Plaque du pont de Frans, Villefranche-sur-Saône (Rhône)

Légende :

Stèle située sur la pont de Frans enjambant la Saône entre Villefranche sur Saône (69-Rhône) et Jassans-Riottier (01-Ain), sur le parapet rive droite (côté Villefranche). Le pont de Frans sera le seul à rester debout entre Lyon et Mâcon.

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Producteur : Corinne Lugoboni

Source : © Coll. Corinne Lugoboni Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : 2017

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Rhône - Villefranche-sur-Saône

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Contexte historique

L'histoire du sauvetage du pont est relatée dans un fascicule paru en 1945 aux éditions du CUVIER, son auteur Charles FONTANE dont nous reprenons in extenso le texte (avec l'aimable autorisation de la Maison du Patrimoine de Villefranche sur Saône) :

"C'est avec 17 torpilles analogues et 6 charges de dynamite que les Boches se proposaient de détruire le pont de Frans. Cet ouvrage, dont Caladois et Bressans sont fiers, le premier construit sur ce modèle et dont le lancement, au début de ce siècle, est un de nos plus vivants souvenirs de jeunesse, échappa à la destruction grâce à l’initiative, au cran et au courage de deux patriotes caladois. Ils méritent d'être à l'honneur puisqu'ils furent à la peine, bien que l'un d'eux prétendit que "ce fut moins fatiguant qu'une journée de vendange".
Fernand Garnier et Pierre Hirn sont tous deux employés de la Chambre de Commerce du port de Frans. Ils sont l'un et l'autre âgés de de 40 ans. Leur modestie est excessive, car j'ai eu grand peine à leur faire confirmer le récit que je tenais d'habitants du quartier. Dans la nuit de vendredi à samedi, quatre fortes explosions provoquèrent des trous circulaires que l'on peut encore voir sur le tablier du pont. Elles avaient été précédées de la visite de 4 officiers allemands qui inspectèrent l'ouvrage et y firent de nombreuses contre-marques à la craie. Le lendemain, un détachement d'une vingtaine de soldats du génie arriva avec un camion contenant les torpilles qui furent disposées sur le pont avec les chargements de dynamite. Le poids des torpilles semblait être de 300 kilos environ. Le tout était relié, par un dispositif électrique, à une commande installée près d'un pylône situé à 250 mètres en amont sur la rive droite (près de l'allée des Veuves). Dans le courant de la nuit, Garnier et Hirn firent une tentative qui échoua, ils échappèrent de justesse aux balles allemandes. Depuis plusieurs jours, et cela se comprend bien, les riverains du pont étaient inquiets et passaient leurs nuits aussi loin que possible de leurs habitations. Quand ils questionnaient les Allemands sur la date et l'heure probables de l'explosion, ceux-ci répondaient qu'ils ne savaient rien. Le chauffeur du camion qui apporta les torpilles, et qui se prétendait Alsacien, disait lui-même qu'il était ignorant de leur destination. Au matin du dimanche 3 septembre, les Boches s'étant éloignés - et pour cause ! - Garnier coupa le fil conducteur près de la passerelle du Morgon et à l'entrée du Pont. C'est en vain que le Fritz, chargé de cette mission, appuya sur le bouton, il eut la surprise de n'entendre que ... le silence.  J'aurais voulu voir la g.... qu'il a fait, m'a dit Garnier. Il ne fut pas question de représailles ou d'otages, les Boches, qui entendaient le canon et la fusillade à Villefranche, étaient partis plus loin.... vers la captivité vraisemblablement.
Les deux grues du port avaient été également minées, elles représentaient plus d'un million avant la guerre. Comme le samedi soir, Mme Marchal, employée à la chambre de Commerce pour la direction des services du port, exprimant à Hirn ses inquiétudes et ses craintes, souhaitant qu'on put éviter cette destruction, celui-ci lui répondit : Ne vous en faites pas, Madame, le "boulot" est fait. Il avait coupé les cordons bickfort qui devaient provoquer l'explosion. On frémit en pensant à la catastrophe qui se serait produite sans l'intervention de Garnier et de Hirn. Bien que les habitants se fussent éloignés, il n'est pas exclu que des morts eussent été à déplorer." 


Voir aussi la page 8 de la parution 'Info Jassans" en ligne : http://www.jassansriottier.fr/iso_album/lettre_d_infos_jassans_n_11_v7.pdf