Joseph Hackin, Compagnon de la Libération

Légende :

Joseph Hackin, archéologue, résistant de la première heure avec son épouse, Compagnon de la Libération

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de l’Ordre de la Libération Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Ile-de-France

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Contexte historique

Joseph Hackin est né le 8 novembre 1886 à Boevange-sur-Attert au Luxembourg alors que son père exerce le métier de cocher à Paris. Fils unique, il fait une partie de ses études secondaires, de 1901 à 1903 en pensionnat à Dreux. Venu ensuite à Paris, il suit les cours de l’Ecole des Langues Orientales. Passionné d'archéologie, il devient secrétaire du fondateur du Musée Guimet, Emile Guimet, dès 1907, année où il obtient son diplôme de l'Ecole des Sciences-politiques. Egalement diplômé de l'Ecole des hautes études (section des sciences historiques et philologiques) en 1911, il est naturalisé français en 1912 et nommé conservateur-adjoint, toujours au Musée Guimet, en 1913.
Mobilisé comme soldat de 2e classe en août 1914 au 74e Régiment d'Infanterie, Joseph Hackin prend part à la bataille de la Marne. Il est promu caporal-chef en décembre 1914, puis sergent en janvier 1915. En mai 1915, il reçoit son galon de sous-lieutenant avant d'être blessé au bras droit par de multiples éclats de grenade le 5 juin au matin et de nouveau blessé, l'après-midi même, par un éclat d'obus à la hanche gauche, près de Neuville-Saint-Vaast dans le Pas-de-Calais. Après une année de soins, qu’il met à profit pour soutenir sa thèse, il passe au 276e RI. Prenant part aux combats devant Verdun, il est encore blessé, le 27 avril 1917, au Bois des Carrières. Affecté à l’armée d’Orient en septembre 1917, il passe au 58e RI et est blessé une troisième fois, le 11 février 1918, en Serbie à la tête de ses hommes ; lieutenant en mai puis commandant de compagnie en juin, il termine la guerre titulaire de la Légion d’Honneur et de la Croix de Guerre.

Démobilisé en juin 1919, Joseph Hackin retrouve ses activités au Musée Guimet dont il est nommé Conservateur en 1923 et qu'il va s'attacher à moderniser. L'année suivante, il part pour sa première campagne de fouilles en Afghanistan et s'intéresse particulièrement aux bouddhas géants de Bamiyan. Docteur ès-Lettres, il est nommé professeur à l'Ecole du Louvre en 1929 pour l'archéologie et l'Histoire de l'Inde. Directeur français de la maison franco-japonaise à Tokyo de 1930 à 1933, Joseph Hackin est détaché, en 1931 et 1932, comme archéologue auprès de la mission Citroën Centre-Asie (la "Croisière jaune") et dirige cette mission difficile dans le Turkestan chinois. Scientifique, il n'en est pas moins homme d'action, lui qui écrit dans ses carnets intimes, "le danger mesure exactement la valeur de la personnalité humaine". En 1934, il reçoit la direction de la Délégation archéologique française en Afghanistan. Jusqu'en septembre 1939 il aura accompli cinq longues campagnes de fouilles en Afghanistan espacées par des retours en France, au Musée Guimet, permettant l'étude et la présentation des résultats de ses recherches auxquelles collabore activement et remarquablement son épouse, Marie Hackin. Savant reconnu, il est par ailleurs membre de nombreuses sociétés scientifiques, françaises et étrangères.

Au moment de la déclaration de guerre de septembre 1939, le capitaine de réserve Hackin est placé en affectation spéciale mais il demande à pouvoir rejoindre une unité combattante. En mars 1940, il est finalement mobilisé en qualité d'officier de la liaison du général commandant le Théâtre d'opérations en Méditerranée (général Weygand) auprès de la Légation de France à Kaboul ; il est promu chef de bataillon en mai 1940. Après l'armistice, il est sollicité par le gouvernement de Vichy pour occuper les fonctions de chef de la représentation diplomatique française à Kaboul. Refusant à la fois la défaite et le poste proposé, Joseph Hackin adresse le 6 juillet 1940, depuis Kaboul, un message d'adhésion totale au général de Gaulle. Ce dernier lui demande de rester sur place pour défendre les intérêts français.
Quelques semaines plus tard, après avoir été autorisé à rejoindre Londres, il embarque à Bombay avec son épouse et, à la mi-octobre, rejoint l'Angleterre où il s'engage dans les Forces françaises libres. Affecté aux services civils de Carlton Gardens (QG des FFL), il est chargé, avec Pierre-Olivier Lapie et Augustin Jordan notamment, du service des relations extérieures et, à ce titre, établit des contacts avec les groupes de Français libres, les comités de la France libre, qui se forment un peu partout dans le monde. Le commandant Hackin doit coordonner leurs efforts et leur donner informations et directives. Sous son nom, le 14 décembre 1940, il s'adresse à la radio de Londres pour encourager les Français à la Résistance.
En raison de sa connaissance approfondie des milieux et des questions asiatiques, Joseph Hackin est chargé d'une mission en Inde. Représentant du général de Gaulle, il doit entrer en contact avec le gouvernement de l'Inde et établir un rapport sur la situation dans les Etablissements français de l'Inde. Il est également chargé de présenter au vice-roi des Indes l'expression de la reconnaissance du chef des Français libres pour l'intérêt qu'il porte aux œuvres de la France libre. Avec son épouse, il embarque le 20 février 1941 sur le steamer Jonathan Holt. Le 24 février, le navire est torpillé et sombre au large du Cap Finistère ; tous deux disparaissent dans le naufrage.

Distinctions :
• Officier de la Légion d'Honneur • Compagnon de la Libération - décret du 13 mai 1941 • Croix de Guerre 14/18 (2 citations) • Croix Militaire (Roumanie)

Principales Publications :
L’Art tibétain, collection de M.J. Bacot exposée au Musée Guimet, P. Geuthner, Paris 1911
Les scènes figurées de la vie de Bouddha d’après des peintures tibétaines, Paris 1916 (Thèse) • Formulaire sanscrit-tibétain du Xe siècle (Mission Pelliot en Asie Centrale T.II), P. Geuthner, Paris 1924
La Sculpture indienne et tibétaine au Musée Guimet, Librairie Ernest Leroux, Paris 1931
• L’œuvre de la Délégation archéologique française en Afghanistan (1922-1932), Maison franco-japonaise, Tokyo 1933
Nouvelles recherches archéologiques à Bāmiyān, avec la collaboration de J. Carl, G. Van Oest, Paris 1933.


Musée de l'Ordre de la Libération.