L’adieu aux armes de 1939

Légende :

Char Somua S35 du 13e Régiment de Dragons dans les ruines de Royan, le 16 avril 1945.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © ECPAD TERRE 10304 L10 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : 16 avril 1945

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Poitou-Charentes) - Charente-Maritime - Royan

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Contexte historique

L’emploi de chars français d’avant-guerre a pu techniquement faciliter la tâche aux anciens de 1939-1940. Aucune nostalgie ne transparaît toutefois des documents conservés. Le commandant du 19e Régiment de Dragons s'est désolé de voir ses hommes être instruits à Saumur, non pas sur des chars américains, mais sur des chars Renault R35 et Somua techniquement dépassés depuis 1940.

Concernant les chars Somua et B1bis du 13e Dragons employés sur les fronts de l’Atlantique, un rapport du 13 juin 1945 dresse un bilan tout à la fois élogieux et réaliste : « Le matériel français a dans l'ensemble donné entière satisfaction sur ce front. Le Somua n'a fait que confirmer les qualités de robustesse et de maniement qu'il avait montré en 1940. Le B1bis, beaucoup plus délicat et d'entretien et de maniement, n'a [pas] donné de gros ennuis […]. Les chars furent employés en char d'appui d'unités d'infanterie débouchant avant ou après l'infanterie suivant les cas, emmenant les fantassins sur les persiennes ou s'en faisant entourer s'il y a lieu. »

Le rédacteur du rapport n’est cependant pas dupe. Ces chars, déclassés par rapport aux engins contemporains, ont tiré leur révérence à la faveur de défenses adverses déstructurées : « L'armement [...], bien que périmé du point de vue artillerie, a parfaitement fonctionné et aux distances de tir employées le plus fréquemment (4 à 800 mètres) s'est révélé suffisant (15 à 20 cm de béton traversé à 500 m avec obus perforant de 47) et d'une grande précision [...]. Il est certain que n'ayant pas de chars en face, que les [canons anti-char] ayant été réduits au silence par la préparation d'artillerie ou d'aviation, ou n'ayant pas tiré et que les Panzerfaust n'aient été employés qu'en petit nombre, on ne peut tirer de conclusions définitives sur le matériel [...]. Quoi qu'il en soit, les chars furent employés par le commandement en fonction de leurs caractéristiques et semblent avoir parfaitement donné ce que l'on attendait d'eux. »

En vue des opérations contre Royan, les deux escadrons du 13e Dragons ont bénéficié d’un effort substantiel en moyens de transmissions : une trentaine de postes radio y a été adaptée (soit quasiment un poste par char) mais ce matériel français, lui-même récupéré, s’est révélé « défectueux, peu sûr, peu stable et d'un fonctionnement fantaisiste » : « la mauvaise qualité de la radio et le manque de moyens organiques de liaison a rendu le commandement des escadrons difficile ». Le matériel en question ne résiste guère à la comparaison avec celui des chars américains de la 2e Division blindée, côtoyés durant l’assaut de Royan : une page technologique s’est tournée pour l'armée française.


Stéphane Weiss

Sources : SHD, cotes 6 P 17 et 12 P 109.