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Stèle de Ronquerolles

Légende :

Le terrain sur lequel fut édifiée cette stèle se situe sur le territoire de la commune de Belle-Eglise et en limite des communes de Ronquerolles, Bornel et d'Hédouville.

Genre : Image

Type : Stèle

Source : © Collection Jean-Pierre Besse Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en couleur

Lieu : France - Ile-de-France - Val-d'Oise - Ronquerolles

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Analyse média

Cette stèle fut érigée pour commémorer la bataille de Ronquerolles du 19 juin 1944 et honorer la mémoire de quatre résistants tués à quelques mètres de là. Le terrain sur lequel elle fut édifiée se situe sur le territoire de la commune de Belle-Eglise et en limite des communes de Ronquerolles, Bornel et d'Hédouville. Il appartenait à deux propriétaires de Bornel et Courcelles, MM. Blanchard et Leconte, qui en firent don pour honorer la Résistance, à la demande de M. René Quentier, député-maire et notaire à Chambly.
Il fut construit par les fils de Corentin Quideau, Léon et Albert, André Hédin et son frère Albert qui était maçon, et les matériaux furent donnés par André Cochu, entrepreneur à Chambly. La municipalité de Chambly assure l'entretien du monument.

Les noms figurant sur le monument sont ceux de :
- Quideau Elie, de Champagne, FTP, fils de Corentin Quideau fusillés à l'Isle-Adam le 20 juin 1944 ;
- Lopez Jean, de Chambly, FTP ;
- Vialet Jean, fils d'un industriel, FTP ;
- Roux Maurice (dit Marceau), étudiant, appartenant au maquis Défense de la France.

Tous les ans, les derniers survivants du détachement FTP "Patrie", commandé par Kléber Dauchel, organisent et célèbrent une cérémonie devant la stèle au mois de juin. De nombreuses organisations, tant du Val d'Oise que de l'Oise, assistent à cette cérémonie du souvenir avec leurs drapeaux, ainsi que des personnalités des deux départements.


Texte rédigé par Kléber Dauchel et communiqué par Jean-Pierre Besse à l'AERI en 2003.

Contexte historique

Le 1er février 1944, avec la création officielle des Forces françaises de l'intérieur, Philippe Viannay se voit attribuer par Pierre Lefaucheux, chef régional FFI, le commandement du Nord de la Seine-et-Oise. Le but que se fixe alors Viannay -qui s'était jusqu'alors cantonné dans la propagande et la fabrication de faux papiers- consiste à organiser la guérilla en bordure de l'Oise, d'y installer par petits groupes d'une quinzaine d'hommes les jeunes étudiants parisiens, de leur procurer des armes et de les entraîner à la vie du maquis. Le but final de l'organisation "étant de créer progressivement sur les arrières ennemis une situation intenable par des coupures de routes, de voies ferrées et autres moyens de liaison et de communication" (rapport d'activité de Philippe Viannay, SHD). Il en souligne d'ailleurs les écueils initiaux : difficulté d'intégrer les éléments étrangers dans une population essentiellement rurale, d'endurcir de jeunes citadins aux conditions de la vie de plein air, de les ravitailler et, surtout, de leur procurer les armes nécessaires.
C'est dans ces conditions initiales que Viannay fait venir ses partisans de la capitale -une centaine d'hommes environ- et les répartit dans les bois en "corps francs"'. De nombreux étudiants appartenant à l'appareil technique ou au service de faux-papiers de DF suivent Philippe Viannay en Seine-et-Oise : Pierre Bizos (Pierre Faux-Papiers), William Lapierre, Monique Rollin et Michel Bernstein, Christiane Parouty, Hélène Roederer, Jacques Richet, Françoise de Rivière, David Régnier, Max Rolland ou Marie Gontcharoff (Marie Toubib) pour n'en citer que quelques-uns. Philippe Viannay peut s'appuyer sur les groupes locaux existants, en particulier les groupes FTP "An II" de Corentin Quideau et "Patrie" de Kléber Dauchel, mais également sur le groupe CDLR de Magny-en-Vexin commandé par Pierre Colville et Adolphe Palseur, et sur un groupe rattaché à Libération-Nord dans le secteur de Luzarches. Il peut aussi compter sur le soutien d'Edouard Laval, dit Edouard VII, animateur du camp de vacances de la Rose des Vents près de Presles et responsable d'un groupe rattaché au MLN. Outre ces groupes, Philippe Viannay est également soutenu par quelques gendarmes des brigades de Marines, L'Isle-Adam, Conflans-sainte-Honorine et Neuilly-en-Thelle. 

A partir du 19 juin 1944, les choses s'aggravent ; à la suite semble-t-il d'une dénonciation, les Allemands sont alertés de la présence de maquisards dans la forêt de Ronquerolles. En effet, un groupe d'instruction des jeunes FFI de DF est cantonné dans les bois de la "Tour du Lay" et de "Grainval" sous la direction d'Henri Desjoyaux, cependant qu'à 600 mètres delà les FTP de "L'An II" et de "Patrie" - 48 hommes au total – se trouvent sommairement installés dans une grotte près de Courcelles. Et justement, Viannay se trouve, ce jour-là, avec Corentin Quideau, au campement de Grainval, en tournée d'inspection. A l'aube du 19 juin, et alors que tous dorment encore sous la protection d'un seul homme de garde, une voiture allemande occupée par deux officiers de la Wehrmacht s'avance dans la plaine qui sépare les deux bois. Philippe, qui effectue une inspection matinale à l'orée du bois est aperçu par les Allemands. L'alerte est donnée. Il s'ensuit un échange de coups de feu, au cours duquel Maurice Roux alias Marceau, l'homme de garde, est tué, tandis qu'un des officiers allemands est blessé et que la voiture se retire précipitamment.

Mais peu après, des forces allemandes importantes -évaluées à 3 bataillons ou 1.000 hommes environ par le journal DF- commencent à encercler la forêt. Viannay décide de se replier à travers bois et alerte le groupe FTP de Dauchel, par l'intermédiaire de deux agents de liaison, Hélène Roederer et Françoise de Rivière.
Pendant que Kléber Dauchel se porte au secours des FFI encerclés, Viannay poursuit, jusqu'à la nuit, son opération de "décrochage''. Celle-ci se déroule dans des conditions difficiles. Les hommes du corps franc commandé par Corentin Quideau -chargé d'opérer la liaison entre FTP et DF- tentent d'opérer des actions de harcèlement et de diversion pour retarder l'encerclement mais ils sont eux-mêmes encerclés.

Elie Quideau, le fils de Corentin, est gravement atteint par une balle. Les Français se battent avec l’énergie du désespoir et causent des pertes du côté allemand. Mais le combat est inégal. Deux résistants, Lopez et Vialat sont, à leur tour, touchés mortellement. Les autres sont contraints de se replier. Elie Quideau, gravement blessé, se retrouve isolé et sera abattu.

Sur les 17 résistants arrêtés par les Allemands, onze sont fusillés à l'Isle-Adam (Corentin Quideau, David Régnier, Pierre Meifreid-Devals, Emile Brunet, Yves Levallois, Pierre Mercier, Jean-Charles Fritz, Lannelue, Raymond Laurent, Jean Salmon et Louis Pucinelli) et deux sont déportés. Grâce à leur sacrifice, Philippe Viannay réparvient à regrouper le reste de ses maquisards en colonne et à les faire progresser dans la nuit, toujours harcelé par l'ennemi, à travers fourrés, en direction d'Hédouville où elle est chaleureusement accueillie par la population. Puis avec l'aide d'Albert Bernier, accouru de l'Isle-Adam, il est décidé de la transporter sur les buttes de Rosnes, où elle devait ensuite se reformer et se réorganiser avec d'autres éléments venus de Balincourt. Après la tragédie de Ronquerolles, Viannay constate qu'il est pratiquement impossible d'implanter des maquis organisés dans ses bois trop rapprochés de la capitale et dans une région truffée de forces allemandes. Il estime désormais préférable de constituer de petits groupes de combattants répartis en divers village et logeant chez l'habitant en se faisant passer pour des réfugiés.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :

Service historique de la Défense, 13 P 136 (rapport du commandant Philippe Viannay, critiques et observations du Lt-colonel Pastor et du commandant Borges-Beaugency).
Archives départementales des Yvelines, 1 W 420 (rapport de Philippe Viannay).
Archives Jean-Marie Delabre.
Olivier Wieviorka, Une certaine idée de la Résistance. Défense de la France 1940-1949, Paris, Seuil, 1995.
Marie Granet, "Le maquis de Seine-et-Oise" in La Résistance à Paris et dans la Région parisienne, Paris Editions Famot, 1976, T.2.
Martial Laroque, La Résistance en Val d'Oise, Rosny-sur-Seine, ANACR, 1986.
Philippe Viannay, Du bon usage de la France, Ramsay.