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Journal clandestin Quand-Même, août 1940

Légende :

Journal clandestin fondé par Félix Germain en 1940

Genre : Image

Type : Presse clandestine

Source : © gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Droits réservés

Détails techniques :

Journal dactylographiée avec en-tête dessiné à la main

Date document : Août 1940

Lieu : France - Ile-de-France - Val-d'Oise

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Contexte historique

Le réseau Quand-Même

C'est à Catus, dans le Lot, que Félix Germain aurait rassemblé les premiers maillons de son groupe de Résistance en juin 1940. Au mois d'août, un dépôt de matériel et d'armes est implanté à Saussignac en Dordogne où Félix Germain s'est retiré après avoir été démobilisé. Le même mois, une centrale est organisée à Eaubonne en Seine-et-Oise avec l'aide de Robert Hoffman, directeur d'école. A ce moment, le réseau prend la dénomination de "Quand-Même".
Le travail initial consistait à fournir des renseignements sur la délimitation de la ligne de démarcation, sur le lieu de stationnement et l'identification des unités allemandes ; de favoriser l'évasion des prisonniers de guerre, le regroupement de volontaires, la récupération et le ramassage d'armes ; de former une section de faux-papiers ; d'effectuer de la propagande clandestine (impression d'un bulletin au nom du réseau Quand Même remplacé fin 1941 par Le Français) ; de copier et de diffuser le journal Quand Même anglais ; d'établir un réseau de passeurs pour le convoyage en zone sud vers l'Espagne. Félix Germain conduit lui-même les prisonniers de guerre évadés à Montceau-les-Mines où un passeur les prend en charge.
En septembre 1940, plusieurs membres du groupe récupèrent des fusils-mitrailleurs et des chargeurs aux forts de Montmorency et Domont, pas encore gardés, à ce moment-là, par les Allemands. Léon Beaufils, secrétaire de mairie à Eaubonne, "oublie" d'enregistrer les armes déposées par les habitants et les subtilise.
En 1941, des sous-réseaux sont créés, notamment à Auzances (Creuse), avec Dallon, à Brest et Auray (Morbihan) avec Gustave Largouët. Un secteur est créé à Valmondois (Seine-et-Oise) par Leblanc, agent grillé à Eaubonne. Différents postes sont organisés dans les localités de Seine-et-Oise Nord. Pour la Seine-et-Oise, les principaux agents du réseau sont Renée Huchette, épouse et adjointe de Félix Germain, Françoise Germain, Pierre Esnault, Louise Lallemand, Alice Boeuf née Mazure, Léon Beaufils, Louisa Beaufils née Verstraëte, René Imbault, Robert Hoffmann, Hippolyte Magniez, Pierre Favris, Edouard Dufour, Marcel Vernhes.
En 1942, le réseau établit des contacts avec des agents en Allemagne dans les camps de prisonniers réfractaires (Kobierzyn) et des personnalités allemandes. De nouveaux agents sont recrutés en Seine-et-Oise et particulièrement à Argenteuil.
Le réseau a disposé de différents services d'organisation intérieure : traductions, section d'impression de faux papiers, manufacture de faux timbres, recoupement de renseignements militaires, sécurité des agents. Les renseignements recueillis ont été passés au service britannique de renseignements ainsi qu'au BCRA. Pour les groupes d'action, des dépôts de matériel, d'armes et d'explosifs sont installés à Saussignac (Dordogne), Eaubonne, Ermont, Auzances (Creuse), Gouesnon (Finistère) ; quelques uns d'entre eux ont été complétés par des participations à des parachutages reçus notamment en Creuse et dans le Nord de la Seine-et-Oise.

L'ensemble du réseau a fourni deux organisations distinctes :

- un réseau de renseignement que le chef de réseau a fait immatriculer au BCRA de Londres pendant l'Occupation avec l'indicatif RQM. Le réseau a été reconnu à Londres après approbation des chefs du BCRA ;
- un réseau de groupes d'action fiché au service Action, indicatif "greffier". Ce réseau a été reconnu à Londres après avis du colonel Pannier, du capitaine Mary et du capitaine Galimand de la section Action.

Les deux réseaux "renseignement" et "action" ont également fait du ramassage et du convoyage de pilotes et de personnalités traquées par les services ennemis. A Londres, en août 1944, les services de renseignement britanniques n'ayant pas donné suite à une mission que devait remplir le chef de réseau, celui-ci a fait reconnaître l'organisation par la direction du BCRA de Londres.
Le réseau, qui a débuté son activité en août 1940, a cessé d'exister en décembre 1944 lors de sa dissolution générale. De décembre 1944 à mai 1945, une mission a été organisée pour l'Allemagne avec l'utilisation des agents implantés dans ce pays : mission franco-britannique montée par le chef de réseau avec les services anglais et la DGSS. Cette mission fut dissoute par suite de la capitulation allemande.
Au 1er août 1943, le réseau comptait effectivement sur l'ensemble du territoire 86 agents P2, au 1er janvier 1944 il en comptait 99 et à la Libération 143 (dont 17 en Ile-de-France). De 1940 à 1944, 13 agents du réseau ont été fusillés ou assassinés, huit ont été déportés.


Auteur : Fabrice Bourrée in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

Sources :
Service historique de la Défense, dossier d'homologation du réseau Quand-Même et dossier individuel de Félix Germain.
ONAC de Versailles, dossiers de CVR d'agents du réseau Quand-Même.