Légende :
Albert Ouzoulias, commissaire militaire national des FTP, responsable des FTP d'Ile-de-France (juillet 1944)
Genre : Image
Type : Portrait
Source : © Collection Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne, fonds Ouzoulias, carton 55 Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : 1945
Lieu : France - Ile-de-France
Albert Ouzoulias naît le 20 janvier 1915 à Contrevoz, dans l'Ain. Après un échec au concours d'entrée à l'école normale de Bourg-en-Bresse, il est employé au tri postal dans la gare communale. Durement marqué par la mort de son père lors de la Grande Guerre, il est farouchement pacifiste et se passionne pour les ouvrages d'Henri Barbusse et de Romain Rolland. L'année suivante, il monte à Paris pour assister au congrès organisé à la salle Pleyel par le Comité international de lutte contre la guerre et le fascisme. Dès lors, il s'investit totalement dans les travaux de l'organisation.
En 1934, il devient successivement secrétaire du comité dans sa commune de Virieu-le-Grand (Ain), secrétaire départemental des Jeunes contre le fascisme, puis membre du comité national du mouvement. C'est par ce biais qu'il adhère aux Jeunesses communistes où il fait rapidement preuve d'un grand dynamisme. Dès 1935, il est appelé à Paris comme permanent et nommé au bureau national des JC en tant que responsable de la propagande. En août de la même année, il accompagne la délégation conduite par Danielle Casanova au congrès de l'Internationale communiste des Jeunes à Moscou. De retour en France, il prépare le congrès fondateur de l'Union de la Jeunesse agricole de France, participe à la structuration des JC dans une dizaine de départements, notamment dans le Lyonnais, et à la formation du Front populaire dans l'Ain. Après son service militaire (1936-1938), il est élu secrétaire général des JC dans la région Rhône-Ain-Isère.
En 1939, lors d'une fête des JC, il fait la connaissance d'une jeune militante, Cécile Romagon. Née le 13 septembre 1912 aux Riceys, dans l'Aube, celle-ci avait quitté l'école à treize ans pour travailler, comme la plupart des membres de sa famille, dans l'industrie textile. En 1935, alors que son père était élu conseiller municipal communiste à Troyes, elle adhérait au PCF. En 1936, elle devenait déléguée CGT de son entreprise, Aube Bonneterie, participait à la création de l'Union des jeunes filles de France dans son département natal, avant d'être élue au conseil national de la nouvelle organisation, sous la direction de Danielle Casanova.
En mars 1939, peu après sa rencontre avec Cécile Romagon, Albert Ouzoulias est appelé sous les drapeaux. Les deux jeunes gens restent néanmoins en liaison et se marient le 11 mai 1940. Immédiatement après la cérémonie, Albert Ouzoulias part combattre dans la Somme avec ses camarades du 12e régiment d'artillerie coloniale d'Agen où il sert comme pointeur sur une pièce d'artillerie. Il est fait prisonnier le 10 juin 1940 et interné au Stalag XVIIB à Krems, en Autriche. En septembre suivant, il est affecté, avec d'autres compagnons du 12e RI, au commando de Linz pour effectuer des travaux de terrassement et de construction. Il s'évade, le 1er mai 1941, en compagnie d'un jeune communiste de Fourmies, Apollinaire Loiseau, mais il est repris trois jour plus tard. Ramené à Krems, il est sanctionné par trois semaines d'isolement en cellule, ne recevant de nourriture qu'un jour sur trois. Cela ne l'empêche pas d'intégrer, dès sa sortie, l'organisation communiste clandestine du camp.
Celle-ci dispose d'une radio clandestine grâce à laquelle Albert Ouzoulias apprend l'attaque de l'URSS. Cette nouvelle renforce ses velléités d'évasion.Il s'échappe une deuxième fois, dans la nuit du 25 au 26 juillet, en compagnie de deux militants communistes, le Savoyard Raymond Pétronin et Pierre Fournit, un ouvrier horloger du Xe arrondissement de Paris. A la gare de Krems, les trois hommes se cachent sous les banquettes d'un train en partance pour la France et atteignent St-Julien-les-Villas, ville de la banlieue de Troyes où résident les Romagon. Albert Ouzoulias trouve la maison vide. Sa belle-soeur lui apprend que la plupart des membres de sa famille ont été arrêtés ou sont passés dans la clandestinité. Sa femme, secrétaire du PCF clandestin de l'Aube depuis octobre 1940, vient d'être mutée à la tête de la fédération de la Marne. Albert Ouzoulias la retrouve le 29 juillet, à Reims, dissimulée sous le nom de Mme Martial. Son fils, Maurice, né pendant sa détention, se trouve alors chez sa mère à Virieu-le-Grand. Ses activités ne lui permettront de faire sa connaissance qu'en septembre suivant, lors d'un passage en zone sud. Grâce à Cécile, Albert Ouzoulias reprend immédiatement contact avec l'appareil central du Parti. Dès le 2 août 1941, il est convoqué à Paris par Danielle Casanova. La rencontre a lieu dans un café de Port Royal, la Closerie des Lilas. Intégré à la direction nationale clandestine des Jeunesses communistes, aux côtés d'André Leroy, Camille Baynac, Lucien Dorland, Pierre Georges et Danielle Casanova, Albert Ouzoulias est chargé d'en constituer les premiers groupes armés. Quelques heures plus tard, André Leroy lui présente son futur adjoint, "Frédo" (Pierre Georges). Peu après, Arthur Dallidet le mène à Eugène Hénaff, responsable national de la lutte armée, sous la direction de Charles Tillon. Albert Ouzoulias adopte alors le pseudonyme de "Marc", nom du héros de L'Ame Enchantée, de Romain Rolland. Il prend une petite chambre au 20 rue de Varize, dans le XVIe arrondissement, premier d'une série de 23 domiciles clandestins, et choisit de se faire passer pour un représentant de commerce, couverture efficace pour justifier ses nombreux déplacements.
A cette époque, les JC portent essentiellement leurs efforts sur la propagande avec l'édition de nombreux tracts et journaux clandestins. Depuis l'attaque de l'URSS, elles multiplient les manifestations patriotiques. Albert Ouzoulias co-organise celle du 13 août 1941 à Paris, qui voit l'arrestation d'Henri Gautherot et Samuel Tyszelman. La lutte armée, en revanche, reste embryonnaire : quelques sabotages, des jets de pierre dans les vitres d'établissements allemands et collaborationnistes, des récupérations d'armes et d'explosifs. C'est la séance de "camping" organisée du 15 au 17 août, dans les bois de Lardy, près d'Etampes, qui marque la véritable naissance des groupes armés des JC parisiennes, les "Bataillons de la Jeunesse". En fait d'une sortie champêtre dans les bois de Lardy (près d'Etampes), il s'agit d'un stage d'entraînement à la guérilla. Une vingtaine de militants, choisis parmi les plus déterminés, y participe : Maurice Le Berre, Marcel Bourdarias, Pierre Tourette, etc. Pierre Georges, ancien combattant des Brigades internationales les initie au maniement des armes tandis qu'Albert Ouzoulias leur explique la stratégie du parti : l'entrée en guerre de l'URSS annonce une défaite prochaine de l'Allemagne que les Français se doivent de hâter en multipliant les sabotages et les attaques contre les troupes d'occupation. Si le premier objectif fait l'unanimité, le second est plus difficile à faire comprendre. Le charisme de Pierre Georges et l'exécution, de Gautherot et Tyszelman, le 19 août, lèvent les réticences.
Cependant, le passage à l'acte est difficile. C'est Pierre Georges qui, deux jours plus tard, montre l'exemple en exécutant un officier de la Wehrmacht au métro Barbès. Durant les semaines qui suivent, une répartition technique et géographique des tâches semble s'opérer entre Pierre Georges et Albert Ouzoulias. Alors que le premier se consacre essentiellement au développement des opérations militaires en région parisienne, le second se charge plus particulièrement des questions de recrutement et assure la liaison avec les neuf interrégions de la zone nord et l'Alsace-Lorraine.
De la mi-août à la fin septembre, Albert Ouzoulias effectue une tournée des différents responsables JC de la France occupée. Il rencontre notamment Madeleine Vincent, Michel Brulé et Eusébio Ferrari dans le Nord-Pas-de-Calais, Claudine Guérin à Rouen, André Duroméa au Havre, Louis Coquillet à Rennes, Henri Viala à Angers, Guy Gauthier et Jean Vignot à Nantes... En octobre 1941, ses filières sont utilisées pour organiser la venue à Nantes de trois combattants parisiens, Gilbert Brustlein, Marcel Bourdarias et Guisco Spartaco. Accueillis par Guy Gaultier, les trois hommes exécutent le 20 octobre le Feldkommadant de la ville, le lieutenant-colonel Holtz.
Le même mois, le secrétariat national du PCF décide l'unification de tous les groupes armés au sein d'une structure unique, l'Organisation spéciale (OS) qui deviendra, au printemps 1942, les Francs-Tireurs et Partisans. Sa direction, le Comité militaire national (CMN), se constitue autour de Charles Tillon ("Japy"). Elle se compose d'un commissaire militaire, Jules Dumont ("Paul"), bientôt remplacé par Georges Vallet ("Raoul"), d'un commissaire politique, Eugène Hénaff ("Jules", "Deni "), auxquels s'ajoute, en janvier 1942, un commissaire technique, Georges Beyer ("Bernard").
Albert Ouzoulias intègre le CMN en tant qu'adjoint d'Eugène Hénaff, peut-être dès sa création. Il apporte ainsi à l'organisation ses contacts, déjà nombreux, avec les groupes clandestins des JC de toute la Zone nord. Il noue rapidement des liens étroits avec Eugène Hénaff. Cette coopération se renforce après sa promotion, en mai 1942, au poste de commissaire militaire national, en remplacement de Georges Vallet.
Albert Ouzoulias est sans doute l'un des principaux apôtres de ce que Charles Tillon appellera plus tard la tactique de la "goûte de mercure" : une attaque éclair contre un objectif soigneusement étudié, menée par un groupe de trois ou quatre combattants et suivie d'un repli immédiat des combattants selon des itinéraires prédéfinis. Comme en témoigne sa correspondance avec Eugène Hénaff, conservée au Musée de la Résistance de Champigny et partiellement publiée dans Les Fils de la Nuit (1975), cette tactique ne fait pas tout de suite l'unanimité. Ainsi, Jules Dumont, ancien combattant des Brigades internationales, prône la constitution de grosses unités capables de s'attaquer des postes allemands isolés. Etant donné la supériorité numérique et logistique de l'ennemi, cette tactique est rejetée.
Tout au long du conflit, Albert Ouzoulias s'attache à promouvoir le perfectionnement des techniques de la guérilla urbaine. Comme Henry Tanguy et Joseph Epstein, il consulte à cet effet les ouvrages militaires publiés aux éditions Lavauzelle. D'autre part, il reçoit, analyse et critique les compte-rendus des actions effectuées d'abord en zone occupée, puis dans toute la France. Aidé par sa femme, il en tire des synthèses qui fournissent la matière à des directives transmises ensuite aux régions. Il décrit les opérations les plus réussies dans les communiqués militaires du journal des FTP, France d'Abord, ce afin de susciter l'imitation et d'entretenir l'émulation au sein des FTP. A l'été 1943, il impose la "tactique Epstein". Celle-ci, en améliorant la protection des combattants lors du repli permet, permet aux FTP de s'attaquer à des détachements allemands très supérieurs en nombre. D'abord mise en oeuvre par les FTP-MOI parisiens de Missak Manouchian, cette tactique est ensuite étendue à la province. Avec le développement de la lutte armée, le commissariat militaire national des FTP s'étoffe.
A partir de 1943, Albert Ouzoulias s'entoure d'adjoints pour maintenir des liens réguliers avec les régions ; Jean Petit d'abord, puis Marcel Deneux, enfin André Duroméa ("Denis"). Par ailleurs, le nombre de ses agents de liaison ne cesse de croître. Ses contacts avec le commissaire politique national sont assurés par Germaine Hénaff et sa soeur, Simone Chaplain, puis par Aline Artaut et Maria Valtat. "Claire" (sans doute Germaine Beyer) effectue le lien avec Georges Beyer, tandis que Juliette Fajon, la femme du député communiste Etienne Fajon, est chargée des liaisons avec Aimé Albert, un des responsables du service sanitaire des FTP. A ces femmes s'ajoutent Andrée Tessier, Edwige Romagon, Louisette Giraud, Yvette Nicolas, Jeannette Dubois, Simone Jacquerot ou encore Alba Matta, qui est aussi sa dactylo. L'ensemble est dirigé depuis avril 1942 par Cécile Ouzoulias. En effet, celle-ci avait quitté le département de la Marne en septembre 1941, à la demande de Danielle Casanova, pour devenir responsable nationale aux cadres des comités populaires féminins. C'est elle qui, en octobre 1941, affecta Lise London à la direction des organisations féminines de la région parisienne. Officiellement, elle vivait seule avec sa mère, Edwige Romagon, et ne devait avoir aucun contact avec son mari. Cependant, le couple ne put s'empêcher de commettre des entorses aux règles de sécurité.
En avril 1942, Albert Ouzoulias parvint à régulariser leur situation en obtenant le passage de sa femme aux FTP. Les deux époux peuvent enfin vivre ensemble.
Ces premiers mois de vie commune sont souvent scandés par des moments d'angoisse et de drame. Par deux fois, Albert Ouzoulias manque de périr sous les balles de la police française. En décembre 1942, sa femme, déjà très affectée par l'internement de son frère cadet, Pierre, puis par l'exécution de son père, apprend l'arrestation de son dernier frère, le FTP Raymond Romagon.
Elle-même est arrêtée en avril 1943, lors d'un contrôle d'identité, porteuse de faux papiers au nom de Jeanne Cunin, d'une carte textile volée par des FTP à la mairie de Champagne sur Oise, de titres d'alimentation, également dérobés, d'un carnet de rendez-vous et du plan d'action des FTP pour le 14 juillet à venir. Elle réussit heureusement à se débarrasser des documents les plus compromettants, empêchant ainsi la police de découvrir ses véritables responsabilités. Pendant la durée de l'enquête, elle est emprisonnée à la Petite Roquette où elle retrouve Simone Chaplain et Irène Gravisse, qui travaillaient pour Eugène Hénaff avant leur arrestation. Elle fait aussi la connaissance de Julienne Brumaruste, agent de liaison de Conrado Miret i Musté. Pendant ce temps, Albert Ouzoulias contacte Joë Nordmann, membre du Front national des Juristes, par l'intermédiaire de Jacques Duclos. C'est Maître Coquerel, également au FNJ, qui se charge de l'affaire. Il obtient la libération provisoire de l'accusée pour des raisons de santé. Effectivement, Cécile Ouzoulias est enceinte. Elle est libérée le 30 août 1943 et passe aussitôt dans la clandestinité. Grâce au service sanitaire des FTP, elle peut accoucher le 26 octobre suivant dans la clinique du Dr Lamaze, cours de Vincennes. Elle confie à Andrée Tessier le soin de déclarer l'enfant à la mairie, sous la fausse identité de Marc Hubert, "né de père et mère inconnus".
En novembre 1943, la chute de Joseph Epstein ("Gilles"), responsable de l'état-major des FTP parisiens, en contact quasi-hebdomadaire avec Albert Ouzoulias, constitue pour le couple une nouvelle alerte. Terriblement torturé, Joseph Epstein ne livre rien, pas même sa véritable identité, sauvant ainsi le CMN. Son arrestation s'inscrit dans le cadre d'une vaste opération policière, qui une nouvelle fois, démantèle l'interrégion parisienne des FTP. Sa branche la plus dynamique, les FTP-MOI de Missak Manouchian, est presque totalement détruite.
Pour Albert Ouzoulias, ces arrestations en cascade sont la preuve que l'organisation parisienne est sous surveillance étroite, voire infiltrée par la police. Il propose donc, vers décembre 1943, une refonte totale de sa structure. Le CMN refuse. En effet, après la capitulation de l'Italie fasciste et la libération de la Corse, la perspective d'un débarquement allié en Europe se précise et la direction des FTP intensifie les préparatifs en vue de l'insurrection nationale. Or le projet d'Albert Ouzoulias impliquerait nécessairement un ralentissement sensible des actions pendant plusieurs semaines. Albert Ouzoulias s'incline finalement devant les arguments de ses camarades et accepte la nomination de son adjoint, André Duroméa, à la tête des FTP parisiens. Celui-ci tient à peine plus de trois mois. Il est arrêté en mars 1944 ainsi qu'une grande partie des dirigeants du mouvement.
Le CMN se rallie donc aux vues de son commissaire militaire et une nouvelle structure voit le jour au printemps 1944. Avec l'aval du secrétariat national du PCF, Albert Ouzoulias en prend le commandement à partir de la mi-juillet 1944, sous le nom de Colonel André. On ne sait que très peu de choses sur son rôle dans la préparation et le déroulement de l'insurrection parisienne. Pourtant, étant à la tête de la principale force armée d'Ile-de-France, il en est certainement l'un des principaux acteurs. Dès sa prise de fonction, il établit des contacts permanents avec les responsables parisiens du PCF (Raymond Bossus), du FN (André Carrel), de la CGT (André Tollet, également président du CPL) et des FFI (Rol-Tanguy). A partir du 8 août, suite aux directives de Charles Tillon, il place ses troupes sous l'autorité de l'état-major FFI. Dans la nuit du 10 au 11 août, alors que les cheminots, à l'instigation d'André Tollet, enclenchent la grève générale, Albert Ouzoulias fait placarder sur les panneaux administratifs de la région une affiche appelant les Parisiens à la mobilisation générale. Le 17 du même mois, il réunit dans sa planque de Champigny les principaux chefs FTP de la région ; au total, une trentaine de personnes. Cette réunion, calée entre le début de la grève de la police (15 août) et l'appel du CPL à l'insurrection (19 août), marque le franchissement d'un nouveau seuil dans l'intensification des combats. Le jour même et le lendemain, des compagnies FTP commencent à s'emparer de certaines mairies de banlieue, les Lilas, Montreuil, Bondy... Pendant les combats parisiens, Albert Ouzoulias partage ses activités entre le commandement des unités FTP, en coordination avec l'état-major FFI, et les réunions du CMN, installé chez Alba Matta, au 4 avenue de Saint-Mandé, dans le XIIe arrondissement de Paris. Selon sa femme, il ne dort que trois ou quatre heures par nuit et "en arrive à ne plus pouvoir s'alimenter".
Après la libération de la capitale, il est un des principaux défenseurs de l'intégration d'unités FFI au sein de l'armée, désormais régulière, de la France combattante. Le 28 août 1944, alors que de Gaulle vient de proclamer la dissolution des FFI, il participe à la délégation des état-majors FTP et FFI, venue demander au Général de revenir sur sa position. Il continue ensuite cette action au sein du CPL, de la Commission militaire du Front national et comme délégué national de l'état-major FFI. Dès septembre 1944, il supervise en particulier la formation, puis les combats du 1er Régiment de Paris, commandé par le Colonel Fabien (Pierre Georges), sur le front de l'Est.
En dépit de son rôle éminent dans la Résistance française, salué par l'obtention de la Légion d'Honneur en 1946, Albert Ouzoulias n'exerce, après-guerre, que des responsabilités politiques de second plan. Elu conseiller municipal de Paris de 1945 à 1965, il devient maire de Palisse (Corrèze) à partir de 1971. Par ailleurs, il milite activement dans de nombreuses associations d'anciens résistants : l'Association des Amis des FTPF, dont il fut le premier président, la Fédération internationale de la Résistance, l'Association nationale des anciens Combattants de la Résistance...
Il meurt le 28 novembre 1995, neuf ans après son épouse. Il laisse derrière lui plusieurs ouvrages sur l'histoire de la Résistance française qui, bien que partisans et critiquables sur certains points, restent fondamentaux.
Ses archives, conservées au Musée de la Résistance nationale de Champigny, sont d'une très grande richesse et témoignent de l'incontestable rigueur avec laquelle il a mené ses recherches.
Axel Porin in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004