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Imprimerie clandestine du mouvement Défense de la France

Légende :

Au recto : Vitia Kobozieff, sœur de Génia Gémähling. La photo a été prise à l'imprimerie de Défense de la France de la rue de l’Université (Paris).

Au verso : Lucie Montet (1er plan) et Jacqueline Borgel.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Fondation de la Résistance Droits réservés

Détails techniques :

Photographies analogiques en noir et blanc

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Victoria Kobozieff, "Vitia", est née le 8 avril 1919 à Paris 6e. EMployée de bureau, elle rejoint le mouvement Défense de la France en octobre 1943 par l'intermédiaire Génia Deschamps. Membre de l'atelier de typographie du mouvement, elle participe à la fabrication de faux-papiers et à la diffusion du journal. Arrêtée par les inspecteurs de la Brigade spéciale à l'imprimerie de la rue Dolent le 27 mai 1944 avec Charlotte Nadel, Jacqueline Borgel, Genia Deschamps, elle est internée à la Roquette puis aux Tourelles. Victoria est libérée le 17 août 1944. Elle s'engage dans l'UNRA et s'occupe des prisonniers de guerre russes. Fin 1945, elle part en URSS comme employée à l'ambassade de France à Moscou. Elle termine sa carrière professionnelle comme vice-consul de France à Dakar. Décédée le 27 décembre 1987, elle était titulaire de la médaille de la Résistance (mars 1947) et de la croix de combattant volontaire de la Résistance. 

Née le 6 août 1920 à Marseille, étudiante, Lucie Montet rejoint l'équipe de diffusion du journal Témoignage Chrétien fin 1941. Elle est responsable de sa diffusion à l'école de la Croix-Rouge. En juin 1942, elle rejoint le mouvement Combat et intègre le service social d'aide aux internés et aux familles à Marseille, sous les ordres d'Agnès Bidault. Elle participe ensuite aux activités du COSOR. Parrainée par Agnès Bidault et Marie-Hélène Lefaucheux, elle vient renforcer les équipes du mouvement Défense de la France à Paris en octobre 1943. Typographe, responsable d'un des ateliers d'impression du mouvement, elle est aussi chargée des liaisons avec les MUR et le COSOR. Arrêtée par les inspecteurs de la Brigade spéciale à l'imprimerie de la rue Dolent le 27 mai 1944 avec notamment Charlotte Nadel, Victoria Kobozieff et Jacqueline Borgel, elle est internée à la Roquette puis aux Tourelles. Libérée le 17 août 1944, elle rejoint immédiatement le maquis de Seine-et-Oise Nord commandé par Philippe Viannay. Après la guerre, elle retourne à Marseille et devient assistante sociale aux docks. Lucie Montet est titulaire de la médaille de la Résistance (14/06/1946) et de la croix de combattant volontaire de la Résistance. 

Jacqueline Borgel, "Solange", est née le 4 octobre 1921. Etudiante, elle rentre au mouvement Combat en 1941 à Marseille. De novembre 1942 à janvier 1944, elle est responsable départemental du service social des MUR pour les Bouches-du-Rhône. Par l'intermédiaire de Marie-Hélène Lefaucheux, elle rejoint le mouvement Défense de la France à Paris en avril 1944. Typographe au sein de l'imprimerie de la rue Jean Dolent, elle y est arrêtée le 27 mai 1944 avec notamment Charlotte Nadel, Lucie Montet, Genia Deschamps, puis internée à la Roquette puis aux Tourelles. Libérée le 17 août 1944, elle rejoint immédiatement le maquis de Seine-et-Oise Nord commandé par Philippe Viannay. APrès la guerre, ingénieur aéronautique, elle est professeur de maths puis professeur de français en Chine. Jacqueline Borgel est titulaire de la médaille de la Résistance (14/04/1946).


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Archives du mouvement Défense de la France

Contexte historique

A partir du mois de février 1942, Défense de la France engage une première étape dans le processus de sa professionnalisation grâce, notamment, au concours déterminant de l'imprimeur Jacques Grou-Radenez, rencontré par l'intermédiare de Paul Ranchon. 
"Outre la fourniture du matériel, Grou-Radenez dépanne DF pour l'impression de certains journaux et, surtout, il forme plusieurs militants à la topographie." (1) 
"La composition n'était pas très difficile à assimiler, du moins pour ses rudiments. L'essentiel est de bien connaître les règles de la grammaire et de l'orthograpghe. [...] Il faut que les caractères, petits parallélépipèdes en plomb à l'époque, soient assemblés en lignes rigoureusement de même longueur pour être, ensuite, ficelés en paquets du nombre de lignes que doit comporter une page. Une seule ligne à peine plus longue ou à peine plus courte que les autres crée une instabilité qui éparpillera tous les caractères de la page lors de son transport vers les autres ateleirs ou en cours de l'impression." (2)

Par ailleurs, afin d'éviter tout risque de repérage, la composition des journaux clandestins impose aux typographes l'utilisation de caracactères neufs ne devant jamais servir à d'autres compositions.

Après des débuts laborieux qui "arrachent des fous rires à l'imprimeur", les obstacles sont progressivement surmontés, et Défense de la France se présente comme un véritable journal. Charlotte Nadel, qui bénéficie d'un apprentissage rapide et utile, accepte de se consacrer entièrement à l'atelier de composition et coiffe à terme toute la branche technique du mouvement.

Dès le départ, Philippe et Hélène Viannay mettent en place une organisation très cloisonnée qui permet d'assurer la sécurité du mouvement. Dissociés des imprimeries, les ateliers de composition sont dispersés et connaissent plusieurs localisation entre 1942 et 1943.

La typographie est d'abortd installée au 41 rue du Montparnasse à Paris, dans une chambre de bonne louée par Anne-Marie Jeanprost, puis rue du bocage. Mais le manque de place contraint le mouvement à rechercher de nouveaux locaux. Un temps hébergée par Alain Radriguer, la composition émigre après septembre dans trois lieux différents. Elle s'installe successivement dans un appartement situé à Saint-Ouen ("La Ruche"), puis déménage dans un logement loué square Desnouettes ("Les mouettes") et s'abrite enfin dans l'appartement d'une jeune jardinière d'enfants, Marlyse Guthmann, à Clichy ("l'Asile"). Le 4 mai 1944, cette dernière installation est découverte par les Allemands.

Face à l'imminence du débarquement, le mouvement modifie sa tactique et réunit en un même lieu les ateliers de composition, de clicherie et d'impression, dans une maison louée rue Jean-Dolent.



Auteur : Emmanuelle Benassi
Sources
 : (1) Olivier Wieviorka, Une certaine de la Résistance, Défense de la France, 1940-1949, éditions du Seuil, 1995. (2) témoignage de Christophe Grou-Radenez, in, Imprimeurs et éditeurs dans la Résistance, sous la direction de Laurence Thibault (AERI), La documentation Française, 2010.