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Pierre Bourgoin

Légende :

Sur cette photographie, le commissaire divisionnaire Pierre Bourgoin arbore une décoration américaine : la Silver Star (voir recto)

Genre : Image

Type : Portrait

Source : © Musée de l’Ordre de la Libération Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Lieu : France

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Analyse média

En uniforme de commissaire divisionnaire, Pierre Bourgoin porte les décorations suivantes :

- Croix d'officier de la Légion d'Honneur
- Croix de la Libération
- Croix de guerre 1939-1945 (4 palmes et 2 étoiles)
Médaille Coloniale avec 3 agrafes dont "Bir-Hakeim" (les deux autres non visibles étant "Lybie" et "Tunisie")
- Silver Star (USA)


Fabrice Bourrée

Contexte historique

Pierre Bourgoin est né le 21 avril 1912 à Fontainebleau. Licencié en philosophie, il fait son service militaire au 4e Zouaves en Tunisie d'octobre 1933 à avril 1934, puis à l'Ecole d'application de l'infanterie et des chars de Saint-Maixent jusqu'en octobre 1934. Sorti sous-lieutenant de réserve, il entre en 1938 à la Direction de la police judiciaire de la Préfecture de police comme secrétaire de police puis commissaire-adjoint et est affecté au commissariat du quartier d'Auteuil.

Mobilisé au 154e Régiment d'infanterie de forteresse, Pierre Bourgoin prend part à la campagne de France comme chef de corps franc en Alsace au nord de Strasbourg. Il est décoré de la croix de guerre le 18 mars 1940 pour son courage et son esprit de décision. Alors que son régiment replié près de Sarrebourg capitule, il refuse d'être fait prisonnier et gagne la zone sud où il se fait démobiliser. Il rejoint ensuite la Préfecture de police tout en cherchant un moyen de gagner l'Angleterre.

En décembre 1940, il abandonne son poste et, pour gagner du temps, fait croire à sa hiérarchie par l'intermédiaire de son épouse qu'il a été arrêté et transféré en Allemagne. Passé en zone sud, il rejoint Marseille puis Perpignan où il attend un embarquement ; pour vivre, il organise des passages de la ligne de démarcation au profit d'hommes d'affaires. Arrêté sous une fausse identité par les Allemands au cours d'un passage le 12 mars 1941 Pierre Bourgoin est emprisonné à Bourges pendant six semaines. Libéré, il se rend à Narbonne avant de passer en Espagne début mai 1941. Arrêté près de Figueiras, il est interné en prison puis au camp de Miranda de Ebro jusqu'en janvier 1942. Libéré après neuf mois de captivité, il parvient à gagner Gibraltar puis l'Angleterre où il s'engage aux Forces françaises libres, le 29 janvier 1942, pour compter du 3 mai 1941, date de son entrée en Espagne.

Envoyé au Levant, Pierre Bourgoin intègre la 13e Demi-brigade de Légion étrangère (13e DBLE) le 1er mai 1942 et prend part à la campagne de Libye avec la 1ère Brigade française libre du général Koenig. Chef de la section de pionniers de la compagnie lourde du 2e Bataillon de légion (2e BLE), il est cité pour avoir, lors de la sortie de vive force de Bir-Hakeim dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, fait personnellement trois prisonniers. Il est cité à nouveau pour sa brillante conduite à l'Himeimat (El Alamein) en octobre 1942. Après les combats de Tunisie, il reçoit une nouvelle citation pour son énergie lors des combats de la côte 170 le 21 mai 1944 en Italie où il ramène, sous le feu, un de ses sous-officiers grièvement blessé.

Promu capitaine en juin 1944, il prend le commandement de la Compagnie lourde du 2e BLE. Il est lui-même blessé par éclat de mine lors de la campagne des Vosges, le 19 septembre 1944 à Courchaton, tout en assurant le commandement de sa section de déminage. Puis de nouveau par balle, deux jours plus tard, le 21, à Onans, en essayant de détruire un char ennemi. Evacué, il reprend le commandement de sa compagnie en janvier 1945 en Alsace. Le 24 janvier, il traverse une rivière à la nage pour aller récupérer sous le feu de l'ennemi le corps d'un officier mortellement blessé. Pierre Bourgoin se distingue ensuite dans les combats d'Elsenheim. Blessé une troisième fois par balle le 13 avril 1945 sur les pentes de La Gonella, lors de l'attaque des Casemates et du Fort de la Dea dans les Alpes, il ne consent à se laisser évacuer qu'après avoir mis son chef de bataillon au courant de la situation et organisé l'attaque de l'après-midi.

En 1945 Pierre Bourgoin rejoint les rangs de la Préfecture de police à Paris et est promu commissaire divisionnaire au titre de ses services de guerre. Docteur en droit en 1946, il est rétrogradé dans le grade de commissaire principal en vertu de l'arrêt du conseil d'Etat « Dides » à la suite duquel une soixantaine de commissaires nommés au titre de la Résistance sont cassés ou mis à la retraite. De nouveau promu commissaire divisionnaire en 1954, il dirige ensuite l'école des gardiens de la paix de la préfecture de police. Parallèlement, il suit les cours de l'Ecole de guerre (1950-1952) et est auditeur de l'Institut des hautes études de Défense nationale (1955-1956) et lieutenant-colonel de réserve. Il dirige à partir de 1956 le commissariat du 10e arrondissement. En 1962, lors de l'affaire de Charonne, il fait preuve d'une retenue qu'il lui vaut d'être muté au commissariat du quartier Saint-Gervais et enfin celui de la Plaine Monceau. Pierre Bourgoin est décédé le 23 juin 1966 à Courbevoie dans les Hauts-de-Seine. Il a été inhumé à Fontainebleau en Seine-et-Marne.