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La Parisienne patriote, septembre 1943

Légende :

La Parisienne patriote, journal édité par l'Union des femmes pour la défense de la famille et la libération de la France, septembre 1943

Genre : Image

Type : Presse clandestine

Source : © Archives départementales des Yvelines, 1W164 Droits réservés

Détails techniques :

Une feuille recto-verso

Date document : Septembre 1943

Lieu : France - Ile-de-France

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Contexte historique

"Il fallait donc se préoccuper de ces femmes, empêcher qu'elles n'acceptent la "fatalité" de cette situation. Il fallait les informer, leur expliquer les raisons de leurs malheurs, et, en même temps, leur faire entrevoir la sortie du tunnel dont le chemin obscur serait sans doute long et tortueux, semé d'embûches et de sacrifices. Pour cela, avec elles, à partir de ce qu'elles vivaient, et pour des objectifs en apparence terre à terre, commencer à protester, à agir". Le témoignage d'Yvonne Dumont est significatif de la volonté des dirigeants communistes pendant l'Occupation de mobiliser les femmes. Au travers de tracts, de papillons, de journaux clandestins se déclinent les mots d'ordre d'une propagande clairement orientée vers les femmes et plus spécifiquement vers les "ménagères". Les efforts des communistes se sont d'abord portés sur les femmes de prisonniers.

Sous l'impulsion de Danielle Casanova, plusieurs dirigeantes des organisations féminines d'avant-guerre tentent de les rassembler autour de revendications très concrètes : le retour des prisonniers, l'augmentation de l'allocation militaire, un droit de correspondance régulier, d'expédition de colis etc. Elles organisent des manifestations, font signer des pétitions, un journal est même diffusé : Le Trait d'union. A partir de l'été 1941, des comités populaires ou féminins se mettent en place, un mouvement encadré par des dirigeantes aguerries au "travail en direction des femmes", sous la direction de Danielle Casanova. Ce mouvement se structure graduellement, de petits comités se forment localement, puis une direction régionale se met en place et enfin une direction dans chaque zone fédère les différents groupes. En zone nord, les comités féminins sont rassemblés au sein l'Union des Femmes Françaises pour la Libération de la France et dans la zone sud, ils sont fédérés au sein de l'Union des Comités des Femmes de France dont la direction est installée à Lyon. Même si ces comités réunissent des femmes d'origines et d'horizons différents, dans les deux zones, les organisations sont dirigées par des militantes expérimentées proches du parti communiste. Elles assurent les fonctions d'encadrement de l'organisation. La zone nord est placée, dans un premier temps sous la responsabilité de Danielle Casanova jusqu'à son arrestation en février 1942. Elle est alors remplacée par Yvonne Dumeix puis par Claudine Michaut et Maria Rabaté. En zone sud, les deux responsables sont Marcelle Barjonet et Simone Bertrand. Le nom de l'organisation tel qu'il fut maintenu à la Libération, Union des Femmes Françaises, apparaît pour la première fois en novembre 1943 dans le journal La Patriote parisienne qui contient un article intitulé : "Qu'est-ce que l'Union des Femmes Françaises ?". Cette organisation ne désigne alors que les éléments de la Zone Nord. Parmi les dirigeantes, nombre d'entre elles sont issues de l'Union des Jeunes Filles de France, une organisation de masse du PCF créée en 1936 et animée notamment par Danièle Casanova, Claudine Michaut (Chomat) et Jeannette Vermeersch. Dans les divers témoignages de résistantes communistes, le passage par l'UJFF est d'ailleurs très fréquemment évoqué comme un épisode les ayant naturellement conduites à entrer dans la résistance. Ce combat n'étant que la suite logique de celui qu'elles avaient porté pour soutenir les Républicains espagnols. Pourtant l'UJFF ne fut pas le seul vivier de militantes. En effet, certaines dirigeantes militaient avant la guerre dans une autre organisation : le Comité mondial des Femmes contre la guerre et le fascisme. Présidé par Gabrielle Duchêne, une compagne de route du PCF, il visait à mobiliser des femmes, de diverses tendances politiques ou origines sociales contre la guerre, le fascisme et contre "toutes les atteintes portées aux conditions matérielles et morales d'existence des femmes". Le comité a d'ailleurs de nombreux liens avec les organisations féminines de cette période que ce soit avec les féministes ou les catholiques. Maria Rabaté était la secrétaire du comité français et d'autres résistantes en étaient membres comme Simone Bertrand ou Rose Guérin. A la Libération, ce comité tombe pratiquement dans l'oubli. Après la guerre, les dirigeantes de l'UFF ont pourtant beaucoup exalté le rôle des femmes dans la résistance et plus particulièrement celui des jeunes filles de l'UJFF mais le comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme n'a occupé qu'une place très restreinte dans la mémoire communiste. A cet égard, Renée Rousseau soulève une hypothèse intéressante : "Cet oubli est peut-être le résultat de certaines frictions personnelles, mais surtout du désir de faire apparaître le mouvement féminin du parti comme directement issu de la Résistance et non lié à l'Internationale Communiste comme le Comité mondial".

Les comités féminins sont orientées vers la propagande et cela de façon constante. Ils impulsent des manifestations, publient et distribuent une presse clandestine et organisent également la solidarité autour des familles touchées par la répression. Ilss éditent, à différents échelons locaux, des journaux aux noms divers : La ménagère parisienne est l'organe de l'Union des Femmes Françaises de la région parisienne, La voix des Femmes, est publié par l'UFF de la banlieue sud. En province aussi divers journaux clandestins sont diffusés : Les Mariannes dans le Nord Pas de Calais, Le cri des mères dans la Drôme et l'Ardèche, Femmes de France dans le Var, etc. Pendant cette période se multiplient les journaux clandestins adressés aux femmes, chaque comité essaie de diffuser un journal. Des tracts sont également distribués dans les queues devant les magasins ou sur les marchés. Les comités féminins regroupent dans un premier temps essentiellement des femmes communistes ou proches du parti, mais rassemblent progressivement des femmes au-delà de ce cercle. La volonté de recruter bien plus largement que dans les seuls rangs communistes se retrouve par exemple dans l'appel lancé aux femmes catholiques à Lyon en décembre 1943, un appel qui aurait été diffusé à la radio de Londres. En revanche, les dirigeantes restent des militantes expérimentées même si la répression force l'organisation à confier des responsabilités à de nouvelles adhérentes.


Extraits de Sandra Fayolle, "L'union des femmes françaises" in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004