Roger Le Tétour, résistant de Libération-Nord et président du CDL du Maine-et-Loire

Légende :

Roger Le Tétour, Langevin, Desportes, Locart, résistant membre de Libération-Nord, président du Comité départemental de Libération (CDL) du Maine-et-Loire, sans date

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection Jean-Yves Le Tétour Droits réservés

Détails techniques :

Photographie d'identité analogique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Pays de la Loire - Maine-et-Loire - Angers

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Contexte historique

[L’essentiel des informations provient d’un rapport dactylographié de 1951 décrivant ses activités pendant l’Occupation, validé par les autorités de la Résistance, d’une ébauche manuscrite de cette description, de l’ouvrage de Marc Bergère Une société en épuration quand cela est noté, et de divers documents originaux (attestations, cartes, faux papiers, correspondance ..). Roger Le Tétour est également cité dans l’ouvrage de Michel Debré et son nom apparaît sur divers sites internet en tant que président du C.D.L. du Maine-et-Loire.]

 

Roger Le Tétour est né le 12 avril 1913 à Pontivy (Morbihan) et mort le 4 janvier 1986 à Taverny. Haut fonctionnaire et résistant, militant socialiste.

Roger Le Tétour, né de parents typographes, effectue sa scolarité primaire et secondaire à Pontivy. Il est ensuite licencié en droit à la faculté de Paris (11 juillet 1932).

Le 24 juillet 1933, il prête serment et est nommé contrôleur des douanes à Rouen, un an plus tard.

Il effectue son service militaire entre octobre 1935 et octobre 1936.

Il est nommé vérificateur des Douanes à Paris en août 1938.

Mobilisé le 3 septembre 1939, il est démobilisé le 28 juillet 1940, à Agen. Il rejoint alors son administration à Paris.


Résistance

Pseudonymes utilisés : Langevin, Desportes , Locart

Propagande orale contre les conditions de l'armistice - et contre le régime mis en place par Pétain.

Dès août 1940, en parallèle de son travail de fonctionnaire, il reconstitue avec Clocher[i], Guiader[ii], Dorval[iii], Jacquin[iv] des réunions syndicales hebdomadaires.

En 1943, membre de Libération-Nord, sur demande de Neumeyer [v] et de Guiader, il reproduit et distribue des documents clandestins ainsi que des exemplaires du journal Libération Nord. Il est également l'un des agents de liaison d'Emile Guiader. Il produit de faux documents : cartes d’identité, sur demande de Neumeyer et Melle Boileau[vi]…, cartes de travail, etc.

En 1943, Neumeyer lui demande de se faire détacher dans le Maine-et-Loire pour reconstituer l’organisation syndicale qui venait de se faire décimer (la Fédération des Fonctionnaires), ce qu’il mène à bien avec M. Patoux[vii] et d’autres syndicalistes[viii]. Il lui demande également de noyauter les administrations publiques.

Fin 1943, Neumeyer le charge de reconstituer l'organisation syndicale clandestine en Maine-et-Loire. Boursicot le charge de coordonner les mouvements de la Résistance dans le département. Il va ensuite être chargé de certaines liaisons avec la direction nationale du mouvement. Fin 1943, Neumeyer, Ribière[ix], Boursicot[x] et Mons[xi] lui demandent d’assurer la coordination des différents mouvements de résistance et reconstituer Libération-Nord dans le Maine-et-Loire.

Entre 1943 et 1944, il s’acquitte de sa tâche avec Gazeau[xii] (Vital) et M. Thibault[xiii], ces derniers étant plus spécialement chargés des affaires militaires. Il effectue des liaisons avec le gouvernement provisoire. Il continue aussi à délivrer de faux papiers, avec l’aide de Baulleret, commissaire de Police à Angers.

Courant 1944, il prépare l’arrivée des pouvoirs publics du département dans les divers arrondissements du Maine-et-Loire. Sur demande de Boursicot et Ribière, il organise la constitution du Comité Départemental de Libération, avec Coiffard[xiv], Rouyer[xv], Fleury[xvi], Ascencio[xvii], puis à partir de juin 1944, avec Michel Fourré-Cormeray [xviii] et enfin Michel Debré[xix]. Il travaille également en avril et mai 1944 à celle du comité de libération d’arrondissement de Saumur. Parallèlement, il transmet différentes informations à l’organisation militaire.

En été 1944, recherché, ayant abandonné ses fonctions administratives fin mai 1944, il échappe à plusieurs descentes de la Gestapo (fin juin à son domicile, le 3 août à la direction régionale du contrôle économique d’Angers). Son travail lui permet d’assurer, avec Coiffard, Rouyer, Fleury et le concours d’organisations locales, l’installation le 10 août 1944 du Commissaire de la République d’Angers, Michel Debré, alias Jacquier, et du préfet de la libération du Maine-et-Loire, Michel Fourré-Cormeray.

Vers le 20 août, il traverse la Loire, dont la rive sud est alors tenue par les Allemands, pour travailler à la libération du Choletais. Il assure l’organisation du Comité de libération de l’arrondissement et, le 31 août, l’installation du sous-préfet Coiffard. Il continue sa transmission d’information aux autorités militaires et participe ainsi à l’organisation de plusieurs expéditions (Cerqueux-sous-Passavant… ).

Activité au C.D.L. du Maine-et-Loire

Elu président à l’unanimité [xx] le 12 août 1944, il dirige le C.D.L. jusqu’à fin 1946. Il fait partie de la branche laïque "de gauche", qui se retrouve parfois en opposition avec les orientations de la droite chrétienne de Michel Debré, en particulier en ce qui concerne les nominations au journal Le Courrier de l’Ouest, la tenue des élections jugées prématurées en raison de l’absence de nombreux prisonniers, déportés ou mobilisés, voire en ce qui concerne la vigueur de l’épuration...

Il participe régulièrement aux séances du comité de confiscation des profits illicites créé fin 1944, en tant que représentant du C.D.L.

Il participe, en décembre 1944, à l’assemblée nationale des C.D.L., et, en 1945, aux journées de la Renaissance française.

Il obtient la carte de combattant volontaire de la Résistance en novembre 1952, mais malgré la délivrance d’un certificat provisoire des FFI en décembre 1944, le certificat d’appartenance définitif lui est refusé en décembre 1952.

 

Carrière de haut-fonctionnaire

À la liquidation du C.D.L., il rejoint l’administration. En 1950, il est nommé en Allemagne au comité de surveillance du commissariat aux affaires allemandes et autrichiennes.

Fin 1952, il revient en France et poursuit une carrière à la Direction générale des prix et des études économiques, à Paris. Il continue à avoir une activité à la SFIO (intervention au congrès national en novembre 1952). II part à la retraite en 1969 et décède en 1986.


Décorations

Médaille de la Résistance ; Médaille de la reconnaissance Française (Bronze) - 5 mai 1950 ; Légion d’Honneur (2)[xxi].



[i] Clocher : vérificateur des douanes.

[ii] Guiader : responsable de Libération-Nord, arrêté le 8/2/1944 et mort en déportation en mai 1945.

[iii] Jean Dorval : vérificateur principal des Douanes,  arrêté au 39 rue Raulin à Lyon VIIe arrondissement. Interné au fort Montluc, torturé, son corps fut retrouvé dans un charnier.

[iv] Jacquin : préfet de la Libération à Nevers.

[v] Neumeyer : secrétaire Général de la CGT Clandestine, Responsable de Libération-Nord.

[vi] Melle Boileau : Jeanne ?? Boileau, membre de Libération-Nord.

[vii] Raymond Patoux : responsable syndical CGT-FO.

[viii] Chevrollier (secrétaire du syndicat du bâtiment), Provost (inspecteur P.T.T.), Rives (inspecteur central des contributions indirectes).

[ix] Henri Ribière : responsable de Libération-Nord en zone occupée, directeur général du SDECE de 1946 à 1951.

[x] Pierre Boursicot : membre du bureau clandestin de la C.G.T, membre de Libération-Nord, directeur du SDECE en janvier 1952.

[xi] Jean Mons : membre de la délégation du gouvernement provisoire, secrétaire général permanent de la Défense nationale en décembre 1951.

[xii] Gazeau : envoyé en Maine-et-Loire pour fédérer les maquis existants, pseudo Vital.

[xiii] Thibault : professeur d’allemand à Angers.

[xiv] Francis Coiffard : nommé sous-préfet à Cholet à la Libération, sous-préfet à Saint-Nazaire en septembre 1951.

[xv] Rouyer : syndicaliste C.G.T. , membre du C.D.L. du M&L, Membre de Libération-Nord et agent P2 du réseau « Honneur et patrie ».

[xvi] Fleury : syndicaliste C.F.T.C. , membre du C.D.L. du M&L, Directeur commercial du Courrier de l’Ouest en 1945.

[xvii] Ascencio : membre de la S.F.I.O., Membre du C.D.L. du M&L, futur Sénateur du M&L.

[xviii] Michel Fourré-Cormeray : nommé Préfet du Maine-et-Loire à la libération, futur directeur du Centre National de la Cinématographie.

[xix] Michel Debré : représentant du C.N.R., Commissaire de la République, futur sénateur et Premier ministre. 

[xx] Un certain nombre de personnalités pressenties comme membres du CDL étant encore bloquées sur la rive gauche de la Loire, la coloration politique du CDL n’est pas conforme aux souhaits de Michel Debré.

[xxi] Autres sources : article Le Courrier de l’Ouest du 25 mai 1961, félicitations diverses non répertoriées ici.


Auteur : Jean-Yves Le Tétour

Sources :

Marc Bergère, Une société en épuration. Épuration vécue et perçue en Maine-et-Loire. De la Libération au début des années 50  Rennes, PUR, coll. « Histoire », 2004, 432 pages.

Marc Bergère, "Tensions et rivalités entre les pouvoirs issus de la Résistance en Maine-et-Loire", in La Résistance et les Français, Les Presses universitaires de Rennes, pour le Maitron en ligne.

Dossier individuel du Service Historique de la Défense (SHD) GR 16 P 368418.

Rapport dactylographié de 1951 - archives familiales.