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Poème de Louis Gaillard intitulé "Complainte de l'ancienne Verrerie", 4 juin 1944

Légende :

Poème composé par le combattant volontaire de la Résistance Louis Gaillard à la maison forestière de La Grézouze d'Astet (Ardèche), le 4 juin 1944, intitulé "Complainte de l'ancienne Verrerie"

Genre : Image

Type : Poème

Source : © Archives départementales de l'Ardèche - 70 J 60 Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylograpié de 2 pages (voir recto-verso et également l'album photo lié).

Date document : 4 juin 1944

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche - Astet

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Analyse média

L'auteur, Louis Gaillard, dont le nom de guerre est La Perche, se dit agent de renseignements, de liaison et de ravitaillement du groupement IV du secteur D de l'Armée Secrète.
Cette complainte a été rédigée le dimanche 4 juin 1944, le lendemain des événements, à la maison forestière de La Grézouze, située à proximité de l'ancienne verrerie, dans la commune d'Astet.

D'abord manuscrit, le texte a ensuite été dactylographié avec quelques modifications. Il se compose de dix-neuf quatrains avec des recherches de rimes, de sonorités. Il traite de la vie et des malheurs d'un groupe de maquisards.
Les trois premières strophes mêlent espérance et malheur. Les trois suivantes sont consacrées à ces jeunes du maquis, à leur chef et aux habitants de la ferme, voisine de La Veyreyre.
Trois couplets portent sur l'installation de la horde ennemie dans cette ferme. Quatre couplets racontent la fuite vers la forêt de ces jeunes, du cuisinier et la mort de leur chef. Ensuite, trois strophes décrivent ces monstres sans pitié et leur départ.
Enfin, les trois dernières strophes dressent un bilan : l'ancienne verrerie en ruines, le chef inhumé à Astet et le souhait d'un juste châtiment contre les « boches ».

Louis Gaillard, quelques années plus tard habitant Mayres, écrit un poème plus personnel en référence à sa mère, intitulé "Je n'oublierai jamais" (samedi 3 juin 1944). Il précise qu'il était combattant volontaire de la Résistance.

[Voir l'album photo lié.]


Alain Martinot

Contexte historique

Début mai 1944, un groupe de maquisards non armés, réfractaires au STO, s'installe dans une bâtisse inoccupée au lieudit « La Veyreyre », proche du col du Pendu, sur la commune d'Astet. Ces jeunes, hébergés auparavant à La Vireyre, commune de Saint-Etienne-de-Lugdares, n'ont pas suivi au début de l'année 1944 quelques autres réfractaires qui, sous la direction de Georges Menneglier, sont partis dans le camp de La Haute-Valette, commune de Lentillères aujourd'hui. Eux rejoignent l'adjudant André Serein, parisien envoyé par le Service national maquis (responsable : Michel Brault, alias Jérome), à l'insu des chefs de l'AS d'Aubenas. Aussi ce maquis est inconnu des organisations de Résistance ardéchoises. André Serein dispose d'un poste émetteur récepteur et dit être chargé de baliser sur le plateau de Cham Longe un terrain de parachutages et d'atterrissages (aucun terrain n'a été homologué au col du Pendu). Serein est informé plusieurs jours à l'avance, par message codé, du débarquement. Il établit alors sur un carnet la liste des maquisards présents, une douzaine, sous leur véritable identité en les informant qu'ils seront désormais des soldats réguliers. Le maquis est dénoncé.

Les forces d'occupation préparent avec minutie une opération répressive. Le 3 juin au matin, de Langogne (Lozère) et du Puy (Haute-Loire), des soldats sont amenés à pied d'œuvre à La-Chavade. Dix véhicules et des autocars réquisitionnés transportent ceux de Langogne - des supplétifs arméniens pour la plupart - trente camions acheminent ceux du Puy. Plusieurs maisons de La-Chavade et d'Astet sont encerclées. Des exactions sont commises. La colonne répressive prend position sur les hauteurs face à La-Veyreyre qu'ils démolissent par tirs de mortier. Les maquisards ont le temps de fuir à travers bois, mais André Serein, revenu chercher son carnet d'adresses, est abattu dans la prairie. Les quelques fermes des environs et la maison forestière de La-Grézouze sont pillées par cette horde ennemie et des habitants sont brutalisés.


Auteur : Alain Martinot

Sources :

Archives départementales de l'Ardèche - 70 J 60.

CD-ROM La Résistance en Ardèche, AERI, 2004.

Echanges avec Raoul Galataud.