Tombe de Louis Saillant au cimetière de Romans-sur-Isère

Légende :

La photo a été prise lors de la cérémonie marquent le 100e anniversaire de la naissance de Louis Saillant.

Genre : Image

Type : Tombe

Producteur : Cliché Alain Coustaury

Source : © Collection Alain Coustaury Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Romans-sur-Isère

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Analyse média

L’Union locale de la CGT a voulu marquer le 100e anniversaire de la naissance de Louis Saillant par une cérémonie devant sa tombe, le 27 novembre 2010, en présence des enfants de Louis Saillant et de membres de sa famille habitant Romans, de personnalités (Henri Bertholet, maire, accompagné d’adjoints), de militants actuels et anciens de la CGT. Au cours de ce rassemblement, Gilbert Giraud, ancien secrétaire de l’Union Départementale a retracé le parcours de ce militant syndicaliste, de ce Résistant, originaire de la Drôme et ayant assumé des tâches de haut niveau, notamment président du Conseil national de la Résistance (CNR). La cérémonie s’est terminée par La Marseillaise et Le Chant des partisans par la chorale masculine, Bacchus, de Tournon.


Auteurs : Jean Sauvageon

Contexte historique

Né le 27 novembre 1910 à Valence, mort le 28 octobre 1974 à Paris, il est inhumé à Romans-sur-Isère, dans la Drôme, son département de naissance. Ouvrier sculpteur sur bois, secrétaire de l'Union des syndicats Drôme-Ardèche, de la Fédération des travailleurs de l'industrie du Bois, président du Conseil national de la Résistance (CNR), secrétaire de la CGT, secrétaire général de la Fédération syndicale mondiale, président d'honneur du Conseil mondial de la Paix.

Louis Saillant fit très tôt, aux côtés de son père, l'apprentissage des luttes ouvrières.

Apprenti sculpteur sur bois, il adhéra en août 1926 au syndicat de l'Ameublement de Valence, qui le désigna en janvier 1929 comme secrétaire et comme membre de la commission exécutive de l'Union confédérée. En 1930, le congrès national des travailleurs de l'industrie du Bois le nomma délégué régional pour le Sud-Est, et l'année suivante la Fédération nationale le chargea d'être son représentant à l'Union internationale des industries du Bois. Enfin, secrétaire adjoint de l’Union Drôme-Ardèche (CGT), dès 1931, il en devint, le 2 juillet 1933, le secrétaire permanent.

Membre de la section socialiste de Valence, il partagea les réticences de son parti à l'égard de l'unité d'action préconisée par les communistes et les syndicats unitaires, mais cependant les rapports des confédérés avec ceux-ci ne furent jamais totalement rompus. Dans la lutte contre le fascisme, l'adhésion de Louis Saillant au comité de défense de Georges Dimitrov et sa participation à la grande manifestation unitaire de Valence, le 22 septembre 1933 marquèrent le départ d'une action commune dont les événements de février 1934 accélérèrent la marche et qui aboutit à la signature d'un accord d'unité, le 7 août 1934, par les bureaux des deux Unions syndicales Drôme-Ardèche. Il participa, le 26 septembre aux travaux de la commission d'unité, qui aboutit à la fusion syndicale de la CGT et de la CGTU. Au congrès d'unification des syndicats de Drôme-Ardèche, le 15 décembre 1934, Saillant fut élu secrétaire général.

Au cours des grèves de 1936, il déploya dans sa région une grande activité. La motion de la commission exécutive de l'Union stipulait : « Depuis un mois, de jour et de nuit, [il] a été l'âme du mouvement revendicatif ». En mai 1937, Louis Saillant fut appelé à Paris au secrétariat de la Fédération du Bois, et remplacé à Valence par Charles Doucet ; mais après la mort de ce dernier, le bureau confédéral le remit provisoirement à la disposition de l'Union Drôme-Ardèche. Ce fut alors qu'à la tête de la manifestation organisée à Romans, le 26 novembre 1938 contre les décrets-lois, il fut matraqué par un agent, puis poursuivi et condamné par la suite à deux mois de prison avec sursis pour « participation à une manifestation interdite, rébellion et coups à commandant de la force publique ».

Le 21 novembre 1938, à Saint-Vallier, il s'éleva « contre la formule de l’anticommunisme que cherchent à introduire au sein de la CGT les partisans de la division du monde du travail », refusa à admettre la formule « Plutôt la servitude que la guerre » et condamna les gouvernements Laval et Daladier « qui ont livré l'Éthiopie et la Tchécoslovaquie ». À la politique de capitulation, conclut-il, « substituons la politique de fermeté qui n'est pas une politique de guerre, mais qui est la seule capable de faire reculer les dictatures ».

Élu par le congrès de Nantes (novembre 1938) à la commission administrative de la CGT, il devint en juillet 1939 membre du comité administratif de l'Union internationale du Bâtiment et du Bois.

Mobilisé à Lyon en 1939, Louis Saillant revint à Valence après l'armistice. Le 15 septembre 1940, il participa à une réunion à Salon où fut prise la décision de maintenir la CGT sous la forme d'un groupe d'études économiques et syndicales. De retour à Paris, il participa à la création du mouvement Libération-Nord et fut l'un des signataires du manifeste lancé le 15 novembre en réplique à la Charte du Travail et à la dissolution des centrales syndicales CGT et CFTC.

Louis Saillant fut signataire des accords du Perreux (17 avril 1943), réorganisant la CGT clandestine. Il représenta la CGT le 27 mai 1943 au Conseil national de la Résistance et fut à l'unanimité désigné pour le présider, le 10 septembre suivant.

À la Libération, il fut délégué à l'Assemblée consultative provisoire 1944-1945, au titre du CNR ; il y présida le groupe de la Résistance intérieure française et la commission de la production industrielle et de l'équipement qui eut, entre autres questions à s'occuper des nationalisations.

Il fut secrétaire général la Fédération syndicale mondiale (FSM) de 1945 à août 1968.

Le 21 août 1968, Louis Saillant condamna sans réserves l'entrée des forces du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie. Le 28 août, le secrétariat de la FSM exprima sa réprobation de l'usage de la force et du non respect de la souveraineté nationale. Le lendemain, Louis Saillant fut frappé d'un infarctus et amené à abandonner les fonctions de secrétaire général. Il fut nommé président d'honneur de la FSM.

Il était décoré de la Légion d'honneur, de la Croix de guerre avec palme, de la rosette de la Résistance pour son action à la présidence du CNR.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Roger Pierre, notice biographique dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français , Éditions de l'Atelier, 1997.