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Abbaye de Timadeuc

Légende :

Plaque commémorative apposée sur le calvaire de Timadeuc, érigée en 1946, à la mémoire du père Guénaël Thomas

Genre : Image

Type : Calvaire

Source : © Salsero 35 / Wikimedia Libre de droits

Détails techniques :

Photographie numérique.

Date document : 19 juillet 2011

Lieu : France - Bretagne - Morbihan - Bréhan

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Analyse média

Cette plaque a été apposée sur la calvaire de l'abbaye de Timadeuc en 1990 à l'intitiave de la section du Morbihan de l'Association nationale des médaillés de la Résistance française. 


Contexte historique

Fidèle à la tradition du droit d'asile des monastères, l'abbaye de Timadeuc se trouve confrontée à de redoutables problèmes avec l'occupation de la France par les Allemands. Alors que les autorités allemandes ne reconnaissent pas ces droits, Timadeuc continue à appliquer cet antique droit de protection des faibles et des pourchassés, y compris envers les Allemands si ceux-ci ne présentaient pas en occupants. 

La première action se situe dès juillet 1940 avec le recueil d'un soldat canadien blessé et prisonnier qui était soigné à l'hôpital de Pontivy. Très vite, l'abbaye fut connue comme un lieu de refuge et d'hébergement par les aviateurs alliés, les prisonniers évadés, puis par les réfractaires et les résistants en danger d'arrestation.

Mais la participation à la Résistance devait aller beaucoup plus loin sous l'impulsion de certains moines, avec le consentement du Père Abbé, Dom Dominique Nogues, qui, en revanche, veillait à maintenir les autres religieux dans l'ignorance par mesure de sécurité et pour éviter de compromettre la communauté en tant que telle. 

Le plus engagé des moines fut le Père Guénaël Thomas, cellérier du monastère (religieux chargé de l'approvisionnement du cellier, c'est-à-dire de toutes les denrées alimentaires mais également responsable des finances), qui dès son retour de captivité en juin 1941 prit contact avec la Résistance. Il n'hésita pas à prendre de nombreuses responsabilités : hébergement d'aviateurs, de parachutistes, de résistants, parachutages d'armes sur les terres du monastère, caches d'armes... Il fit même aménager dans un sous-sol assez long et sans fenêtre une salle de tir où des jeunes de la région accédaient la nuit pour essayer les armes parachutées. Il participa aussi au ravitaillement du maquis de Coëtmoru, situé près d'un moulin appartenant à l'abbaye.

Le Père Gabirel Blourdier fut un résistant discret mais efficace. Sous-prieur et secrétaire comptable, il remplaçait le cellérier en 1939-1941. Devenu prieur en 1943, il était au courant de tout et restait en liaison constante avec le Père Abbé et le Père Gwénael Thomas. Il devint abbé de Timadeuc en 1946.

Le Père Le Pennen se fit une spécialité dans la confection de fausses cartes d'identité, non seulement pour ceux qui se réfugièrent à l'abbaye mais aussi pour les jeunes réfractaires au STO engagés dans les nombreux maquis de la région. Son frère, l'abbé Jean Le Pennuen, alors vicaire à Locminé, venait en prendre livraison pour les jeunes des maquis de cette région. 

Les prêtres confesseurs au monastère eurent un rôle plus caché mais non moins efficace auprès de ceux qui venaient les consulter. Ils furent d'ailleurs accusés d'endoctriner les gens pour en faire des gaullistes. 

Malgré les précautions prises, la Gestapo, qui surveillait Timadeuc, finit par soupçonner une activité qu'elle ne pouvait admettre. Le 14 juin 1943, lundi de Pentecôte, vers 15 heures, le monastère fut cerné par une compagnie de SS. Un officier et quelques hommes entrèrent dans l'église. Moines, hôtes, résistants, ouvriers et promeneurs furent alignés le long du mur de la grange, surveillés par des SS, mitraillettes au poing. Il n'y eut pas de fouilles systématiques des bâtiments, ce qui empêcha la découverte dans une pièce fermée à clef, de fausses cartes d'identité et d'un code de correspondance avec l'Angleterre. 

Vers 21 heures, le Père Guénaël fut conduit devant les fagots de bois cachant les armes. Celles-ci furent chargées dans des camions et le Père Guénaël fut mis en état d'arrestation. Emmené à la prison de Rennes, il y fut durement interrogé. Ses réponses sauvèrent certainement le monastère. Il fut déporté à Neuengamme où il mourut d'épuisement en janvier 1945, à l'âge de 45 ans. 

L'arrestation du Père Guénaël fut un coup dur, mais ne mit pas fin aux activités clandestines du monastère. Son successeur continua à assurer avec discrétion l'accueil des résistants, parachutistes ou évadés. 

La Médaille de la Résistance a été remise à l'Abbaye de Timadeuc le 31 janvier 1946 par Victor Le Gorgueu, commissaire régional de la République, au cours d'une cérémonie intime dans la salle du Chapître de l'Abbaye. 


Source : "Hommage au Père Guénaël, résistant de Timadeuc - Bréhan", Ouest-France, 10 août 2011.
"Guerre sans haine... Timadeuc 1940-1945", document communiqué par l'abbaye de Timadeuc. 
Association nationale des médaillés de la Résistance, La Médaille de la Résistance française, Lavauzelle, 2002.