Jules Moulet, chef du NAP de Marseille

Légende :

Jules Moulet, dit "Bernard", chef départemental du NAP (Noyautage des Administrations Publiques) à Marseille

Jules Moulet aka “Bernard”, the departmental head of Noyautage des Administrations Publiques (NAP, Infiltration of Public Administrations) in Marseilles.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives privées - Collection Simone Moulet-Chiny Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

Jules Moulet est né à Marseille le 9 juillet 1899.

En septembre 1939, lors de la déclaration de guerre, il rejoint comme sergent-chef la 10e compagnie de l'Air à la base aérienne de Salon-de-Provence. Il est démobilisé en juillet 1940 et reprend son activité. Jules Moulet est entrepreneur de travaux publics.

En janvier 1941, il rejoint le Mouvement de Libération Nationale (MLN), mouvement qui deviendra Combat, créé en zone Sud par Bertie Albrecht et Henri Frenay. Il s'occupe premièrement du ROP, le service Recrutement - Organisation - Propagande, avant de passer au Noyautage des Administrations Publiques (NAP). Si son activité professionnelle s'est réduite depuis 1940, il se prévaut toutefois de son entreprise pour avoir accès à des sites industriels ou des chantiers et avoir des renseignements sur la production et les défenses allemandes.
Jules Moulet participe à la création d’un important réseau de renseignements entretenant des liaisons dans toutes les administrations (services de la préfecture, des PTT, des installations portuaires, services de police,…). Il contribue ainsi à la quête de renseignements et au détournement de documents, à la préparation de sabotages, au dépistage de collaborateurs, à la délivrance de faux papiers et à l’acheminement de réfractaires vers les maquis, ou encore à la préparation de l’insurrection. Il encourage également l’organisation des jeunes et anime le journal clandestin Le Marseillais aux côtés d’Albert Chabanon, dit « Valmy », responsable régional de l’OU (organisation universitaire).

Jules Moulet côtoie alors les grands chefs et responsables de la Résistance provençale, comme Georges Cisson, le chef régional du NAP, ou encore Robert Rossi, dit « Levallois », chef régional des FFI pour la R2. En avril 1944, après le départ d’Henri Gennatas (dit « Richemont ») à Alger, Jules Moulet remplace ce dernier à la tête du NAP de Marseille.

Arrêté le 13 juillet 1944 près de la place-Castellane à Marseille, torturé, il est fusillé le 18 juillet à Signes, dans le Var, avec 28 autres résistants de la R2. Jules Moulet apparaît sous le numéro 11 dans le rapport Antoine.
Son nom a été donné à une rue du 6e arrondissement de Marseille.

Sa citation à l'ordre de la Légion d'honneur au grade de chevalier indique :

"Moulet, Jules, François, André, Commandant des Forces Françaises de l'Intérieur :
Résistant et patriote d'élite. Dès 1941, a donné à la Résistance sa situation d'abord et sa vie. Auteur de plusieurs coups de mains contre les troupes d'occupation, s'est fait remarquer de ses chefs par son activité et son courage, ce qui lui vaut le titre de chef de NAP qu'il réorganise, malgré plusieurs tentatives d'arrestation, se sacrifie pour éviter l'arrestation du chef du Comité de Libération clandestin. Arrêté le 13 juillet 1944, par la Gestapo, accepte toutes les tortures et par son silence, sauve tout le réseau clandestin de Libération. Fusillé à Signes, le 18 juillet 1944, meurt en chantant la Marseillaise."

Jules Moulet was born in Marseille on July 9th 1899.

In September of 1939 following the declaration of the Second World War, he enlisted in the French military as the head sergeant of the 10th air company at the airbase of Salon-de-Provence. He was discharged in July of 1940 and took up his work as a public works entrepreneur.

In January 1941 he joined the Mouvement de Libération Nationale (MLN), which would go on to be known as Combat, which was created in the southern Zone by Bertie Albrecht and Henri Frenay. He worked mostly in the ROP sector (recruitment-organization-propaganda) before moving on to working for the Noyautage des administrations publiques (NAP, Infiltration of Public Administrations). Since his professional activities had diminished since 1940 so he was then able to use his enterprise solely for gaining access to industrial sites and work yards in order to gain information on the production of German arms and fortifications. 

Jules Moulet was part of the creation of an important information network that infiltrated meetings between the administrations of the Vichy government (Services de la préfecture, PPT, harbor facilities, Police units…). He also contributed in the quest to recover information, embezzled important documents, and prepared operations of sabotage, also reported on collaborators, was charged with the creation and delivery of fake identification for the Maquisards, and with the planning and preparation of attacks. He strongly  supported the efforts of youth organizations and helped produce the clandestine paper Le Marseillais with Albert Chabanon (alias: Valmy) who was also the regional chief of the Organisation Universitaire (OU).

Jules Moulet met with the heads of the major Resistance organizations at the provincial level, such as Georges Cisson, the regional chief of the NAP, and Robert Rossi, also known as “Levallois”, the regional chief of the FFI for the R2 (region number 2). In April 1944, following the departure of Henri Gennatas, also known as “Richemont”, from Algiers, Jules Moulet took his place as the head of the NAP in Marseille. 

On July 13th 1944, he was arrested close to the place-Castellane in Marseilles. He was first tortured, and then shot dead in Signes (Var), along with 28 other Resistance fighters from the R2. Moulet was mentioned under number 11 within the Antoine Report.

His name was given to a street in the 6th arrondissement of Marseilles. 

On July 13th 1944, he was arrested close to the place-Castellane in Marseilles. He was first tortured, and then shot dead in Signes (Var), along with 28 other Resistance fighters from the R2. Moulet was mentioned under number 11 within the Antoine Report.

His name was given to a street in the 6th arrondissement of Marseilles.

His quote for the Legion of Honor, which he received at the level of chevalier (knight) reads:

“Moulet, Jules, François, André, commander of the French Forces of the Interior:

A Resistance fighter and a high-level patriot. Starting in 1941 he dedicated his life to the Resistance effort. Creator behind many operations against the Collaborative forces, he was recognized by his leaders for his fervor and courage, which served him well in turn granting him the position as head of the NAP which he reorganized, despite numerous arrest attempts against him, sacrificed his own life in order to avoid the arrest of the head of the clandestine Liberation Committee. Arrested on July 13th 1944 by the Gestapo he underwent multiple tactics of torture without saying a word, thus saving the whole Liberation network. Shot dead at Signes on July 18th 1944, he died singing la Marseillaise.

 

A booklet titled “Jules Moulet (1899-1944), Le destin d’un Marseillais engagé”, written by Moulet’s daughter, Simone Chiny-Moulet, was published by the Comité du Vieux-Marseille in 2010. 




D'après le fascicule biographique rédigé par Simone Chiny-Moulet, la fille de Jules Moulet, intitulé "Jules Moulet (1899-1944), Le destin d'un Marseillais engagé", Comité du Vieux-Marseille, cahier 102, 2010 (voir aussi "médias liés").

D'après la biographie rédigée par Francis Agostini, président du Comité de Coordination des associations d'Anciens Combattants et Victimes de Guerre de Marseille et des Bouches-du-Rhône, sur le site Mémoire vive de la Résistance.

Madeleine Baudoin, Témoins de la Résistance en R2, Aix-en-Provence, thèse Université de Provence, dactyl., (tome II, deuxième partie, p. 566).

Conseil Municipal de Marseille du 9 mars 1945 faisant état des services dans la Résistance de Jules Moulet.

Traduction : Sarah Buckowski.

Contexte historique

En zone Sud, les MUR mettent en place une organisation très ordonnée et compartimentée en différents secteurs d’action. Parmi eux, hérité du mouvement Combat, le Noyautage des Administrations Publiques (NAP) se développe considérablement jusqu’à couvrir tout le territoire national. Il permet en zone Sud de recueillir de précieux renseignements pour la France Libre, mais également de protéger et de mettre en garde la Résistance locale. Il réalise également des actions de « sabotage professionnel », et prépare la future organisation de la France libérée. Pour ce faire, le NAP regroupe des individus et groupes travaillant au sein des préfectures, services de police, mais aussi aux Postes, Télégraphes et Téléphones (PTT) et à la SNCF. Il représente un outil technique et une source d’informations de premier ordre pour la Résistance.

In the southern zone, the MUR installed an organization that aimed to compartmentalize and systematize the different activities of the Resistance. Among them, the Noyautage des Administrations Publiques, which branched off from the Combat movement, which had developed considerably throughout the region, covering all of the country. The network was able to facilitate the collection of intelligence for Free France, as well as providing protection for local Resistance forces. The NAP was also known for carrying out professional sabotage operations, and for preparing for the future organizations of freed France. In order to do this the NAP infiltrated agents in prefectures, police services, in communication services such as the Posts, Télégraphes et Téléphones (PTT) and the railway, SNCF. The NAP actually was a technical tool and a high quality informational source for the Resistance. 


D'après l'article « Noyautage des Administrations publiques » de Laurent Douzou in Dictionnaire de la Résistance, p. 197-198, Paris, Robert Laffont, 2006.

Traduction : Sarah Buckowski.