggraver. Les Sénans apprennent ainsi la prise de Rennes et de Brest et voient arriver les premiers soldats repoussés par l’avancée allemande. De nombreux navires transitent ainsi par l’île, tel le Zénith qui, via Ouessant et Sein, fait route vers la Grande-Bretagne pour y emmener une petite troupe de chasseurs alpins. La menace se rapproche ; les tirs et bombardements allemands se multiplient.
Prévenus par un gardien du phare d’Ar-Men que l’appel d’un général français sera rediffusé le soir même à la BBC, les îliens et les personnes présentes sur l’île se regroupent le 22 juin autour de l’un des postes existants pour entendre cette intervention. A l’écoute du message, le choix se fait très vite. Cinq navires sont pour l’heure disponibles. Ils prennent la mer les 24 et 26 juin. Le premier, le Velleda part avec à son bord la garnison de l’île et les premiers Sénans, suivi du Rouanez ar Mor, puis du Corbeau des mers, du Maris Stella et du Rouanez ar Péoc’h. Certains habitants partent sur d’autres petites embarcations. Ainsi, du 24 au 26 juin, 114 îliens, que la mobilisation avait écartés à cause de leur âge ou de leurs charges de famille, partent de Sein. Plus tard, d'autres rejoindront l'Angleterre par divers moyens. Au total, 128 Sénans quitteront l'île pour la Grande-Bretagne ; le plus âgé a alors 54 ans et le plus jeune, 14 ans.
Début juillet, ceux qui ont rejoint l'Angleterre sont regroupés, avec trois cents autres volontaires, à l'Olympia Hall, à Londres, où le général de Gaulle les passe en revue. Serrant la main à chacun, qu'il interroge sur son origine, le chef des Français libres, extrêmement surpris du nombre de Sénans présents dans l'assistance, aurait alors dit : « l'Ile-de-Sein, c'est donc le quart de la France ! »
Les Sénans reçoivent ensuite diverses affectations, en fonction de leur âge et de leurs spécialités, la plupart étant admis dans les Forces navales françaises libres (FNFL) et servant dans un premier temps sur le Courbet. Les plus âgés sont ensuite affectés au Service des pêches de Penzance ou dans la marine marchande de la France libre et participent au ravitaillement de l’Angleterre. Les plus jeunes sont versés dans des unités combattantes (fusiliers marins) et sur les navires et sous-marins des FNFL.
Les Allemands occupent l’Ile-de-Sein dès le début de juillet, y installant mines et barbelés. Une réglementation sévère est appliquée concernant la circulation tant dans l’île que sur mer. Les conditions matérielles sont difficiles et le restent même après le retour des mobilisés. En dépit de cela, une aide aux familles des Sénans ayant rejoint l’Angleterre est organisée.
En tout, 18 marins de l’Ile-de-Sein sont morts pour la France. Le tribut le plus lourd, avec six marins tués, a été payé en 1942 avec les naufrages de l’Alysse, de la Mimosa, du Surcouf, du Vikings et du Chasseur 8 Rennes.
Finalement, la libération de Sein à lieu le 4 août 1944 avec le départ de la garnison allemande qui, avant son évacuation, détruit à l’explosif le phare de l’île.
Le 30 août 1946, le général de Gaulle se rend sur l’Ile et lui remet la Croix de la Libération à l’occasion d’une cérémonie simple et émouvante.
Sources :
Site Internet du musée de l'Ordre de la Libération.
Serge Ribault, "L'Ile-de-Sein" in La flamme de la Résistance. Les cinq communes compagnon de la Libération, Cherche Midi, 2012.