Télégramme du général de Gaulle au général Petit, Le Caire, 27 mai 1941

Légende :

Télégramme du général de Gaulle rappelant qu'il est le seul à pouvoir prononcer les admissions dans l'ordre de la Libération.

Genre : Image

Type : Télégramme

Source : © Service historique de la Défense, MV TTC 38 Droits réservés

Date document : 27 mai 1941

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Analyse média

Par ce télégramme envoyé du Caire le 27 mai 1941, le général de Gaulle rappelle à son chef d'état-major à Londres, le général Ernest Petit, qu'il est le seul à pouvoir prononcer les admissions dans l'ordre de la Libération en ajoutant que "toute admission que je n'aurais pas prononcée est nulle et non avenue". Il rappelle également les circonstances dans lesquelles doit s'effectuer la remise de la décoration.

Le 16 novembre à Brazzaville, c’est-à-dire, soulignons-le, au cœur de l’Empire français libre et non à Londres, de Gaulle signa une ordonnance créant l’Ordre de la Libération afin de « récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se ser(aie)nt signalées dans l’œuvre de la libération de la France et de son Empire » (article 1er de l'ordonnance n°7). Cette création eut lieu alors même que naissaient les premières institutions politiques de la France libre. En instituant l’Ordre de la Libération le jour où il signa la Déclaration organique démontrant l’illégalité du gouvernement de Vichy, Charles de Gaulle souligna l’importance qu’il accordait à la nouvelle décoration et affirma ses « prérogatives régaliennes ». 

De retour à Londres, le général de Gaulle, qui souhaite faire une "promotion importante dans l'ordre de la Libération", demande aux responsables de l'Empire (Larminat en AEF, Catroux en Egypte, Sautot en Nouvelle-Calédonie, Bonvin à Pondichéry) de lui proposer des noms. Les propositions sont nombreuses mais insufisamment étayées. Il choisit alors de ne distinguer personne et de prendre le temps de la réflexion.

Par décret du 29 janvier 1941, le général de Gaulle nomme les cinq premiers Compagnons qui deviennent, en même temps, les premiers membres du conseil de l'ordre de la Libération sous l'autorité du premier chancelier, Georges Thierry d'Argenlieu. Les autres membres du Conseil sont alors le gouverneur Félix Eboué, le lieutenant Emmanuel d'Harcourt, Edmond Popieul, officier de marine marchande et Henry Bouquillard, adjudant dans les Forces aériennes françaises libres. A l'origine, le rôle du Conseil consiste principalement à étudier les nominations pour l'accession dans l'Ordre et à rendre un avis qui, s'il est favorable, est ensuite soumis à la signature du général de Gaulle. C'est de ce dernier que dépend exclusivement, en dernier lieu, la nomination des Compagnons de la Libération. Le général de Gaulle peut également attribuer exceptionnellement des croix de la Libération "sur le champ de bataille" sans en référer au conseil. 

Deux jours plus tard, le 31 janvier 1941, le général de Gaulle procède à quatre nominations à titre posthume : Jean Colonna D'ornano, François Drogou, René Duvauchelle et Jean Hellard. La première remise de croix de la Libération sur le front des troupes se déroule le 26 mai 1941 au camp de Qastina en Palestine, 23 combattants sont distingués ce jour-là. 

Entre les premiers décrets de janvier 1941 et ce télégramme du 27 mai 1941, 74 nominations dans l'Ordre ont été prononcées par le général de Gaulle. 


Fabrice Bourrée 

Sources : 
Service historique de la Défense, MV TTC 38
Vladimir Trouplin, Dictionnaire des compagnons de la Libération, Elytis, 2010.
Guillaume Piketty, Vladimir Trouplin, Les compagnons de l'aube. Archives inédites des compagnons de la Libération, Textuel, 2014.
Guillaume Piketty, « Economie morale de la reconnaissance. L’Ordre de la Libération au péril de la sortie de Seconde guerre mondiale », 
Histoire@Politique. Politique, culture, société, N°3, novembre-décembre 2007.