Plaque à la mémoire de Jacques Lecompte-Boinet

Légende :

Plaque commémorative de Jacques Lecompte-Boinet, située Passerelle des Arts, Paris

Genre : Image

Type : Plaque

Source : © Département AERI de la Fondation de la Résistance Droits réservés

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Retranscription : 

" A la mémoire de Jacques Lecompte-Boinet, Compagnon de la Libération, fondateur et chef jusqu'à la Libération du mouvement Ceux de la Résistance, ce pont fut le lieu de rencontres clandestines avec ses camarades qui, comme lui, risquaient la torture et la mort. Ici, Vercors lui confia des exemplaires des éditions de Minuit destinés au général de Gaulle "


Contexte historique

Jacques Lecompte-Boinet est né le 26 avril 1905 à Evreux dans l'Eure. Fils et petit-fils d'officiers, son père, chef d'escadrille, est mort pour la France en 1916. Diplômé de l'Ecole de Sciences politiques, il est engagé comme fonctionnaire dans les services financiers de la préfecture de la Seine. Gendre du général Mangin, il est père de quatre enfants et n'est pas appelé sous les drapeaux lors de la mobilisation de septembre 1939. De retour à Paris après la débâcle, en juillet 1940, il ressent comme insupportable l'occupation allemande. Cherchant à agir, il a l'occasion de rencontrer le colonel Alfred Heurtaux au ministère des Prisonniers, qui lui propose d'espionner les hauts fonctionnaires de la préfecture. Lecompte-Boinet, qui ignore à ce moment-là les réalités de la vie de résistant, et ne souhaite que participer à une action armée décline cette offre ; l'affaire en reste là.

Début octobre 1941, il intègre le mouvement Combat, créé par Henri Frenay en zone Sud, et dont Robert Guédon dirige la filiale en zone Nord. Chargé du bureau d'information du mouvement, il dépouille des papiers en provenance du Deuxième Bureau de Vichy et de différents services économiques et rédige des revues de presse destinées à être lues sur une radio clandestine que doit installer le mouvement et à paraître dans plusieurs journaux clandestins.

En février 1942, il échappe de peu à l'arrestation dans les locaux loués par le mouvement pour les besoins du service d'information. Une trahison au sein du mouvement provoque en effet une vague d'arrestations qui aboutissent au démantèlement de l'état-major parisien de Combat en zone Nord. Dès mars 1942, Jacques Lecompte-Boinet, presque seul avec Henry Ingrand puis avec Pierre Arrighi, ne parvenant pas à rétablir la liaison avec la zone Sud et Henri Frenay, entreprend de mettre sur pied son propre mouvement : l'Organisation nationale de la Résistance.
Fin juin 1942, il échappe de nouveau miraculeusement à une arrestation lors d'une souricière à Paris au cours de laquelle Henry Ingrand est interpellé. Avec Pierre Arrighi, il organise au sein du mouvement - qui prend le nom de Ceux de la Résistance (CDLR) - un important réseau de renseignement (Manipule) et participe personnellement, au cours de nombreux déplacements, à la formation de groupes d'action militaire, notamment en Champagne, en Bourgogne, en Normandie et dans l'Est de la France. Début 1943, CDLR intègre le mouvement lorrain Défense de la Patrie.

CDLR devient rapidement l'un des cinq grands mouvements de Résistance de la zone occupée et assure jusqu'à la Libération le sabotage des voies ferrées et navigables de l'Est, perturbant considérablement les transports de l'ennemi dans une région d'une importance pour lui primordiale. Le mouvement assure également de nombreuses réceptions de parachutages.
Membre du Comité de coordination des mouvements de Résistance de la zone Nord, il est également membre du Conseil national de la Résistance (CNR) dès sa création, le 27 mai 1943, comme représentant de CDLR. Dès 1943, traqué par la Gestapo, il vit dans la clandestinité et échappe une troisième fois à ses recherches. En septembre 1943, il part pour Londres et, de là, rejoint Alger où il apporte au général de Gaulle, et au Comité français de libération nationale, l'assurance de l'appui entier de son organisation. A sa demande, il revient en France début février 1944 pour reprendre son poste à la tête de CDLR, décimé par les arrestations depuis novembre 1943.

Le 18 août 1944, mandaté par le Gouvernement provisoire, il s'empare à Paris du ministère des Travaux publics dont il devient le secrétaire général par intérim jusqu'à l'installation de René Meyer, le 3 septembre. CDLR, sous l'impulsion de Jacques Lecompte-Boinet, fournit en outre un effectif conséquent aux Forces françaises de l'intérieur au moment de la libération du territoire. Délégué de l'Assemblée consultative provisoire, il est également vice-président de la commission nationale pour le Rééquipement.

En 1946, Jacques Lecompte-Boinet est nommé ministre puis ambassadeur en Colombie, puis de 1951 à 1955, ambassadeur en Finlande. De 1955 à 1961, il occupe les fonctions de délégué de la France au Conseil de l'Europe puis, de 1961 à 1965, celles d'ambassadeur de France en Norvège. Il est ensuite en mission à l'administration centrale du ministère des Affaires étrangères.

Jacques Lecompte-Boinet est décédé le 27 novembre 1974 à Sèvres. Ses obsèques ont été célébrées en l'église Saint-Louis des Invalides. Il a été inhumé au cimetière du Père Lachaise à Paris.

Décorations :
Commandeur de la Légion d'honneur, Compagnon de la Libération (décret du 18 janvier 1946), médaille de la Résistance avec rosette, croix de CVR.