Une figure humaine, dans un couteau de fortune

Légende :

Couteau fabriqué par Roger Stéphan pendant sa détention à la prison de la Santé de janvier à mai 1941. 

Type : Objet

Producteur : Cliché Denis Gliksmann

Source : © Coll. MRN Champigny-sur-Marne. Don de Roger Stephan Droits réservés

Détails techniques :

Matériau : bois et métal.
Longueur totale: 16,9 cm (dont une lame de 6,4 cm) ; largeur maximale à l'endroit de la tête sculptée : 1,3 cm.

Date document : Début 1941

Lieu : France

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Les matériaux utilisés pour fabriquer ce couteau sont,  au témoignage de Roger Stéphan, "la ferraille du lit pour la lame et un morceau du parquet de la cellule".

Les motifs sculptés sur un côté du manche sont plus complexes qu'il n'y paraît au premier abord. On peut considérer comme faisant partie d'un tout la tête sculptée à l'extrémité, le motif triangulaire situé juste dessous (un foulard ?), les deux traits obliques s'épaississant et se rejoignant presque, bien plus bas (des bras et des mains ?). Ou bien, compte tenu de la collerette en relief au milieu du manche, voir dans celui-ci une sorte de totem divisé en compartiments distincts.


Bruno Leroux

Source : dossier d'oeuvre, Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne)

Contexte historique

Roger Stéphan est un jeune chauffeur de taxi, né en 1904, qui militait avant la guerre au Parti communiste. Il est mobilisé en septembre 1939, au moment où la signature du pacte gemano-soviétique provoque l'interdiction du PCF. Après sa démobilisation en juin 1940, il s'inscrit au chômage et semble distribuer la propagande du PC clandestin.  C'et en tout cas pour ce motif qu'il est arrêté le 26 janvier 1941 par la police française. Il est interné à la prison de la Santé jusqu'à sa comparution le 30 mai suivant devant la XVe chambre correctionnelle. Condamné à 4 mois de prison, il est libéré (les ayant déjà effectués) mais recomparaît en appel le 23 mai 1942 devant la Section spéciale de la Cour d'appel de Paris, qui le condamne cette fois-ci à un an de prison. A l'expiration de sa peine, il reste interné au camp des Tourelles (à Paris) puis au camp de Rouillé (Vienne), puis le 21 septembre 1943 au camp de Migné (Indre) où les détenus sont contraints de travailler pour l'organisation Todt. Il s'évade de ce camp, deux jours après.

Roger Stéphan fait donc partie de ces militants communistes arrêtés avant la rupture du pacte germano-soviétique (juin 1941), quand la propagande du PCF clandestin condamnait la guerre entre puissances impérialistes et combattait Vichy bien plus que l'occupant. Mais en 1942, le PCF étant désormais le fer de lance de la lutte armée contre l'Alllemagne nazie en France, son second procès et surtout son internement d'office à l'issue de sa nouvelle peine, montrent bien qu'il est désormais assimilé, en tant que communiste, à un résistant ou sympathisant de la résistance. 


Bruno Leroux

Source: Daniel Grason, "Roger Stéphan", biographie sur le Maitron en ligne (voir média lié)