Couverture de L'Ardèche dans la guerre, 1939-1945 de Pierre Bonnaud

Légende :

Couverture de L'Ardèche dans la guerre, 1939-1945 de Pierre Bonnaud, paru en 2017 aux éditions De Borée

Genre : Image

Type : Couverture

Source : © Collection J-L. Issartel Droits réservés

Détails techniques :

Couverture cartonnée de format 16 x 24 cm.

Date document : 2017

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche

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Analyse média

Est ici reproduite la couverture de l’ouvrage de Pierre Bonnaud, l’Ardèche dans la guerre, 1939-1945, paru aux éditions De Borée en mai 2017, 421 pages, au format 16 x 24 cm, et comprenant un glossaire, un index des personnes et des lieux, une bibliographie et sources, ainsi que 24 pages de documents en annexe.

La photographie représente l’arrivée de la Ire armée du général de Lattre à Tournon (archives ANACR de Tournon) en août 1944, au moment de la Libération.
Retenue par l’éditeur, au corps défendant de l’auteur, elle introduit assez mal le contenu de l’ouvrage que l’on pourrait - au vu de ce qu’elle évoque - croire centré sur les questions militaires et sur le rôle de la Résistance extérieure.

En fait, Pierre Bonnaud, dans une approche chronologique,présente un éclairage particulièrement saisissant sur les bouleversements qui affectent l’Ardèche pendant le second conflit mondial. Fondé sur une documentation considérable, l’ouvrage constitue une synthèse de travaux antérieurs, notamment ceux de Louis-Frédéric Ducros et de l’équipe ayant réalisé le cédérom sur la Résistance en Ardèche en 2004, enrichie de recherches personnelles conduites notamment pour le Maitron et en s’appuyant sur les dossiers de la préfecture.
Ainsi, à côté de l’histoire des faits militaires et de leur évolution, des aspects jusqu’alors peu abordés concernant le département de l’Ardèche sont explorés : 

-          la mainmise de Vichy sur le département, avec un excellent développement sur ce que fut la « Révolution Nationale » de Pétain, et son emprise momentanée sur l’opinion, la politique d’exclusion vis-à-vis de ce que le Maréchal dénommait « l’Anti-France » (communistes, juifs, francs-maçons, étrangers...), la mise en place d’un État policier et corporatiste ;

-         la collaboration dans ses différentes déclinaisons : raciale et policière, de l’exclusion des juifs aux rafles de l’été 1942 ; politique avec le groupe « collaboration » ; économique...

L’auteur aborde ensuite la question des premiers refus, et celle des pionniers de la Résistance en Ardèche, notamment autour des groupes Cochet.

La seconde partie de l’ouvrage couvre la période 1942-1945. Tour à tour, l’analyse porte sur l’occupation de la zone Sud, et donc de l’Ardèche, par les forces allemandes à partir du 11 novembre 1942 et sur les évolutions que la dégradation des conditions de vie et les mesures répressives de Vichy avaient déjà entamées. La vassalisation complète du régime de Vichy, la double oppression, pétainiste et nazie, la mise en place du STO (Service du Travail Obligatoire), les premières victoires alliées précipitent un retournement de l’opinion qui trouve ses prolongements au sein même de l’appareil d’État. Sont successivement abordés l’essor de la Résistance, l’apparition et l’extension des maquis, le processus d’unification des différents mouvements - relativement précoce en Ardèche - avec malgré quelques tensions sensibles à certains moments, une bonne entente entre les deux principales formations armées (Armée Secrète, AS, et Francs Tireurs et Partisans, FTP) présentes sur le sol ardéchois.
Enfin, un chapitre complet est consacré à l’été 1944, l’Ardèche étant pour une grande partie de son territoire libérée par la Résistance, largement soutenue par la population civile, l’occupant et les forces de Vichy continuant à contrôler la vallée du Rhône et ne parvenant pas malgré quelques coups de butoir notamment à Annonay et au Cheylard, à reprendre l’avantage. L’Ardèche du Sud et du couloir rhodanien connaît alors une période douloureuse marquée par les atrocités d’une armée allemande et de miliciens sur le reflux.

L’ouvrage s’achève par un chapitre consacré aux défis de l’après-libération : la guerre qu’il faut poursuivre jusqu’au 8 mai 1945, l’épuration, le ravitaillement, bientôt le retour des prisonniers et des déportés, la relance de l’économie, la reconstruction, avec en même temps le rétablissement et l’élargissement des libertés, l’implication des salariés, le rôle des femmes enfin reconnu avec leur accession au droit de vote, une vie politique renouvelée avec, en Ardèche, un engouement particulier pour les assemblées préparant les grandes réformes démocratiques et sociales contenues dans le programme du Conseil National de la Résistance. Les élections de 1945 font de l’Ardèche un département nettement ancré à gauche, avec une progression spectaculaire du Parti communiste, et un effacement (temporaire) de la droite.

Le récit se termine sur cette année 1945, alors que le rêve d’une Résistance unie reste très fort, mais que les difficultés du quotidien, les divergences d’appréciation sur les mesures à prendre et sur le contenu du programme du CNR, commencent à éroder.

Le texte se lit aisément. Dans son travail de synthèse, l’auteur reproduit malencontreusement quelques erreurs factuelles, mais de façon très marginale. En effet, ce qui domine c’est le sérieux de l’approche des documents, l’aptitude à repérer les infléchissements, les nuances et la capacité à clarifier les différents aspects d’une situation complexe.


Auteur : Jean-Louis Issartel

Contexte historique

Avec la disparition progressive des acteurs de la période, la recherche historique sur l’Ardèche pendant le second conflit mondial est menée de plus en plus à partir des années 2000 par de nouvelles générations d’historiens, abordant la question sous des problématiques renouvelées : aux travaux menés par le Comité d'Histoire de la 2de Guerre Mondiale, conduits surtout par d’anciens résistants, comme ceux de Louis-Frédéric Duclos, dans les années 1970-1980, succédèrent des études conduites par des historiens locaux, une impulsion particulière étant donnée lors de la mise en place du Musée départemental de la Résistance et de la Déportation en Ardèche au début des années 1990. Un travail d’équipe mêlant anciens résistants et chercheurs locaux permit la publication d’un CD-ROM sur la Résistance en Ardèche en 2004, édité par l’AERI.

En même temps, l’accès à des archives jusque-là  fermées au public (archives du secrétariat du préfet, archives de la justice militaire...) ouvraient le champ à de nouvelles investigations, alors que le dépôt des archives du Musée ne cessait, et ne cesse de s’accroître par les dons de particuliers, héritiers des générations qui ont connu la guerre.

 

Originaire de Vallon, impliqué dans ces travaux de recherche, Pierre Bonnaud est correspondant du Maitron (Dictionnaire biographique du Mouvement Ouvrier Français) pour les départements de la Nièvre, du Rhône et de l’Ardèche, et collabore à plusieurs revues dont Mémoire d’Ardèche et Temps Présent (MATP). Il anime la commission Histoire du Musée départemental de la Résistance au Teil.
Il réalise dans les années 2015-2016 une synthèse des travaux antérieurs (dont les siens) pour dresser ce tableau évolutif de l’Ardèche dans la guerre dans sa complexité et la profondeur des bouleversements en cours, en mettant l’accent sur leurs aspects politiques et sociaux.


Auteur : Jean-Louis Issartel