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Mémoire d'un corps de métier : les agents de la SNCF à Migennes (Yonne)

Légende :

Plaque apposée sur un mur extérieur de la gare de voyageurs de Laroche-Migennes, à la mémoire des agents de la SNCF morts pour faits de guerre (1939-1945)

Genre : Image

Type : Plaque

Source : © Cliché Arnaud Fouanon Droits réservés

Détails techniques :

Photographies numériques en couleur (2004) - voir recto-verso.

Date document : 2004

Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Bourgogne) - Yonne - Migennes

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Analyse média

Plaque de marbre blanc sur laquelle sont gravés en lettres dorées les noms des 46 agents de la SNCF morts pour faits de guerre, entre 1939 et 1945. L'ordre alphabétique n'est pas intégralement respecté, ce qui traduit une difficulté à établir une liste exhaustive.

Cette plaque ne concerne pas exclusivement la mémoire de la Résistance. Les hommes (il n'y a pas une seule femme) dont les noms figurent sur cette plaque ont pour seul point commun d'avoir été des agents de la SNCF et d'être morts pour faits de guerre, entre 1939, donc avant l'occupation du département, et 1945, donc après sa libération. Rien ne précise les causes de la mort de chacun. Ils ont été victimes des bombardements, des opérations de guerre en 1940 et de celles de 1944 dans le cadre de la Ire Armée, ou de la répression de la Résistance (fusillés, déportés ou morts dans les combats des maquis). Les noms des résistants les plus connus, tels Louis Riglet, Roger Varrey, Léon Bouchard, Fernand Lelandais ou Georges Chabanna, ne sont pas particularisés. En revanche, mais pour quelques cas seulement, des initiales précisent le service dans lequel travaillait l'agent (EX : exploitation, VB : voies et bâtiments, MT : matériel et traction).

Cette plaque témoigne de la volonté de la SNCF d'affirmer son identité en rassemblant les noms des agents disparus. De fait, la Résistance n'est ici qu'une modalité de la mort pendant la guerre.
D'autres plaques situées dans d'autres endroits de la ville, ainsi que huit noms de rue, rendent hommage à des résistants locaux.


Auteurs : Joël Drogland et Arnaud Fouanon

Sources :

CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI - ARORY, 2004.

C. Delasselle, J. Drogland, F. Gand, T. Roblin, J. Rolley, Un département dans la guerre. Occupation, Collaboration et Résistance dans l’Yonne, Paris, éd. Tirésias, 2007.

Contexte historique

Durant l’Occupation, Migennes est une ville de plus de 5 000 habitants, dont l’activité économique est fondée sur le chemin de fer. Le dépôt ferroviaire de Laroche-Migennes dépend de la région Sud-Est, anciennement compagnie PLM. C’est un important nœud ferroviaire par sa position de première étape obligatoire pour les locomotives à vapeur sur la ligne Paris-Lyon-Marseille, par ses lignes latérales qui, du Centre de la France, permettent de rejoindre l’est du pays et enfin par l’importance de son infrastructure (1 350 cheminots, environ 200 locomotives, 3 rotondes).

À l’été 1940, la cité cheminote reprend son activité sous le contrôle de l’occupant allemand, condition imposée par l’armistice.
En 1941, une poignée d’hommes, refusant cette situation du fait de leurs convictions politiques et de leur patriotisme, forme un noyau de résistance d’obédience communiste, démantelé par les Allemands au printemps 1942. L’arrivée de Louis Riglet en avril 1942 donne un second souffle à la résistance cheminote migennoise et va la faire basculer vers la lutte armée.

À partir de 1943, deux groupes de résistants agissent à Migennes : d’une part, le groupe jovinien Bayard, qui s’implante au dépôt SNCF par l’entremise des cheminots Roger Varrey et Henri Pannequin, de l’autre, le groupe FTP de Riglet. Ce n’est qu’à la fin de l’été 1943 que les deux groupes se découvrent en tant que résistants et décident d’agir ensemble.

À partir de l’automne 1943, les sabotages, menés le plus souvent de nuit par les deux groupes, se multiplient sur la ligne ferroviaire PLM (Paris-Lyon-Marseille), au dépôt ferroviaire et sur la ligne Migennes-Auxerre. Mais la traque des saboteurs ne cesse elle aussi de s’intensifier à mesure que progressent leurs actions et Léon Quarton est arrêté en octobre 1943.

Dans la nuit du 31 mars au 1er avril 1944, Louis Riglet est arrêté par la police allemande et décède le 4 avril à Auxerre, des suites des tortures subies au cours d’interrogatoires.
Roger Varrey est lui aussi arrêté le 1er avril ; Emma Bruchard, le 7 avril ; Henri Surier et Fernand Lelandais, le 11 mai.
Une fois de plus, la résistance cheminote est démantelée, privée de ses principaux éléments, mais pas pour autant complètement annihilée, puisqu’elle va continuer à agir jusqu’à la Libération.

Du 25 juin au 11 août 1944, Migennes a connu d’innombrables alertes et subi 17 bombardements ou mitraillages, de jour comme de nuit, du fait de l’importance de son dépôt ferroviaire.


Auteurs : Joël Drogland et Arnaud Fouanon

Sources :

CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI - ARORY, 2004.

C. Delasselle, J. Drogland, F. Gand, T. Roblin, J. Rolley, Un département dans la guerre. Occupation, Collaboration et Résistance dans l’Yonne, Paris, éd. Tirésias, 2007.