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Odette Blanchet épouse Bergoffen, agent de liaison à Libération-Nord

Légende :

Odette Blanchet épouse Bergoffen, dite "Michèle", agent de liaison à Libération-Nord dans le secteur de Tours et Juste des Nations

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives municipales de Tours - Fonds Jean Meunier 5Z36/21N26 Droits réservés

Détails techniques :

Recto : photographie analogique en couleur, sans date.
Verso : 1re page du livret consacré à sa vie, 14 juin 1999.
Voir album.

Date document : Sans date

Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre) - Indre-et-Loire - Tours

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Analyse média

Odette Blanchet est née le 19 octobre 1924. Devenue Odette Bergoffen par son mariage, elle a exercé les fonctions d'agent de liaison et de renseignement au sein du mouvement Libération-Nord, secteur de Tours, du 1er avril 1942 au 1er décembre 1944, comme en attestent les deux certificats produits dans l'album joint. Elle a par ailleurs aidé et recueilli des familles juives, ce qui lui a valu, en 1994, d'être reconnue Juste des Nations. 

Les six premières pages de l'album retracent la vie d'Odette Blanchet-Bergoffen et comportent une reproduction de photographie. Ce récit est dû à Yves Chevallier et porte la date du 14 juin 1999.


Paulina Brault

Contexte historique

Témoignage :

Le docteur Moscovici, un juif originaire de Roumanie, était venu s'établir à Vernoil (Maine-et-Loire) dans le courant des années trente.
À l'été 1942, ses frères et le frère de sa femme, fuyant Paris, vinrent se réfugier chez lui. Aucun d'eux n'avait la nationalité française. À l'aube du 16 juillet 1942, des gendarmes français vinrent arrêter le médecin et ses deux frères dans le cadre d'une grande rafle. Ce matin là, 824 juifs furent arrêtés dans la région et envoyés à Angers, puis déportés à Auschwitz.

Six semaines plus tard, les gendarmes revinrent chez les Moscovici chercher les autres membres de la famille. Au dernier moment, Mme Moscovici réussit à mettre ses deux enfants, âgés de deux et six ans, en sûreté chez des voisins ; elle-même parvint à prendre la fuite en trompant la vigilance des gendarmes.

Odette Bergoffen, une énergique jeune fille de Vernoil qui avait alors dix-huit ans, vint à son secours. Le lendemain de l'arrestation, elle vint chercher Madame Moscovici ; les deux femmes partirent à bicyclette vers une gare voisine et de là, par le train, gagnèrent Tours (Indre-et-Loire), à une centaine de kilomètres à l'est de Vernoil. Le plan était de laisser la fugitive chez une connaissance qui lui donnerait asile. Malheureusement cette personne venait elle aussi d'être arrêtée. Odette conduisit aussitôt Madame Moscovici chez sa tante, qui habitait aux environs de Tours.

Puis elle contacta Jean Meunier, l'un des chefs de la Résistance, qui avait à Angers une imprimerie "recyclée" dans l'impression de fausses pièces d'identité. Il fournit à la fugitive des papiers qui lui permirent de passer en zone Sud.

Environ deux mois plus tard, les petits Moscovici, qui vivaient toujours chez les voisins, furent arrêtés, internés dans une prison d'Angers puis envoyés au camp de Drancy. Par miracle, des parents apprirent ce qui s'était passé. Ils réussirent à faire remettre les enfants en liberté et à les transférer dans un home tenu par l'Union Générale des juifs de France. L'établissement était connu des autorités, et donc peu sûr.

Odette Bergoffen vint encore une fois à la rescousse. Elle "kidnappa" les petits et les conduisit en lieu sûr à Tours, les sauvant ainsi de la déportation et probablement de la mort. Elle resta avec eux dans leur cachette, en dépit des risques énormes qu'elle courait, jusqu'en janvier 1943. Elle partit alors chercher Madame Moscovici et la ramena à Tours auprès de ses enfants.

Pendant les derniers mois de l'Occupation, Odette vécut avec les trois Moscovici chez son oncle et sa tante au village de Morannes. Jean Meunier leur avait fourni de faux papiers et des cartes d'alimentation. La famille rentra à Vernoil en mars 1945.

Le 10 mai 1994, Yad Vashem a décerné à Odette Bergoffen le titre de Juste des Nations.


Témoignage publié sur le  Site Internet du comité français pour Yadvashem, consulté le 18 février 2016.