Les chemins de la mémoire au hameau de Tastevin à Thines

Légende :

Page de couverture du journal Envol de la Fédération des Œuvres Laïques (FOL) de mai 2015 représentant une sortie scolaire sur un lieu de mémoire de la Résistance, organisée par l'Union Sportive de l'Enseignement Public (USEP), affiliée à la FOL, dans le cadre de ses parcours "chemins de la mémoire" 

Genre : Image

Type : Page de couverture

Producteur : Envol

Source : © Fédération des Œuvres Laïques de l'Ardèche Droits réservés

Date document : Mai 2015

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche - Tastevin

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Cette page de couverture du mensuel Envol de la Fédération des Œuvres Laïques (FOL) de l'Ardèche - dont la devise occitane "Montarem tant que poirem" présente une photographie de groupes scolaires prise en mars 2015 lors d'une sortie sur les lieux d'un massacre perpétré par les troupes allemandes au hameau de Tastevin à Thines, en août 1943, et ce dans le cadre d'une manifestation organisée par l'Union Sportive de l'Enseignement Public (USEP) sur le thème des "chemins de la mémoire".
Le logo en bas et à gauche rappelle l'affiliation de la FOL et de l'USEP à la Ligue de l'Enseignement.


Jean-Louis Issartel

Contexte historique

Le goût renouvellé des randonnées pédestres se double de l’intérêt accru pour la nature et la marque de l’Homme aussi bien dans le passé que dans le présent.. Suite à des initiatives développées en Ardèche et en Haute-Savoie et depuis 2005, l’Union Sportive de l’Enseignement Public (USEP) de l’Ardèche s’est engagée résolument dans une action décidée par son Comité régional : agréger à la manifestation nationale « Le P’tit Tour » qui proposait des sortie pédestres ou cyclistes aux jeunes écoliers, la découverte de ce que fut la Résistance, par un détour sur des hauts lieux de mémoire. Ainsi naquirent les journées USEP des « chemins de la mémoire », rapidement soutenues par le Conseil général, par le Musée de la Résistance et de la Déportation en Ardèche, par l’ONAC, et par les communes concernées.

Dès 2005, elles connurent le succès dans les deux lieux retenus : Le Cheylard, siège du Comité Départemental de la Libération dès juin 1944 avant l’attaque des troupes allemandes, et Le Teil, haut lieu de la résistance cheminote. Elles donnèrent lieu à un exercice d’art plastique et à la présentation d’un spectacle de Serge Pauthe, avec, au Cheylard une randonnée autour du château de la Chèze, et au Teil, un parcours urbain.

Tour à tour, chaque année, un public scolaire découvre à travers un ou plusieurs sites marqués par la Seconde Guerre mondiale et ses tragédies, les valeurs portées par la Résistance.

Avec ces journées, l’USEP prolonge l’engagement de la FOL-Ardèche dont elle fait partie, et de son mensuel Envol. Ce dernier, créé en 1948 autour de Jean Palméro, directeur de l’école normale, de René Charras et du Président de la FOL Paul Sérusclat, ouvre très vite ses colonnes à ses adhérents (et souvent responsables) anciens résistants comme Fred Arnaud, Pierre Fournier...

Une rapide recension de ses numéros de 1988 à 2015 permet de mesurer la contribution au travail de mémoire et à la recherche historique. En tout, plus d’une centaine d’articles ont paru, dont une quarantaine pour les commémorations, la mise en place du musée, et, depuis 2005 « les chemins de la mémoire ».

Entre mémoire et histoire, la parole fut d’abord donnée aux acteurs et aux témoins, anciens résistants, anciens déportés, réfugiés ou simples résidents (une cinquantaine d’articles ou d’interviews), privilégiant les faits d’armes ou les menées répressives de l’occupant ou de la milice, mais donnant aussi le regard d’un enfant (en l’occurence, celui de Pierre Vidal-Naquet lors de son séjour à Saint-Agrève en 1944), ou encore, approche rarissime et relativement récente, celui d’un  requis du STO... Autant de témoignages plus ou moins chargés de subjectivité, entraînant parfois la réaction d’un autre témoin ou acteur de cette période, dont le ressenti peut être différent. On observe d’ailleurs, face aux thèses avancées par Henri Amouroux ou encore par Philippe Bourdrel (L’épuration sauvage, 1944-1945), la réaction indignée de résistants face à des allégations mensongères de faits dont ils ont été témoins. Toujours dans la parole donnée aux résistants figure à plusieurs reprises le rappel des valeurs de la Résistance et le sens de son combat.

Au fil des ans, notamment à partir des années 1990, Envol ouvre ses colonnes aux contributions d’historiens, alors que celles des acteurs et témoins de la période se font plus rares. Là encore, l’interprétation donne parfois l’occasion à d’anciens résistants d’infléchir, voire de contrecarrer certains propos, l’histoire étant une construction inachevée soumise à la critique, enrichie des approches nouvelles et de problématiques renouvelées. C’est ainsi que de nouveaux champs sont explorés, comme celui des luttes sociales avec une étude sur le séquestre de Lafarge, ou celui des représentations, l’analyse du négationnisme, l’approche ethnologique...


Auteur : Jean-Louis Issartel

Sources :

Site Internet de la FOL-Ardèche

Ouvrages cités :
Philippe Bourdrel, L’épuration sauvage, 1944-1945, Perrin, Paris, 1988 et 1991.
Henri Amouroux, La grande histoire des Français après l'Occupation, Paris, Robert Laffont, 1976-1993 - 10 tomes.