Insigne Special Force des Jedburgh

Genre : Image

Type : Insigne

Producteur : Création Victor Gough

Source : © Photographie d’un insigne de la collection Bertrand Souquet Droits réservés

Détails techniques :

Ecusson en coton sur feutrine noire avec les ailles blanches fortement inspiré du brevet de parachutiste britannique.

Date document : Sans date

Lieu : Angleterre

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Analyse média

L’insigne a été créé en avril 1944 au moment où la formation des Jedburgh les plus anciens parvenait à son terme. Il devenait nécessaire de renforcer la cohésion entre les différentes nationalités en leur faisant porter un insigne commun. Un concours de dessin fut organisé et gagné par un ancien caricaturiste du journal Punch, le capitaine anglais Victor Gough, exécuté par la Gestapo juste avant la libération du camp du Strutoff, où il était interné.

Le centre de l’insigne est occupé par un cercle rouge dans lequel s’inscrivent les lettres bleutées (SF) pour Special Forces.

Les noms des fabricants ne sont pas connus. L’insigne tissé est porté à l’anglaise sur la manche droite par les Jeds en uniforme agissant en France.


Auteur : Bertrand Souquet

Contexte historique

La participation de Français à l’épopée Jedburgh est décidée en 1943. La création au mois de mai du CNR (Comité National de la Résistance) dirigé par Jean Moulin, qui a réussi l’unification et la coordination des différents mouvements de Résistance sous l’autorité du général de Gaulle, arrive à point nommé pour aider aux rapprochements nécessaires entre la France et les Alliés et pour obtenir le maximum d’efficacité dans l’exécution des missions Jedburgh à venir.

Le 30 mai 1943, le général de Gaulle déménage de Londres et installe son quartier général à Alger. À la même époque – premier signe de volonté de collaborer pleinement avec la France, le SOE (Special Operations Executive) propose, au War Office, que des plans de sabotage en France soient préparés en accord avec le BCRA (Bureau central de renseignement et d’action) du colonel Passy.

Le 21 juillet 1943, le projet Jedburgh est définitivement accepté par les autorités américaines et britanniques. Il consiste à créer des équipes de trois hommes dont l’un d’entre eux devra être originaire du pays où se déroulera la mission. Le rôle essentiel assigné à ces équipes sera d’assurer la liaison entre les groupes de Résistance armés et les forces d’invasion alliées. Elles devront participer au développement des mouvements de Résistance, les armer, les équiper, donner des directives et planifier des actions. Il est prévu de parachuter les Jedburgh en uniforme afin de leur assurer la protection des conventions de La Haye et de Genève. Néanmoins, une directive établit clairement qu’ils auront le droit de mener leur mission en civil si la situation l’exige et qu’il n’y aura là rien de déshonorant.

Les Anglais ayant accepté la proposition des Américains de porter à 100 le nombre des équipes, il est alors demandé à la France de recruter des volontaires. L’ambassadeur Dillon est chargé par les Alliés d’entretenir le colonel Passy de ce plan. Le chef du BCRA se rend à Alger pour en informer le général de Gaulle qui l’accepte immédiatement malgré son hostilité connue à tout organisme interallié dans lequel les Français se trouveraient en minorité et son souci de contrôler, personnellement ou à travers Jean Moulin, l’ensemble de la Résistance en excluant toute intervention étrangère.

L’accord du général de Gaulle obtenu, le BCRA commence la recherche des volontaires sur la base de critères bien choisis car il ne s’agit pas de recruter des baroudeurs mais des hommes courageux, intelligents et capables d’apprécier une situation locale par rapport à une situation d’ensemble. Il leur est demandé aussi de former des instructeurs et de savoir s’imposer tant aux chefs des maquis qu’aux autorités civiles en place. L’objectif visé est donc bien de recruter des Jedburgh en mesure de s’imposer par leurs qualités. Les officiers envoyés en Angleterre sont soumis à des tests physiques et intellectuels très sévères avec intervention de psychologues, le choix définitif étant fait après délibération d’un jury.

Le poste de commandement des Jedburgh (Jeds) est au château de Milton Hall à 7 km de Peterborough dans le comté du Northamptonshire. Les rapports entre les diverses nationalités y manquent de cordialité. Les Français, qui ont subi trois années de propagande de Vichy à laquelle vient s’ajouter la souvenir de Mers-El-Kébir manquent singulièrement de chaleur à l’égard de leurs camarades britanniques. La plupart ont pris part aux combats de 1940 en France puis à ceux de Tunisie en 1943. Ils se retrouvent donc avec étonnement face à des instructeurs américains ou anglais qui prétendent leur apprendre à faire la guerre. En réalité, les Alliés veulent leur inculquer les principes de la guérilla, une forme d’affrontement bien différente du combat entre armées régulières.

Le programme de formation commence par six semaines d’instruction de base suivies de six autres semaines d’instruction « opérations », sans compter un séjour à STS 51, l’école de saut de Ringway, dans la banlieue de Manchester. Ils y effectuent un saut de ballon ainsi qu’un saut de jour et un de nuit à partir d’un bombardier Withley ou Lancaster. Au château, la journée se partage entre les cours et les activités physiques. On fait du sport, du close-combat, des marches commandos de plus en plus longues avec des charges de plus en plus lourdes. On pratique intensément le tir instinctif et la manipulation des armes alliées et ennemies ainsi que l’usage de tous les types d’explosifs.

Dans chaque équipe un opérateur radio est prévu mais les deux officiers apprennent également à communiquer en morse afin d’être, le cas échéant, en mesure de le remplacer en sachant utiliser, le « Jed-set » poste radio spécialement conçu et fabriqué par et pour le SOE. Toutes les techniques des opérations aériennes clandestines, d’organisation de zone de largage et de réception de matériel leur sont inculquées. De grandes manœuvres d’infiltration sont organisées avec les hommes de la Home Guard qui jouent le rôle du plastron. L’attaque de nuit d’un stock de munitions ou d’un dépôt de carburant avec les instructeurs comme sentinelles les oblige à effectuer ces exercices avec le plus grand sérieux. Les exercices en commun, l’entraînement physique extrêmement dur finissent par créer des liens de camaraderie entre tous ces hommes. Lorsque arrive, au mois d’avril 1944, le moment de former les équipes (Teams), le colonel Murgrave, commandant de l’école, applique une procédure inconnue dans l’Armée française. Il demande à chaque stagiaire d’écrire confidentiellement sur un papier les noms des camarades de l’une et l’autre nationalité avec lesquels il aimerait combattre en France, soit comme chef, soit comme adjoint. Le commandant de l’école donne alors, autant que possible, satisfaction au plus grand nombre d’entre eux. Les officiers de chaque équipe ainsi formée partagent la même chambre afin de développer l’esprit de cohésion en se rodant à la vie commune. Le succès de cette méthode peu banale fut réel, puisque aucune équipe sur le terrain ne connaîtra d’incidents occasionnés par des incompatibilités de caractère.

Le 1er mai 1944, l’état-major Special Operations de l’OSS (Office of Strategic Service états-unien) et SOE change son nom en SFHQ (Special Forces Headquarters) et en prévision du débarquement de Provence, il crée un état-major SO/SOE à Alger sous l’appellation de SPOC (Special Operational Center). Le 2 mai, 15 équipes lui sont affectées et quittent l’Angleterre pour le camp d’entraînement du SOE « Massingham » situé à l’ouest d’Alger. D’Algérie les équipes (teams) partent en avions Halifax, Liberator, C47 et B 17, à partir des bases de Maison Blanche et de Blida.

Chaque équipe est parachutée sur le sol de France avec une quinzaine de containers d’armes et d’équipements. Ce qui contribue à les imposer efficacement aux yeux des maquisards qui vivent souvent depuis longtemps dans un dénuement total.

Première en date des missions Jedburgh pour la Drôme, Véganine sera suivie par les missions Dodge, Chloroforme, Eucalyptus et Monocle.


Auteurs : Pierre Balliot
Sources : Souquet Bertrand, Histoire des Jedburgh Symboles et traditions, bulletin 191, juillet-août-septembre 2004. Carnets et documents personnels du capitaine Jean Souquet, alias Jean Kernevel ayant effectué quatre missions Jedburgh.