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Lettre de Jean Belloni à sa femme et à sa fille, 16 janvier 1943

Légende :

Lettre clandestine de Jean Belloni adressée à sa femme Marguerite et à sa fille Jeanine le 16 janvier 1943.

Genre : Image

Type : Lettre manuscrite

Source : © Association généalogique des familles Bourrée et Lapeyre Droits réservés

Détails techniques :

Lettre manuscrite et illustrée. Dimensions : 21 x 13,5 cm.

Date document : 16 janvier 1943

Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Hautes-Pyrénées - Tarbes

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Analyse média

Le 16 janvier 1943, Jean Belloni rédige une lettre à sa femme et à sa fille. Arrêté le 15 juin 1941, il est incarcéré à Tarbes depuis le 8 décembre 1942. En détention, la correspondance est surveillée et limitée en nombre ; c’est pourquoi de nombreuses lettres furent transmises clandestinement grâce aux gardiens résistants ou grâce aux familles venant rendre visite à leurs proches incarcérés…. Cette lettre est sortie clandestinement de la prison de Tarbes comme le démontre la phrase « Surtout ne faîtes pas allusion à cette lettre rien que par une croix ».

Le dessin a été réalisé par Joseph Stern, comme cela est mentionné au verso de la lettre. Stern était très proche de Jean Belloni à la prison de Tarbes puis à Eysses. Il représente deux pensées, qui, dans le langage des fleurs, symbolisent le souvenir et la nostalgie. Cette lettre est effectivement empreinte de nostalgie. Jean Belloni y évoque le manque affectif qu’il éprouve envers sa femme, sa fille, sa famille, ses amis et les lieux qu’il affectionne le plus, à savoir Villeneuve et la Picardie, terre natale de sa femme Marguerite.


Fabrice Bourrée

Contexte historique

Jean Arthur Belloni est né à Monclar d’Agenais (Lot et Garonne) le 23 décembre 1896. Son père, Michel, est coiffeur et sa mère, Anne David, est tailleuse de robes. Il reprend le métier de sa mère et devient tailleur d’habits, d’abord chez Galinou puis chez Caminade, grand couturier de Villeneuve. Il n’est pas mobilisable en 1914 à cause d’une infirmité. Le 10 janvier 1920, il épouse Marguerite Varlot qui avait fui Amiens en 1917 à cause des bombardements. De leur union naît Jeannine le 30 avril 1926. Ils résident alors à Villeneuve-sur-Lot. Dans les années 1930, Jean Belloni est trésorier de la cellule communiste de Villeneuve-sur-Lot et de la société sportive « Avant garde Villeneuvoise ».

Dès 1940, il s’engage dans la lutte clandestine en distribuant des exemplaires de l’Humanité. Le groupe de résistants auquel il appartient comprend son ami Gaston Cavaillé ainsi que Germain Marlas, Oswald Demeurs et Jean Delrieu. En mai 1941, suite à la diffusion d’un numéro de l’Humanité portant des accusations à l’encontre du commissaire de police de Villeneuve, une enquête judiciaire est ouverte. Le 15 juin 1941, à la suite d’une dénonciation, la gendarmerie de Villeneuve interpelle Jean Belloni et ses quatre camarades. Il comparaît le 21 juin 1941 devant le Tribunal de Première Instance d’Agen puis est interné du 15 au 18 septembre 1941 à la prison de Toulouse. Il est présenté le 27 septembre devant le Tribunal militaire de Toulouse qui le condamne à cinq ans de travaux forcés le 6 novembre 1941 pour activité communiste. Il est ensuite transféré à la maison d’arrêt de Tarbes le 8 décembre 1942 puis à celle d’Eysses le 15 octobre 1943.

Suite à l’insurrection des patriotes détenus dans cette centrale, il est livré avec les autres détenus aux autorités allemandes le 30 mai 1944. Jean Belloni est déporté le 20 juin 1944 au camp de concentration de Dachau sous le matricule 73070 ; il est affecté au commando des tailleurs. Il est rapatrié de ce camp le 17 mai 1945 mais décède des suites de sa déportation le 10 août 1947 à Amiens. La mention « Mort pour la France » a été inscrite en marge de son acte de décès le 11 avril 1949. Le titre de déporté résistant lui a été attribué à titre posthume par décision en date du 4 février 1986.


Fabrice Bourrée