Robert Keller

Légende :

Portrait de Robert Keller

Genre : Image

Type : Portrait

Source : © Collection particulière Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : sans date

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

Robert Keller est né le 8 mai 1899 à Petit-Quevilly (Seine-Inférieure) d'une famille d'origine alsacienne. Durant la guerre 1914-1918, il s'engage dans la marine et participe aux opérations navales avec la flottille des chalutiers de la Manche comme opérateur de TSF. En 1927, il entre dans l'administration en qualité d'agent mécanicien. Deux ans plus tard, il est nommé chef de la station de Vieils-Maisons, station du câble Paris-Strasbourg la plus proche de Paris. En 1931, il réussit le concours d'Ingénieur des Travaux et devient Chef du centre de relève des dérangements (PTT) de Paris. Mobilisé en 1939, il est affecté comme lieutenant au groupement de télégraphie militaire. Au fur et à mesure de l'avance allemande, il détruit les circuits de communication pour en interdire l'usage à l'envahisseur. L'armistice ayant été signé, Keller réintègre son poste au centre de relève des dérangements de Paris relevant désormais de l'autorité allemande.

Dès le début de 1941, il prend contact avec un groupe de résistants et, muni d'un poste émetteur, fait parvenir à Londres des renseignements sur les abris de sous-marins dont la construction vient de commencer. A partir de septembre 1941, Keller est appelé à participer à l'organisation d'un service de renseignements qui va devenir la "Source K". Les Allemands avaient pris sous leur contrôle absolu le réseau des lignes souterraines à grande distance de la zone occupée, et utilisaient ces grands circuits pour leurs liaisons les plus importantes (Paris-Berlin, Paris-Vichy….). Le colonel Combaux, ingénieur civil affecté à la "Direction des Recherches et du Contrôle Technique" des PTT à Paris, eut l'idée d'intercepter ses lignes à longue distance et de communiquer aux alliés les renseignements ainsi récoltés.

Le colonel Combaux demanda à Robert Keller de s'occuper de la dérivation des lignes. Celui-ci accepta immédiatement et l'informa qu'il disposait d'une équipe sur laquelle il pouvait compter. Celle-ci comprenait notamment le vérificateur Georges Lobreau et les chefs d'équipe Matheron et Pierre Guillou. Pierre Guillou débuta dans l'administration comme ouvrier de main d'œuvre à la Direction des Services Téléphoniques de Paris en 1930. Passé au service des lignes souterraines à grande distrance (LSGD) il assimila très vite la technique particulière du service et fut nommé soudeur en 1938. Très bon ouvrier et très travailleur, il fut reçu chef d'équipe en décembre 1942, peu de temps avant son arrestation. Laurent Matheron, quant à lui, débuta au Centre d'entretien de Lyon des LSGD également comme ouvrier de main d'œuvre. En mars 1936, il devint soudeur et en 1938 il vint au Centre de Paris où il fut très vite considéré comme l'un des meilleurs agents. Il fut, lui aussi, promu chef d'équipe en décembre 1942. Matheron et Guillou furent rapidement distingués par leurs chefs et notamment par Keller, comme des sujets de tout premier ordre et en qui ils pouvaient avoir entière confiance. C'est pourquoi Keller les fit participer aux travaux de dérivation clandestine.

La première station d'écoute est réalisée sur la ligne Paris-Metz, à Noisy-le-Grand, en avril 1942, après une préparation de six mois environ. Près de 70 circuits sont ainsi interceptés par l'équipe de Keller : communications de la Luftwaffe, de la Kriegsmarine, du contrôle économique, de la commission allemande d'armistice… Les renseignements recueillis sont inestimables : stationnement des unités allemandes, effectifs, armements, composition nominative des état-majors… Cette dérivation des lignes permit également d'intercepter des communications de la Gestapo et d'éviter ainsi quelques arrestations. Cette écoute dura cinq mois. Des rumeurs ayant commencé à circuler parmi la population de Noisy, le colonel Combaux décida de replier en une nuit l'installation.

Le groupe intervint ensuite sur la ligne Paris-Strasbourg et installa une dérivation à Livry-Gargan, dans un pavillon situé 13 avenue Turgot, au moment du débarquement allié en Afrique du Nord. Celle-ci fut mise en service le 16 décembre 1942.

A la suite d'une information livrée par René Bousquet, secrétaire général de la Police française, à Karl Oberg, responsable en France de l'Office de sécurité du Reich, Robert Keller et Lobreau sont arrêtés par la Gestapo le 23 décembre 1942. Matheron est appréhendé le 15 janvier 1943 et Guillou trois jours plus tard.

Tous quatre furent déportés en Allemagne. Guillou mourut à Dora le 2 janvier 1944 et Matheron au même endroit huit mois plus tard. Keller décéda du typhus en avril 1945 à Bergen-Belsen. Seul Lobreau survécut et est revint en France en 1945.

L'administration des PTT a rendu hommage à Keller en donnant son nom au Centre des LGSD dans le XVe arrondissement et en faisant émettre un timbre à son effigie. La ville de Paris s'associa à cette manifestation de reconnaissance en attribuant le nom de Robert Keller à la rue sur laquelle s'ouvre ce centre.  Le nom de Pierre Guillou fut donné au Centre amplificateur de Rennes et celui de Laurent Matheron au centre de Lyon-Thassin.


Auteur : Fabrice Bourrée in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2005

Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, dossier individuel de Robert Keller.
Institut d'Histoire du Temps Présent, ARC 064 (la source K).
Henri Michel,"La Résistance dans les PTT : la Source K" in Revue des PTT de France, 1957, n°3.
"Un Héros de la Résistance : Robert Keller" in Revue des PTT de France, 1949, n°2.
Musée de la Poste, Paris.
Raymond Ruffin, Résistance PTT, Paris, Presses de la Cité, 1983.
Serge Ravanel, L'esprit de Résistance, Paris, Seuil, 1985 (annexe 10, reproduction de la note adressée par Himmler à Hitler le 26 décembre 1942, relative à l'installation d'une dérivation sur la liaison téléphonique Paris-Strasbourg-Berlin).