Les projets de l’État-major national FFI

Légende :

Char Hotchkiss H39 récupéré dans un dépôt à Issy-les-Moulineaux. Photographié en octobre 1944, il arbore une croix de Lorraine et, sur son avant, une étoile blanche alliée, ainsi qu’un nom de baptême : Le Diable.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © ECPAD AIR 139-3093 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : Octobre 1944

Lieu : France - Ile-de-France - Hauts-de-Seine - Issy-les-Moulineaux

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Contexte historique

Au lendemain de la libération de Paris, le 4e Bureau de l’État-major national FFI, affilié au Conseil national de la Résistance et dirigé par le lieutenant-colonel Bernouilli, a accordé une attention particulière à la remise en état des chars pris aux Allemands, dans la perspective d’une reprise d’activité des établissements industriels de la région parisienne. À son initiative, des stocks de pièces détachées ont été recherchés, par exemple au Bourget, puis remis aux usines Somua de Saint-Ouen, où plusieurs chars Somua avaient été laissés au départ des Allemands.

S’y est ajouté le repérage d’engins abandonnés : huit chars R35 à Issy-les-Moulineaux (dont quatre fonctionnels), six au Mans (dont cinq en état de marche)… Dans son rapport d’activité rédigé aux premiers jours de l’année 1945, l’ancien 4e Bureau de l’État-major national FFI, devenu le 12 octobre 1944 le 4e Bureau de la Direction des FFI du Ministère de la Guerre, indique avoir permis la récupération de 15 chars, en sus de ceux du Groupe Chars parisien. Le même rapport indique la redistribution de quelques engins blindés : trois vieux chars Renault FT17, ainsi que trois automitrailleuses. Les chars FT17 proviennent vraisemblablement d’aérodromes de la région parisienne car les forces allemandes les y employaient pour des missions de protection des pistes. Aucun n’a été employé au combat en 1945 mais ils ont pu servir comme engins d’instruction. Le devenir des trois automitrailleuses est par contre connu : deux ont été envoyées en Lorraine au groupement du colonel Fabien (Pierre Georges) et une a été dirigée dans le Médoc le 18 novembre, pour la Compagnie de Choc Bretagne.

L’État-major national FFI s’est également enquis d’un emploi pour le Groupe Chars parisien. Dès les derniers jours du mois de septembre 1944, l’état-major a envisagé d’envoyer le groupe vers le front de Lorient. À cette fin, le 4e Bureau de l’État-major national FFI a sollicité auprès de son homologue du Ministère de la Guerre la mise à disposition des huit chars R35 repérés à Issy-les-Moulineaux. Le ministère a donné son accord dès le 2 octobre. Or, la 2e Division blindée avait déjà prélevé quatre des chars visés pour l’instruction de ses recrues. Sur sa lancée, le 4e Bureau de l’État-major national FFI a vu plus grand : le 11 octobre, outre les chars R35 pour la Bretagne, il a demandé au ministère l’affectation de huit chars Somua alors en révision à Saint-Ouen, en vue de constituer une seconde section de chars destinée aux secteurs de Saintes et Saint-Nazaire.

Le projet porté par l’État-major national FFI s'est cependant arrêté à ce stade, du fait de la décision ministérielle de création du 13e Régiment de Dragons le 7 octobre, obérant la plupart des chars disponibles. Son idée fera tout de même son chemin : au cours des mois suivants, les chars Somua du 13e Dragons seront bien dirigés vers les fronts du Sud-ouest, tandis qu'un escadron de chars R35 sera également créé sur le front de Lorient. Plus qu’une coïncidence, il faut y avoir la marque de la persévérance de cadres de l’ex-État-major national FFI, intégrés dans les services du Ministère de la Guerre en janvier 1945.


Stéphane Weiss

Sources :
AD93, cote 304J7 : Ministère de la Guerre, Direction des FFI, 4e Bureau, rapport d’activité 1944 du Service du Matériel et de l’Armement.
SHDT 7 P 59