Cérémonie commémorative de la Libération d'Auxerre

Légende :

Associations d'anciens combattants avec leurs porte-drapeaux, élus locaux et public auxerrois commémorent la libération de la ville d’Auxerre, devant le monument aux morts, place de l’Arquebuse, le 24 août 2002

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Cliché Claude Delasselle Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur (2002).

Date document : 24 août 2002

Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Bourgogne) - Yonne - Auxerre

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Analyse média

Chaque année, le 24 août, ont lieu à Auxerre des cérémonies ayant pour but de commémorer la libération de la ville par la Résistance, le 24 août 1944. Ces cérémonies ont varié dans le temps, depuis 1945, mais restent un moment important de la vie communale et sont toujours suivies par un public assez nombreux. Longtemps, cette manifestation a été l’occasion pour le maire d’Auxerre de faire un discours où, après avoir rappelé le rôle de la Résistance dans la libération de la France, du département de l’Yonne et de la ville d’Auxerre en 1944, il présentait son programme d’action municipale pour l’avenir. Depuis une dizaine d’années, cette coutume a disparu et les manifestations n’ont plus qu’un caractère mémoriel et patriotique.

Cette commémoration consiste d’abord en un parcours de stèles évoquant l’occupation, la répression allemande et l’action de la Résistance. Le parcours commence par un dépôt de gerbe sur la stèle de Jean Moulin, puis sur les tombes du « Carré » des fusillés, situé au cimetière des Conches. Il continue par un arrêt devant la stèle, érigée devant la gare d’Auxerre, consacrée à la mémoire de Louis Riglet, chef du groupe FTP de résistance du dépôt ferroviaire de Laroche-Migennes, mort sous les tortures à la prison d’Auxerre le 4 avril 1944, où est déposée une gerbe et évoquée son action et sa mémoire, puis par un arrêt devant la stèle consacrée aux personnes mortes le 24 août 1944 au soir, lors d’un combat contre des Allemands à la sortie sud d’Auxerre. Le cortège se rend ensuite au champ de tir d’Egriselles, devant la stèle consacrée aux 43 hommes fusillés là par les Allemands entre janvier 1942 et août 1944 : un appel des 43 noms des fusillés par des enfants des écoles, des discours et des dépôts de gerbes ont lieu en cet endroit. Puis, le cortège se rend devant le monument aux morts d’Auxerre, place de l’Arquebuse, au centre de la ville : dépôt de gerbes, discours du préfet, du président de Conseil départemental ou de son représentant, discours du maire, d’un représentant des associations d’anciens résistants et combattants, cérémonie « aux morts » marquent cette dernière étape du parcours des stèles. Mais la célébration de la libération d’Auxerre continue ensuite de façon plus festive : la foule se dirige en cortège, précédée de véhicules d’époque et d’une fanfare, vers une des places du centre-ville. Là, selon les années, ont lieu différentes cérémonies (remise de médailles à d’anciens résistants, discours, concert, etc.) se terminant par un vin d’honneur offert par la municipalité aux personnes présentes, puis par un bal populaire.


Auteur : Claude Delasselle

Sources :

CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI - ARORY, 2004.

C. Delasselle, J. Drogland, F. Gand, T. Roblin, J. Rolley, Un département dans la guerre. Occupation, Collaboration et Résistance dans l’Yonne, Paris, éd. Tirésias, 2007.

Contexte historique

Contrairement à Sens, libérée par l’action conjointe de troupes américaines et de résistants locaux, Auxerre a été libérée sans combat, le 24 août 1944. La veille, un violent combat s’était déroulé à Monéteau, tout près d’Auxerre, au cours duquel plusieurs soldats et officiers allemands, dont le Feldkommandant Otto Schrader, responsable des forces allemandes du département, avaient été tués. Les Allemands savaient que les résistants, affluant de tout le département, étaient aux portes de la ville et que les troupes américaines, qui avaient déjà libéré Sens le 21 août, n’étaient pas loin non plus. Ils ont donc commencé à évacuer la ville dans l’après-midi du 23, laissant les clés de la prison aux gardiens français, permettant à ceux-ci de libérer les détenus résistants, par petits groupes, dans la soirée.

Le lendemain matin, plusieurs maquisards sillonnent la ville en moto pour s’assurer que tous les Allemands étaient partis. Les premiers détachements de maquisards commencent à entrer dans Auxerre vers 14 heures, bientôt suivis par d’autres se succédant tout l’après-midi et la soirée, tous follement acclamés par la population massée le long de leurs parcours jusqu’au centre-ville. En même temps, des violences sont commises contre des personnes accusées de collaboration, tandis que d’autres sont arrêtées et internées à la prison d’Auxerre. Craignant le passage de forces allemandes en retraite, les chefs de la Résistance font établir des barrages armés aux portes de la ville. Vers 21 heures, le barrage établi à la sortie sud d’Auxerre, au carrefour des routes de Chablis et d’Avallon, est attaqué par des Allemands arrivés en camion par la route de Chablis ; profitant de l’effet de surprise, les Allemands tuent un résistant et un civil et enlèvent un jeune maquisard, qui sera pendu deux jours plus tard à Semur-en-Auxois.

Le lendemain, en début d’après-midi, quelques véhicules militaires américains parcourent la ville, accueillis avec enthousiasme par la population, puis repartent rapidement. Un grand défilé regroupant les maquisards et les autorités nouvelles mises en place (préfet, nouvelle municipalité, CDL, etc.) parcourt les rues pavoisées de la ville, tandis que de nombreuses personnes suspectes de collaboration sont à leur tour internées dans l’attente de leur mise en jugement éventuelle, et pour éviter qu’elles ne soient l’objet de violences, ce qui n’empêche pas que quelques femmes soient tondues. Le 26 août, 20 prisonniers de guerre allemands sont fusillés au champ de tir d’Egriselles, en représailles d’attaques effectuées par traîtrise par des forces allemandes les 24 et 25 août dans la région.


Auteur : Claude Delasselle

Sources : 

CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI - ARORY, 2004.

C. Delasselle, J. Drogland, F. Gand, T. Roblin, J. Rolley, Un département dans la guerre. Occupation, Collaboration et Résistance dans l’Yonne, Paris, éd. Tirésias, 2007.