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Monument commémoratif de Thines, Ardèche

Légende :

Monument sculpté par Marcel Bacconnier en hommage aux victimes du massacre de Thines, perpétré par les troupes allemandes le 4 août 1943

Genre : Image

Type : Monument

Source : © Photographies Eric Penot, archives départementales de l'Ardèche Droits réservés

Détails techniques :

Photographies numériques en couleur.

Date document : 1949

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche - Thines

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Analyse média

« Plus durable que la tradition orale, la pierre seule pouvait éterniser l'histoire », a écrit le journaliste Florio Cartot. Toutefois plusieurs difficultés sont à surmonter :

le choix de l'emplacement du monument afin d'être en harmonie avec le site. L'implantation est à quelques pas de l'église romane, dans le village.

La sélection du matériau. Le grès d'Ardèche truffé de silex est adopté.

L'exécution sur place de cette sculpture de plus de 25 mètres carrés.

La durée du chantier. Elle s'est étalée sur plusieurs mois dans les années 1948-1949.

La réalisation de cette sculpture témoigne de la barbarie des occupants, de la trahison de certains Français, mais aussi du courage de ces jeunes maquisards combattant pour la libération de leur pays. Cela donne un triptyque opposant les affres de la guerre à gauche aux joies terrestres à droite et, au centre, un extrait du poème de Paul Eluard, Rendez-vous allemand, accompagne une Piéta, allégorie de la Résistance, scène de tendresse humaine.

Cette œuvre réaliste mais aussi allégorique et symbolique perpétue le souvenir de l'événement.

[Voir l'album lié]


Alain Martinot

Contexte historique

Le 18 juillet 1943, venu des Baronnies dans le sud de la Drôme, un groupe de FTP composé de réfractaires au STO, s'installe au hameau de Tastevin, commune de Thines. Niché sur un promontoire au fond d'une vallée des Cévennes vivaroises, ce village entouré de serres est nommé « le village du bout du monde ». Ces huit jeunes gens logent dans une habitation louée par un pilote démobilisé, originaire de Marseille, Jean-Marie Fournier, qui possède à proximité une maison de famille. Ce maquis FTP a pour mission de réceptionner un parachutage d'armes prévu le 10 août 1943 sur le plateau de Montselgues, cela pour le compte d'un réseau dépendant de l'Office of Strategic Services (OSS), service de renseignement américain alors en cours de création.

Le 31 juillet, un inconnu, qui dit apporter à Fournier des nouvelles de sa sœur restée dans la cité phocéenne, arrive, questionne habitants et maquisards qui commettent l'erreur de le laisser repartir.

Le 4 août au matin, des unités allemandes appuyées par des miliciens, dont l'inconnu Jalabert, cernent la maison et ordonnent aux maquisards de se rendre. Ceux-ci répondent par une rafale de mitraillette. Malgré une résistance héroïque, six jeunes résistants meurent, sauf Fernand Arnaud qui, bien que blessé, parvient à se cacher dans des buissons deux jours durant. Blessé, Georges Bernard est fait prisonnier puis est déporté.

Les six victimes sont : Alphonse Bataille, Gaston Bernard, Charles Blanc, chef du groupe, Mathieu Ferrer, Maurice Fink et Henri Silhol, le seul Ardéchois. Trois habitants du village s'ajoutent à cette liste : Justine Louche, 90 ans, Frédéric Bonnaud et Victorin Niel.

Cette opération à Thines est la première attaque allemande contre un maquis sur le sol ardéchois.


Auteur : Alain Martinot

Sources :

Archives et documents personnels de Line et Michèle Bacconnier, les deux filles de Marcel Bacconnier.

CD-ROM La Résistance en Ardèche, AERI, 2004.